Coulissesmédias : Avec le lancement de la fréquence de Sud Radio à Paris (99.9 FM), vous avez fortement renouvelé la grille de programmes. Pourquoi ?
Mathieu Quétel : On a revu 80% de la grille parce qu’il faut que Sud Radio trouve un véritable territoire d’expression. Ce n’est pas tant lié à Paris qu’à l’évolution de l’attente de nos auditeurs. Il fallait bouger, il fallait faire évoluer les choses.
Coulissesmédias : Il y avait urgence ?
Mathieu Quétel : Il n’y a jamais vraiment urgence. Nous essayons de prévoir les choses plutôt que les subir. Il y avait simplement une volonté de notre part de se mettre plus en adéquation avec l’attente de nos concitoyens en termes de programmes.
Coulissesmédias : A quoi ressemble donc la nouvelle version de Sud Radio ?
Mathieu Quétel : D’abord, j’espère que ça ressemble à rien d’autre parce que nous avons beaucoup joué sur la différence. Nous avons un triptyque : l’interactivité avec les auditeurs, le décryptage et l’anti-politiquement correct.
Coulissesmédias : Et Sud Radio parle toujours avant tout au sud ?
Mathieu Quétel : Il y a des gens du sud partout notamment à Paris. Il était normal d’avoir un focus très large en termes d’expression. L’ADN de Sud Radio et les valeurs du sud, nous les portons haut et fort puisque le Duo des Non occupe une place de choix dans la grille, Les Chevaliers du Fiel sont là tous les jours sur le créneau stratégique de l’humour qui est celui de tous nos confrères et puis il y a le rugby qui occupe une place encore plus importante cette année dès le vendredi soir et tout le week-end. Mais, là où nous faisons essentiellement la différence, ce sont avec les personnalités que nous mettons à l’antenne. Robert Ménard de 7h00 à 8h30, le duo Michel Cardoze et Eric Mazet de 16h00 à 18h00 sans oublier Pierre Guillet avec la seule émission quotidienne consacrée au rugby durant laquelle nous avons une façon de traiter ce sport qui est tout à fait originale et différente de ce qui se fait ailleurs.
Coulissesmédias : Quel rôle doit tenir Sud Radio à Paris ?
Mathieu Quétel : A Paris comme ailleurs, Sud Radio doit tenir le rôle de la différence, de donner la possibilité à nos concitoyens de s’exprimer librement et permettre au débat d’exister sans tabou, sans préjugé et sans interdit. On est là pour permettre à toutes les idées de s’exprimer y compris celles qui peuvent paraître les plus choquantes parce que justement, elles ouvrent le débat. On est dans une approche extrêmement qualitative de l’échange et du débat. C’est pour cette raison que Robert Ménard était la bonne personne pour présenter notre matinale, si particulière.
Coulissesmédias : Avec tous ces changements, vous allez perturber vos auditeurs fidèles ?
Mathieu Quétel : C’est valable pour toutes les radios qui font évoluer les choses. L’idée, c’est
de satisfaire encore plus nos auditeurs historiques et de capter l’attention de nouveaux. Je suis parfaitement conscient que des habitudes sont à prendre. C’est une nouvelle offre dans le paysage radiophonique et donc, de nouveaux auditeurs vont venir à l’écoute. D’une manière générale, avec le numérique et avec la montée en puissance de toutes sortes de nouveaux supports, la relation de nos concitoyens à l’information, au divertissement et à la culture s’est métamorphosée considérablement ces dernières années. Nous devons en tenir compte.
Coulissesmédias : Il y a donc à l’antenne beaucoup de nouvelles émissions et beaucoup de nouvelles voix. Vous avez fait exploser les budgets ?
Mathieu Quétel : Nous avons essayé de faire une grille de qualité en fonction de nos budgets. Il y a beaucoup de nouveautés comme Guillaume Tatu très tôt le matin, Robert Ménard à la matinale Pascal Bataille en duo avec Gilles Tessier pendant 3 heures le matin, puis Karim Hacène l’après-midi. C’est très riche. Le coût de cette grille est en augmentation de l’ordre de 10% par rapport à l’an dernier.
Coulissesmédias : Jean-Eric Valli déclarait il y a peu « nous ne voulons pas être la radio du sud qui vient faire rire les parisiens ni être la radio du sud qui se déguise en radio parisienne ». Où vous situez-vous actuellement ?
Mathieu Quétel : On est Sud Radio. On a trouvé notre territoire d’expression. C’est la différence. Chaque heure de la journée est incomparable avec ce qui se passe chez nos concurrents. D’autres font de l’interactivité mais nous, nous ne faisons pas comme les autres.
Coulissesmédias : Même si à l’apparence, ça peut y ressembler ?
Mathieu Quétel : Il faut aller au delà des apparences. Il faut prendre le temps de décrypter notre grille et écouter notre proposition. Je pense que lorsqu’un auditeur se branche sur Sud Radio, il comprend très vite la différence de ton.
Coulissesmédias : Votre stratégie se veut très offensive. Votre le logo est partout actuellement. Vous êtes en phase de conquête. Que va-t-il se passer après ?
Mathieu Quétel : Nous allons continuer à conquérir et il faudra installer la grille dans la durée. Nous continuerons à innover en proposant une offre capable de séduire le plus grand nombre. Et puis, il s’agira de continuer à surprendre ne serait ce qu’avec notre offre politique qui va arriver bientôt sur l’antenne en vue de la Présidentielle.
Coulissesmédias : Cette stratégie a quand même quelques airs de ressemblance avec celle de RMC…
Mathieu Quétel : Il n’y a des ressemblances avec personne.
Coulissesmédias : Une radio du sud qui s’installe à Paris, qui change de format, qui donne la parole à ses auditeurs… Est-ce que vous avez pensé à cette ressemblance ?
Mathieu Quétel : Pas du tout. Notre axe de travail a été de trouver un vrai territoire d’expression. Il est vrai que nous avons fait une photographie de l’existant parce que pour trouver son propre territoire, il faut savoir ce qui préexiste. Mais, en aucun cas, nous ne sommes focalisé sur l’un de nos confrères.
Coulissesmédias : Le regain de forme de RMC ne vous a donc pas inspiré…
Mathieu Quétel : Absolument pas. D’autant que le regain de forme de RMC date d’un certain nombre d’années. Il a été considérablement aidé par des dizaines de nouvelles fréquences obtenues en quelques mois. On ne peut pas comparer deux médias avec autant d’années de différence. Ce serait vraiment une erreur lourde de notre part de procéder de cette façon.
Coulissesmédias : RTL, RMC et EUROPE 1 ont récemment déposé un recours contre l’attribution de votre fréquence parisienne (99.9 FM) par le CSA. Votre réaction ?
Les rodomontades et l’attitude agressive de ces trois radios sont choquantes et déplacées. Après avoir développé leurs réseaux musicaux au mépris de la loi obligeant même à un « Yalta des fréquences en 1995 », ces groupes viennent de bénéficier de plusieurs centaines de fréquences dans le cadre du plan FM+. Après avoir essayé de tuer la radio numérique terrestre, ils tentent aujourd’hui de priver les auditeurs de leur choix, pour les mêmes raisons, la préservation de leur position dominante et le contrôle de l’essentiel de la ressource hertzienne destinée au secteur privé. Au moment où notre média doit affronter de nombreux défis, notre profession devrait être unie pour renforcer le secteur radiophonique. Au lieu de cela, les groupes nationaux, déjà largement dominants s’en prennent à une PME qui ose proposer une différence. Cette posture confère à l’irresponsabilité. Au delà du débat juridique, c’est une vraie question de diversité et de pluralisme qui est posée, à quelques mois d’échéances électorales importantes, la posture de ces groupes de médias montre les effets pervers de la concentration. Notre société a besoin de respirations, ils nous en privent systématiquement ! Le législateur va devoir s’emparer de ces sujets.
Coulissesmédias : Sud Radio a traversé une importante crise ces dernières années, non sans douleur. Elle est complètement derrière vous aujourd’hui ?
Mathieu Quétel : D’abord, j’ai envie de vous dire que nous avons été très fortement impactés par la crise économique. Nous avons détecté des difficultés et décidé de nous mettre sous la protection de la justice par le biais de la sauvegarde. C’était en juin 2009. Nous sommes sortis de la sauvegarde en août 2010. Nous n’avons licencié personne. En tant qu’actionnaires, nous avons assumé la crise. Et Sud Radio en elle-même n’a pas supporté la crise. Il s’agissait d’une crise de nos recettes publicitaires et je peux vous assurer que tout va mieux. Nous sommes offensifs parce qu’il y a une réelle envie de gagner. Sud Radio est un grand média. C’est une des 4 radios généralistes privées en France !
Coulissesmédias : Quels sont vos objectifs d’audience ?
Mathieu Quétel : Le maximum mais notre priorité actuellement, c’est la construction de notre nouvelle offre de programmes. Il serait déraisonnable de fixer des objectifs aujourd’hui. Il nous faudra environ deux saisons pour voir si notre pari est réussi.
Entretien de Mickaël ROIX.
Il est surprenant de lire que Sud Radio n’a licencié personne : pourquoi Sud Radio a t elle été condamnée à verser 155 K€ à Pascale Lagorce ? Sans compter tous les licenciements au niveau de Sud Radio Groupe ??? Des mensonges, toujours des mensonges.