MADE IN FRANCK : (HIT ME)… BABY ONE LAST TIME

Made in Franck , c’est l’univers d’un jeune homme qui ressort de son sac en coton bio des titres d’hier, d’aujourd’hui ou de demain. Dans ses notes, des récits à la première personne et photos d’une époque, le tout en chanson. Cette semaine, nage du papillon avec Britney Spears ou comment la fiancée de l’Amérique est devenue « ma meilleure amie ».
« Leave Britney alone ! »… S’il avait fallu un fan à le crier dans chaque pays, en France, ça aurait pu être moi (la coupe de cheveux douteuse en moins). Britney, je ne t’ai jamais lâché, et toi aussi, tu m’as toujours accompagné. A l’heure où les girls band vivaient leurs dernières heures de gloire et où Madonna était sacrée « Reine de la Pop », toi, tu en es devenue la Princesse.

Rentrée 98, je suis en 6ème et invité à ma première boum. Et à cet âge, les fêtes d’anniversaire, c’est encore l’après-midi. Ce jour-là, sur une douzaine de camarades invités, on devait être plus de la moitié à offrir le single de « (Hit Me)… Baby One More Time » à notre copine. Inutile de compter combien de fois le titre est passé dans la platine, réunissant sur la piste de danse improvisée dans le sous-sol, les garçons et les filles. En une seule chanson, tu étais mondialement connue, et aimée. Britney, les filles voulaient que tu sois leur grande sœur, les garçons, leur fiancée (hé, on avait que 11 ans !). Pour le reste du monde, tu es rapidement devenue « la fiancée de l’Amérique ». Chez moi, tu étais en poster dans ma chambre. En plus des albums, on courrait encore à l’époque au supermarché pour acheter les CD single, à l’affût d’une chanson inédite, remixée, et d’une pochette en carton aujourd’hui devenue relique. Tu étais née pour nous rendre heureux…

Quelques années après, et quelques millions d’albums vendus plus tard, je me mue en pré-adolescent et toi en femme. Ce soir-là, mes parents m’avaient autorisé à me rendre à ma première boum nocturne… Papa devait revenir me chercher à 21h (merci encore !). Les gâteaux au chocolat dégoulinants de cire de bougies avaient laissés leurs places au carton des boites de pizza, et la tenue d’écolière catholique aux premiers hauts laissant apparaître le nombril. « I’m A Slave For You » passait en boucle sur le carrelage humide de la cave aménagée où nous dansions encore une fois tous ensemble, s’imaginant que tu étais de la party avec nous… La pop sexy était dans nos baladeurs CD et on se sentait bien dans ton univers ensoleillé et coloré. Britney, tu as été notre premier émoi, et nous étions tes esclaves…

Le lycée, trois années les plus longues mais aussi les plus enrichissantes de nos vies. Etre ado, c’est pas facile, être une femme qui n’a pas eu d’adolescence, c’est encore moins facile. Brit-Brit, pendant mes années de doutes et de peurs adolescentes, toi tu vivais ton « Blackout ». Alors qu’un à un, tes fans te rejetaient, moi, derrière mon vernis à ongle noir et ma mèche façon Nicola Sirkis, je continuais quand même à te défendre. Tu tombais enceinte, j’étais heureux ! Tu tombais saoule en boîte, je faisais la même chose (maman, pardon) ! Avec ou sans culotte, tu restais la Popstar la plus marquante de la décennie, et devenait derrière ton mascara une femme comme les autres. Après les paillettes, il y avait le Starbucks. L’ex « fiancée de l’Amérique » se transformait devant nous en américaine typique. Machine à tubes, tu t’es montrée humaine et ça nous as rassuré. Quand tu faisais la fête avec Paris Hilton, on voulait être avec vous pour rire dans la voiture. Quand tu faisais du shopping, je me rêvais t’accompagner dans les boutiques de Beverly Hills. Mais quand, ce jour du mois de février 2007, tu t’es rasée le crâne, on a tous eu la gueule de bois… Si on dit le lendemain qu’on a « mal aux cheveux », toi, tu n’en avais même plus ! On s’amusait à te voir dans les tabloïds, mais à partir de là, plus personne n’a ri. Brit, tu étais toxic…

Rentrée 2008. Dix ans après avoir fait danser le collégien que j’étais alors, je suis inscrit en dernière année de fac. A ce stade du cursus scolaire, les heures de cours sont aussi nombreuses que les verres que l’on peut descendre en une soirée. Et à ce stade de la soirée, on ne peut que tous danser sur du Britney Spears ! S’il y a bien une artiste qui réunit les « hypsters », les « rockeurs », les filles et les garçons, c’est toi. Tes tubes d’une décennie sont aussi indémodables qu’incontournables. Une bonne chanson pop pour chauffer le dancefloor, c’est Toi. Et s’il y a un appart où toutes les soirées de promo se passaient, c’était chez moi. C’est à ce moment-là que tu as signé ton grand comeback, que la Britney tubesque, marketée et blonde est revenue avec l’énorme « Womanizer ». Je me souviens avoir été ému en regardant en direct ta prestation exclusive à la Star Academy cette année-là… Cette chanson et cette chorégraphie sont marquées à jamais dans notre conscience à tous et sur les photos de nos premiers iPhone. Tu étais notre copine de classe, de fête, de vie. Britney, encore une fois on est rentré dans ton cirque…

Quelques mois plus tard, mon diplôme en poche, je prends mon courage dans une main et ma valise dans l’autre et je monte dans la capitale. Le hasard de la vie a fait que ce soit le 04 juillet 2009, le jour de ton concert à Paris Bercy. Mon tout premier rendez-vous avec toi. Seul mais à 5 mètres de toi au milieu de 17 000 personnes, je reste certain que nos regards se sont croisés pendant ton show. Un symbole, une icône, tu as bénie ma nouvelle vie. Ta musique, elle, en a été la bande originale. Alors à quelques jours de ton retour dans la ville des lumières et de notre second rencard, je voulais te rendre hommage à ma façon. Britney Spears, tu m’as été fatale…

Texte : Julien Franck / Photos : Mickaël Komer