« Made in Franck », ou la photographie musicale d’un jeune homme dans le vent qui ressort de son sac des chansons d’hier, d’aujourd’hui ou de demain, le tout à la première personne. Cette semaine, contre vents et marées avec Indochine.
Je m’appelle Julien Franck et je suis né il y a 10 ans. Nourri dans mon enfance aux vinyles de Didier Barbelivien et bercé à l’enfance par Nirvana et les Cranberries (OK, je fais une impasse volontaire sur les B.O. de « Dirty Dancing » et « Bodyguard »), j’ai enfin compris le concept de la MUSIQUE le jour où j’ai eu entre les mains et dans les oreilles l’album « PARADIZE » d’Indochine. Oh je vous entends déjà d’ici, mais la sensibilité musicale c’est comme l’hygiène intime, propre à chacun.
Quand, en ce début 2002 les premières notes de l’intro de « J’ai demandé à la lune » ont retenti dans tous les postes radios des pays francophones –et oui il y eut une époque où les MP3 et le numérique n’existaient pas encore- j’ai tout de suite senti qu’il se passait un truc, quelque chose de fort. On me disait un groupe de rock vieux de 20 ans, je m’imaginais des ZZ Top cheap tout mous, barbus et bedonnants donc, et avec de vieux perfectos à pins. Que nenni ! Si au début des années 2000, chaque maison de disques sortaient son boys-band à guitares (on ne citera pas Kyo et autres Madame Kay), la nouvelle bande à Nicola Sirkis (veuillez accueillir Boris et Oli de Sat) se foutaient bien de la mode et présentaient leur neuvième album studio, aux sonorités toujours plus rock. A l’époque où Marilyn Manson faisait scandale rien qu’en se montrant et où le chanteur de Placebo affolait nos mères avec son look androgyne, « Paradize » est arrivé en mars 2002 comme un ovni dans le paysage musical français. Une nouvelle décennie qui marque pourtant la renaissance d’un des plus vieux groupes de rock français encore actif, grâce à une chanson signée Mickael Furnon de Mickey 3D. Depuis le départ du guitariste Dominique Nicolas qui signait la musique de la première vie d’Indo, et l’ouverture de la trilogie composée des albums « Wax » et « Dancetaria » dans les années 90, c’est ici la première fois que Sir Sirkis prend le risque de confier les textes du groupe à de jeunes auteurs. Une pincée de lune et un soupçon d’étoiles sur un voile d’histoire d’amour, et le tube est joué ! Depuis, « J’ai demandé à la lune » est presque devenu « L’Aventurier » de toute une nouvelle génération de fans qui à son tour va grandir avec Indochine et dont j’allais désormais faire partie.
Le printemps est arrivé tôt cette année là, et a duré aussi longtemps que l’exploitation (le matraquage ?) de ce premier single, jusqu’à forcément l’overdose nationale. Heureusement, il ne s’agissait donc pas d’un unique tube puisqu’au final, cinq titres de l’album ont été clipés. Mais pourquoi un succès aussi unanime sur toute une nouvelle génération de français désabusés par les années 90, effrayés par l’inconnu des années 2000, qui cherchaient encore à qui et à quoi se raccrocher ? Pour mon cas, comme beaucoup vous le diront, « la musique a sauvé ma vie ». Phrase bateau, complètement cucu-la-praline, qui veut tout et rien dire, et que chacun pourrait se faire tatouer sur l’avant-bras. Pourtant, quand on est un adolescent de 14 ans, paumé dans sa bourgade grise, et le seul garçon aux cheveux longs de son lycée de province, Indochine ça aide. Dès les premières secondes de l’entrée de « Paradize », c’est comme si une bulle protectrice se formait autour de moi. « Montre moi la vie, montre moi ce que c’est ». Avec ses mots, Nicola Sirkis nous dit ce qu’on veut et ce dont on a besoin d’entendre. Un seul « je suis là » de sa voix suffit à rassurer une nuit d’angoisse sans étoiles. Enfin un adulte qui sait nous parler et nous comprendre ! Pour un Indofan, chaque parole est un hymne, un slogan, un leitmotiv. Grâce à ce disque, j’ai compris la composition d’une chanson, l’écriture d’un album, le rapport entre les mots et les sons. J’ai compris la vie ou en tout cas ma vie de l’époque. Comme les 72 minutes de l’album, le mal-être adolescent finit par s’écouler au fil des années. Mais il est toujours bon de pouvoir se réfugier dans son « Paradize ». La bande originale d’une vie.
Si j’ai eu la chance de rencontrer le groupe à deux reprises, tremblant comme une feuille d’automne qui se voit s’écraser, et ému aux larmes de pouvoir dire de vive voix à Nicola Sirkis « Merci, cet album m’a fait naître, comme il vous a fait renaître » du haut de mes Doc Marteens, je n’ai assisté à aucun des 3 actes du Paradize Tour. Je me souviens pourtant avoir porté mon T-shirt logoté INDO et mon bracelet de force toute la journée du 3 juin 2003… Date clé et date anniversaire devenue depuis une tradition de la célébrer de la même manière. Mais une nouvelle décennie plus tard, pour tous les nouveaux fans trop jeunes de l’époque, deux nouvelles chances de pouvoir entendre « Paradize » et ses bonus (« Glory Hole », « Comateen II », « Le doigt sur ton étoile ») en live s’offrent à nous. Ce samedi 17 décembre ouvre la billetterie pour deux concerts exceptionnels célébrant les 10 ans de cet album classé parmi les 100 meilleurs disques de rock français par le magazine Rolling Stones, et considéré comme incontournable selon Philippe Manœuvre, svp. Sirkis et ses INDOboys, en plein enregistrement d’un nouvel opus, nous préparent deux Zénith de Paris pour début février. Indochine c’est plus qu’un groupe, c’est une religion. Un concert c’est plus que de la musique en live, c’est une messe. Les chansons sont plus que des titres, ce sont des prières. Nicola c’est plus qu’un chanteur, c’est une âme. Une âme comme des chansons, intemporelles et éternelles…
Texte : Julien Franck
Photos : Mickael Komer
Modèle : Mickey Mouse
zoli le décor avec les étoiles, et le Mickey!!! je connais pas les vraies pochettes d’indo mais votre interprétation du staïle est chouette!
Super article ….Indochine le groupe d’hier, d’aujourd’hui et de ….demain …
Indochine, incontournable, indémodable, inusable. Bravon Julien pour ce bel hommage. vivement le prochain Made in Franck !!!!
Merci beaucoup à tous pour vos messages !
Ca fait du bien 🙂
Arthur, ravi de voir un autre garçon qui aime indochine !
Quel chouette moment cette rubrique !!! bravo Mister Franck
Bel article dans lequel je me reconnais carrément! Merci 🙂
Wouaouw wouaouw wouaouw!
Je cherchais simplement une image d’Indo, car le tatoo me tenterait bien!
Mais quel bel hommage à notre groupe!!!
Bien sûr j’ai connu Indo de par l’aventurier, 3nuits par semaine etc…
mais je m’y suis interessée réellement depuis Paradize également!
J’ai eu la chance d’assister à 8 de leurs concerts, 6 en Suisse et 2 en France (Stade de France et Zénith le 01.02!)
Je n’attend que la sortie de leur nouvel album, et enfin une tournée…
Et les moqueries du fait d’aimer Indo… Il y en a, et il y’en aura toujours… Je m’en contrefou!!! Ils ne comprennent pas!