Guillaume Durand : « La radio, le matin, c’est un métier dangereux ! »

Election présidentielle oblige, Guillaume Durand muscle sa matinale de 8h à 10h sur Radio Classique avec des rendez-vous où il analyse, commente ou arbitre les politiques. Il est notre invité.

Coulissesmédias : Guillaume, comment vous sentez-vous au micro de la matinale de Radio Classique ?

Guillaume Durand : On se sent bien déjà parce que les résultats sont bons. C’est important pour une matinale et puis, comme on se lève extrêmement tôt il vaut mieux que ça marche, sinon ce serait déprimant. Cela demande aussi des sacrifices. On mène la vie comme si on remontait les autoroutes à contre sens en moins dangereux, une vie qui est sans rapport avec celle de ses amis. C’est assez compliqué. Je l’ai fait très jeune. Je le refais maintenant et autant dire que c’est une épreuve à la fois physiquement et moralement.

Coulissesmédias : Les sondages Médiamétrie vous sont plutôt favorables. Quelle est donc la recette de ce succès ?

Guillaume Durand : Ce qui est important, à mon avis, c’est que les radios   commencent à faire du showbiz à 9 heures ou même un peu avant. Et, je pense qu’il y’a tout un secteur de l’opinion qui préfère la politique. Ce n’est pas simplement lié à la présidentielle car on avait déjà testé ce format avant et ça a bien fonctionné donc nous sommes un peu dans une spirale qui ressemble aux débuts de RMC quand elle à commencé à monter. On progresse systématiquement depuis plusieurs vagues de sondages, donc peut-être qu’on a trouvé une ambiance et un programme qui est plus cultivé. Ce qui lui a permis de trouver son public.

Coulissesmédias : On arrive en pleine période présidentielle. Comment allez-vous nous faire vivre cette campagne électorale ?

Guillaume Durand :  On fait ça tout les matins. Il y a une réussite dans la programmation, c’est la même que RTL, la première radio de France avec, en ce qui nous concerne, des moyens qui sont plus faibles. Donc, si on réussit, ça prouve que le personnel politique nous aime beaucoup.

Coulissesmédias : Et puis, il y a « le ton » Guillaume Durand…

Guillaume Durand : Oui mais moi je suis le plus mauvais publicitaire de moi-même. Les gens, dans notre métier, n’arrêtent pas de chanter leurs propres louanges et moi, en fait, je me fiche un peu de ce truc. L’important, c’est ce qui fait que les gens viennent écouter. J’ai arbitré les présidentielles en 1995, j’ai fait les grandes émissions avec Mitterrand. Il y a donc un professionnalisme mélangé à une certaine forme de décontraction qui permet de proposer une bonne matinale. Il faut également ajouter notre collaboration avec Public Sénat.

Coulissesmédias : Quelle est la particularité de cette matinale ?

Guillaume Durand :   Il y a un ton qui est personnel. Je suis le plus mal placé pour en parler mais j’essaie de mélanger un coté pointu, incisif et en même temps, une certaine forme de décontraction, le but étant de pouvoir rentrer dans les gens sans qu’il ne s’en aperçoivent. Mais c’est une formule qui l’emporte et c’est une chose qui nous rapproche du football : les clubs qui marchent sont les clubs où règne une bonne ambiance et si il n’y pas ça, plus personne ne marque de buts. C’est ce qui s’est passé à Europe et du coup, les gens le ressentent. Ce qui compte, c’est de s’améliorer et arriver à faire une radio politique, sophistiquée, cultivée et différente

Coulissesmédias : D’où vient cette passion pour la politique ?

Guillaume Durand : J’étais professeur d’histoire et les profs d’histoire ont deux passions en général. Ils aiment les révolutions et les grands hommes donc moi, je suis comme ça et puis, l’histoire et la politique, c’est un peu les même choses. Et cette passion dure depuis que j’ai arrêté l’enseignement et que je suis entré à Europe 1 en 1978.

Coulissesmédias : Quels sont vos projets ?

Guillaume Durand : Mon principal projet, c’est de faire du ski pendant quelques jours si c’est possible (Rire). Pour le reste, prendre un peu de repos. Il faut faire très attention car, la matinale, c’est un risque. Il y en a qui se mettent à grossir, qui dépriment ou bien leur femme se barre… La radio, le matin, est un métier dangereux !

Coulissesmédias : Quel est votre secret pour être aussi performant après tant d’années de carrière ?

Guillaume Durand : Ce qui tient tout, c’est la passion. C’est le principal moteur !

Entretien de Romain CANOT
Photos : Mickaël KOMER