Là où certains se seraient reconvertis durablement comme entraîneur, commentateur, équipementier sportif, ou même conseillère régionale de Picardie, lui a choisi chanteur !
Difficile d’imaginer une gloire du Tennis mondial troquer sa raquette contre un micro, et pourtant Yannick Noah l’a fait.
Si tout le monde connaît son parcours de star de la petite balle jaune ; peu d’entre nous aurions pu parier qu’il deviendrait chanteur en assistant à sa victoire à Roland Garros le 5 juin 1983 face à Mats Wilander.
Quelque chose le prédestinait peut-être à cela quand son sponsor Hitachi lui offre le premier lecteur CD portable pour couronner ce succès ; gageons qu’un bon album des Wailers était fourni avec.
Remarquez, quand on sait qu’en 1980, il provoque un scandale juste avant l’US Open en déclarant au magazine Rock & Folk que « la drogue est courante dans le milieu du tennis », on aurait pu se douter que Yannick avait un petit coté Rock star en herbe… et n’y voyez aucun jeu de mot !
Même s’il cassera encore quelques cordes en de rares occasions, il arrête sa carrière de joueur en 1991 et devient capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis.
On se souvient tous de la victoire de cette fameuse équipe la même année ; on se souvient surtout de Yannick chantant « Saga Africa » dans une ambiance de folie lors du tour d’honneur sur le court du palais des sports de Gerland.
Premier 45 tours de Noah le chanteur, « Saga Africa » est LE tube de l’été 91 dans l’hexagone. L’album « Black & What » ne connaît pas le même engouement.
Les deux albums qui suivront rencontrent également un accueil très mitigé, alors que Noah l’entraîneur enchaîne un deuxième titre en coupe Davis avec les garçons en 1996, et mène l’équipe féminine à la victoire en Fed Cup l’année suivante.
Nous sommes en l’an 2000 quand sort son quatrième album, tout simplement intitulé « Yannick Noah », écrit par Erick Benzi et Robert Goldman, deux très grands de la musique Française. Le succès est immédiatement au rendez-vous.
La carrière musicale de Noah est enfin lancée pour de bon.
Enchaînant tournées, albums, festivals, plateaux TV, ou encore concerts avec les « Enfoirés », Yannick Noah est un artiste aimé de son public et très apprécié par la majorité d’entre nous puisque personnalité préférée des Français depuis 2007.
Du coté de l’Elysée, il y en a un qui doit bien le lui envier ce fameux titre de personnalité préférée des Français, et autant dire que c’est pas un pote à Yannick !
Yannick Noah n’a pas peur d’afficher ses préférences idéologiques, aussi bien en France, qu’au Cameroun, le pays de son footballeur de papa Zacharie Noah.
Il est à l’image de ses chansons : engagé et authentique. C’est peut-être aussi ça qui nous séduit autant chez lui.
Son nouvel album « frontières », sorti le 23 août, en est la parfaite illustration.
Pour preuve, le premier single « Angela » qui est un hommage à Angela Davis, une militante américaine des droits de l’homme.
Dans une interview pleine de sincérité, Yannick Noah a récemment confié à Marie-Claire sa crainte de redevenir chanteur après trois ans d’absence, dont deux à New York auprès de sa compagne et de ses cinq enfants (il a été marié deux fois).
On y découvre un homme simple, en proie au doute, mais qui fait souvent preuve d’une certaine sagesse.
Avant de retrouver ses fans le 25 septembre prochain pour un concert événement au stade de France, le beau quinquagénaire a pris le chemin de la prison une partie de l’été ! Non, je vous arrête tout de suite, ce n’est pas pour s’être fait choper fumant un petit splif sur la plage, mais pour un « Carcéral Tour » dans huit établissements pénitentiaires de Marseille à Poissy en passant par Rennes… histoire de, comme il l’a déclaré à l’AFP : « donner un peu de soleil et d’oxygène aux détenus grâce à la musique ». Pas de doute, c’est vraiment un mec bien ce Noah.
Pour le stade de France, euh, disons qu’aux dernières nouvelles, ce n’est pas facile de remplir !
Entre une promo qui s’annonce riche en apparitions et une énorme tournée 2011, espérons que Yannick Noah aura le temps de participer au « Trophée des Légendes » à Roland Garros comme c’était encore le cas cette année, parce que sur un cours de tennis, comme sur une scène, Noah nous procure un plaisir que peu d’artistes ou de sportifs savent nous communiquer.
Par David Kolski
Très beau portrait.Bravo !!!