L’info alternative sur Internet, par où commencer?

Une fois n’est pas coutume, ce « Médias du monde » va s’intéresser aux canaux de l’info connectée qui n’ont pas forcément d’écho auprès du grand public. L’approche des élections américaines, qui seront suivies de près par les médias traditionnels, est l’occasion de rendre hommage au travail de nombreux sites internet souvent plus méritants que certains quotidiens, dans le sens où ils ne se contentent pas de recopier/trier des communiqués de presse d’agences…

La salle de rédaction de la série "The Newsroom"

L'équipe de rédaction de la série "The Newsroom" chaîne dissidente imaginée par Aaron Sorkin - ©HBO

On a tendance à les considérer comme marginaux, ou les critiques aiment les taxer de participants aux théories de conspirations les plus diverses, mais il n’empêche que sur ces supports numériques récemment développés vous trouverez de nombreuses informations souvent ignorées de la grande presse. Quelle valeur ont ces informations et quel crédit leur porter? Là est toute la question que se pose, ou pas, le public incrédule fan du 20 Heures de TF1. Mais vous ne trouverez pas ci-dessous une liste de sites qui ne s’intéressent qu’au buzz, à l’audience ou aux Malaury Nataf écrasées, mais bien au fond et à la source d’informations du monde de première importance qui ne bénéficient pas toujours de la réception qu’elles méritent.

Wikileaks (Monde entier) – Médiapart (France)

C’est certain, vous en avez entendu parler. Mais vous savez certainement beaucoup plus que son fondateur australien, Julian Assange, est poursuivi pour viol en Suède et réfugié en Équateur que son parcours d’informaticien ou que bon nombre des secrets d’état qu’il a su dévoiler. (A découvrir: la page Wikipédia sur Julian Assange, cliquez ici). Si vous avez peu l’habitude de consulter régulièrement les conversations diplomatiques – ou câbles – fuitées par des informateurs que le site wikileaks.org tente tant bien que mal de publier au grand dam des gouvernements du monde entier, certains tentent de vous les traduire. Le saviez-vous? Les traductions en français du site wikileaks.org se retrouvaient, parmi les « câbles » concernant la France, sur le site frenchleaks.fr créé par Edwy Plénel, ancien directeur de la rédaction (de 1996 à 2004) du journal « Le Monde » et fondateur du site mediapart.fr (généralement pas en accès libre mais tout de même parfois), avant que ne disparaisse mystérieusement cette voie française de la fuite diplomatique qui avait, entre autres, mis à disposition du public les documents de la sulfureuse affaire Takieddine… Malgré de nombreuses tentatives (notamment financières) de réduire au silence Wikileaks et son fondateur, le site continue de divulguer des documents qui auparavant étaient réservés aux garants des secrets d’état et autres hauts gradés. La presse s’en délecte parfois, après avoir fait le tri parmi les milliers de câbles récoltés, et mediapart.fr continue sa mission d’information sans frenchleaks.fr qui a twitté pour la dernière fois le 21 avril 2012…

Une question restée sans réponse...

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Alex Jones & Infowars (USA – Langue anglaise)

En France, nous ne connaissons pas les radios dissidentes ni les télévisions suffisamment libres et décalées capables de diffuser des informations ou débats autres que ce qui a été filtré par les rédactions (à part peut-être « Le Petit Journal » de Canal+). La télévision et la radio sont chez nous traditionnellement sources de divertissement, surtout pas de polémiques constructives, aussi devons-nous nous contenter de nos Jean-Marc Morandini et autre Nikos Aliagas, depuis le décès de Michel Polac et depuis que Marc-Olivier Fogiel est retourné à la radio (ou en recyclage post-Dieudonné sur Discovery Channel). Aux États-Unis, cependant, nation forte de son premier amendement dans sa constitution, les libres parleurs et « polémiqueurs » foisonnent.

Parmi eux, Alex Jones est le plus populaire car à l’origine de nombreux débats, prenant position sur le réchauffement climatique ou contre les élites en général, par exemple. Il est certainement l’une des sources alternatives les plus intéressantes (www.infowars.com) si l’on ne se contente pas de la bien-pensance généralisée de Fox News/CBS News/MSNBC ou de ce qu’est devenu CNN. Persuadé qu’il sera un jour assassiné, Alex Jones sévit à la radio ou sur Twitter (@RealAlexJones) et diffuse sa propre chaîne Youtube (TheAlexJonesChannel) pour suivre ses interventions filmées souvent pleines de vie.

RT (Russie – Langue anglaise)

Si vous trouvez le personnage un peu trop narcissique, vous pourrez suivre les élections américaines – et plein d’autres infos rarement traitées ailleurs – via le site russe rt.com, une réelle alternative aux sources traditionnelles, sans langue de bois mais avec un petit hic. Ah, oui, il est russe. Et alors? RT signifie « Russia Today » (La Russie aujourd’hui) et c’est un média à la fois câblé et internet complètement indépendant qui s’intéresse aux nouvelles du monde sans toutefois faire de grosses vagues sur son propre pays… Créé en 2005 par l’agence Ria Novosti, ce réseau télévisuel qui a su s’étendre sur Internet est, il est vrai, complètement aux mains de l’état russe qui est loin de prouver son impartialité au quotidien. Le mieux, c’est de vous faire une opinion par vous-même en essayant de maîtriser ses informations en anglais qui se prétendent complètement indépendantes. J’ai plusieurs fois été convaincu par la pertinence de leurs infos mais chacun est libre de se faire sa propre opinion. Le réseau RT passe par 22 satellites et 230 câblo-opérateurs dans le monde pour atteindre une audience globale de plus de 430 millions de personnes dans une centaine de pays. Sur Twitter: @RT_com.

Basta ! et Rezo (France)

Comme le décrit Le Monde Diplomatique dans sa propre liste (qui date) de « médias alternatifs »: ‘cette « agence en ligne d’informations sur les luttes environnementales et sociales », tournée vers l’international, regroupe depuis 2005 [NDLR: année charnière s’il en est] des journalistes, des photographes et des contributeurs issus des mouvements sociaux.’ Basta Mag est une source de plus en plus appréciée qui peut s’apparenter aux Bakchich et autres Rue 89 dans le milieu impitoyable de la presse en ligne.

On aime aussi Rezo ou rezo.net, bien sûr, qui mixe les articles de blogs et les liens vers des sources journalistiques. Citons encore OWNI et reflets.info qui n’hésitent pas à enquêter de manière très sérieuse et pas suffisamment relayée sur certaines dérives en matières de libertés individuelles ou de lobbying.

Ustream (Monde entier – Multilingue)

Le « streaming » est désormais ancré dans les pratiques internet grâce à des débits permettant, généralement, de suivre une diffusion en direct fluide. L’un des sites qui a permis à de nombreux internautes de suivre les révolutions arabes en direct (seule la chaîne Al-Jazeera couvrait le soulèvement égyptien) ou le saut de Félix Baumgartner est leader sur le marché du streaming. Proposant une grande variété de diffusions live, le site de Ustream foisonne de sources: les « indignés » dans les rues que les télés ne vous montrent pas (un peu à la manière du « No Comment » d’Euronews), des lancements de fusées ou des cessions de psychismes le soir d’Halloween, tous les sujets y passent. Impossible de savoir à l’avance ce que le site de Ustream (cliquez ici) nous prépare pour, par exemple, les prochaines élections américaines, mais attendez-vous soit à une GoPro planquée dans une machine à voter électronique de l’Ohio, soit aux coulisses de la Maison Blanche, tout est possible… Vous pourrez même en 3 minutes montre en main créer votre propre canal de diffusion. Sur Twitter: @Ustream.

Le but de cet article étant aussi de vous faire réagir, sentez-vous libre de proposer vos propres sources d’informations en ligne, dans les commentaires…