Alexis Thiébaut (SUD RADIO+) : « Cauet m’a fait naître cette passion pour la radio »

« Elles sont nombreuses, les voix qui m’ont montré la voie. Je me revois encore imiter la libre-antenne de Difool, (tout juste arrivé sur Skyrock), avec mon lecteur-enregistreur de K7 audio. Je me souviens aussi très bien de l’admiration que j’avais pour « Les Filles »,KTL et Sophie Gaillard, toujours sur Skyrock, qui me réveillaient chaque matin avec le sourire. J’adorais les infos, si différemment présentées par Michael Youn.

Alexis Thiébaut

Alexis Thiébaut

Beaucoup de voix m’ont donné envie de faire ce métier. Mais s’il ne fallait en retenir qu’une seule, ce serait celle de… Cauet.

Mes premiers souvenirs de Cauet datent, là encore, de l’époque Skyrock. Pour la première fois, j’écoutais un animateur très naturel, qui me parlait à travers le poste comme il m’aurait parlé dans la rue. J’entends encore le jingle des « confessions de l’Abbé Cauet ».

Difool

Difool

Mais Cauet, pour moi, c’est surtout l’aventure Europe 2. La matinale qu’il a installée a, à mes yeux, changé la façon dont on anime une matinale. Il symbolise la bascule de la radio dans une nouvelle ère, celle des années 2000. Une animation moderne, décomplexée, parfois bordélique mais tellement plus vraie.

Je ne manquais pas une seconde de son morning, me réveillant aux aurores pour l’écouter jusqu’à son terme : 9h. C’est pourquoi je me souviens de la joie qui fut la mienne lorsqu’il annonça que l’émission durerait désormais une heure de plus. De 6h à 10h, je vivais dans un autre monde, je m’échappais et déjà, je rêvais de ce métier. Faire « le con » derrière un micro avec ses amis, réveiller la France avec canulars, sketchs et musique, comment ne pas vouloir un jour « devenir Cauet ». Bien sûr, je m’aperçus  quelques années plus tard que derrière cette belle vitrine se cachait en réalité un énorme travail.

Alors certes, l’émission n’était pas des plus distinguées, ni des plus informatives. Mais en terme de divertissement, elle  bouillonnait d’imagination et de nouveautés, proposait un vrai vent de fraîcheur. Le morning de Cauet, c’était aussi un véritable talk-show, avec un grand « T ». Moi, le matin, j’ai besoin qu’on me parle bien plus que d’écouter de la musique. Et pour la première fois, je pouvais écouter une radio qui parlait, autre qu’une grande périphérique. J’avais vraiment l’impression d’assister à quelque chose d’unique.

Cauet

Cauet

C’est aussi grâce à Cauet que j’ai appris le « visuel à la radio »… Il faut dire que l’émission était particulièrement visuelle : défi en studio, stripteaseuse, cuisine, happening…  Cauet réussissait l’exploit de faire vivre intensément aux auditeurs tout ce qui se passait en studio. Pour la première fois, j’arrivais à imaginer tout ce qui se déroulait derrière mes écouteurs. J’étais devenu tellement accro à l’émission qu’il  m’arrivait souvent d’aller au collège, un écouteur caché dans la manche qui, en me posant la tête sur la main, me permettait de ne pas perdre une seconde de l’émission. Une technique que j’ai ensuite adoptée très souvent avec de nombreuses émissions de radio.

Enfin, comment parler de cette matinale de Cauet sur Europe 2 sans évoquer les émissions en public du vendredi ? Des musiciens en live, une émission intégralement filmée, des happening plus dingues les uns que les autres… Combien de fois y ais-je assisté ? Je me levais bien avant mes parents,  empruntais le métro pour me retrouver devant le 26 bis, rue François 1er et assistais à ce joyeux bordel de 3h, m’autorisant ainsi 1h d’absence à l’école. Mais j’étais finalement à l’école, ici, au 26 bis, rue François 1er, devant un professeur génial. C’est probablement le professeur qui m’a le plus passionné, celui dont j’ai le plus appris, celui, surtout, qui me donna envie de parler dans un micro…

Je n’ai pas recroisé Cauet depuis le jour de la dernière émission en public sur Europe2… Alors, s’il me lit, j’ai envie de lui dire merci. Merci d’avoir fait naître en moi cette passion qui est devenue plus tard mon métier et qui m’enchante encore chaque jour ».

>> Retrouvez Alexis Thiébaut du lundi au vendredi de 12h à 14h sur SUD RADIO+ (99.9 FM à Paris) dans « Le cœur au Sud ».     

Propos recueillis par Mickaël ROIX