La chaîne CStar consacre sa soirée du 25 novembre à « la story des années 80 ». Un nouveau documentaire qui revient sur le succès de cette décennie. Avec un regard différent, celui de Stéphane Basset, Il est notre invité.
Coulissesmédias : « La story des années 80 », c’est un documentaire inédit que vous proposez sur CStar. N’a-t-on pas tout dit sur les années 80 ?
Stéphane Basset : C’est sûr que quand CStar m’a proposé de faire le documentaire, je leur ai dit tout de suite « si c’est encore pour aller voir Jean-Pierre Mader et Emile&Images », que c’était sympathique mais ça ne m’intéressait pas.
Si bien qu’on a décidé en accord avec la chaîne de faire un documentaire un peu différent avec pour postulat de départ de se dire : les années 80 sont souvent résumées à « Stars 80 » c’est-à-dire « youhou c’est cool, c’est léger ! » sauf que ce n’est pas que ça. Dans les années 80, le rap a été inventé, la dance, la house, la techno enfin la culture électronique en général ! La world aussi qu’on évoque dans le film.
Puis, les radios libres qui sont un peu l’équivalent de YouTube aujourd’hui en terme d’expression. Moi, j’ai commencé comme ça, à l’époque ce n’était même pas un métier, on n’ imaginait même pas qu’on allait en vivre. Les youtubeurs qui vivent très bien pour certains, ils n’imaginaient pas non plus qu’ils pourraient en vivre donc il y a là, un parallèle intéressant. Et puis, c’est marrant parce que je commence le film dans un karaoké à la manau ultra branché avec des jeunes de 18-20 ans et pendant la soirée, il n’y avait que des tubes des années 80 qui étaient repris. Jean-Luc Lahaye, qu’on a dans le programme, Goldman, les gamins de 20 ans, ils chantent les années 80, on ne peut pas en dire autant des années 90 ou 2000 à part Organiz et Ophelie Winter, je ne sais pas s’il y a grand chose. Enfin, pour moi, la culture 80 elle est riche et c’est ce qu’on a voulu montrer à travers ce documentaire incarné avec une écriture subjective : « moi j’ai vécu ces années-là et j’ai envie de vous faire partager un kiff que je me fais en retrouvant les gens que j’écoutais quand j’avais 15 ans ou que je collais sur le mur de ma chambre et qui ont un destin de dingue. »
Coulissesmédias : Votre ambition, c’était de les retrouver, de les faire parler et de raconter des anecdotes ?
Stéphane Basset : Quand je parlais de « destin de dingue », je prends l’exemple du chanteur FR David qui a fait « words » qui était un titre, qui tourne encore un peu en radio. Ce mec faisait du rock, il va chez un pote pour faire une démo. Il oublie sa guitare, son pote lui dit « j’ai un synthé, on peut la faire là-dessus ». Finalement, ils la font au synthé, FR David envoie la démo et il la vend à 10 millions d’exemplaires, sur une erreur ! Et il, y a souvent des histoires extraordinaires comme ça dans les années 80 d’artistes qui ont un peu « gagné au loto » avec un titre. Ce qui n’arrive plus aujourd’hui, à part « Gnamgnam style » ou Jul et c’est peut-être pas la meilleure chose qui nous soit arrivés mais, à l’époque, c’était récurrent et je trouve qu’il y avait quelque chose de plus qualitatif sur le titre. Autre exemple : Phil barney avec « un enfant de toi ». Il arrive, il a un chagrin d’amour, il fait une chanson sur un accouchement où la femme meurt… le truc sordide… Le titre se vend à 1,7 million d’exemplaires. Il devient riche, il regrette car, lui, il voulait faire de la soul et on le prend pour un chanteur de slows.
Coulissesmédias : Comme vous le disiez, on associe souvent les mêmes acteurs lorsqu’on parle des années 80. Votre souhait, on l’a compris, c’est de dépasser un peu cette image mais les incontournables Emile&Images, Jean-Pierre Mader seront quand même au rendez-vous ?
Stéphane Basset : Ils sont présents environ 17secondes. L’idée, c’était juste d’avoir leur ressenti et à côté de çà, d’aller chercher d’autres invités qu’on a moins l’habitude de voir. Ça peut être à la fois Steve Baron, qui a fait les clips de « Billie jean », de « Take on me », qui a changé le monde du clip à l’agent/manager de Michael Jackson et Madonna à Luna Parker qui chantait « Tes états d’âme Eric « . J’adorais cette chanson mais ça ne m’empêchait pas de dormir de ne pas savoir ce qu’était devenue son interprète mais il se trouve qu’elle est à Londres, qu’elle a 85 employés, qu’elle a une boîte de livres pour enfants et que l’expérience des années 80, c’est pour elle, une espèce de cerise sur le gâteau. Et aujourd’hui, elle est bien contente d’aller chanter avec les stars 80 sur scène ! Quand elle quitte son bureau à Londres pour aller chanter dans les stades, c’est un peu surréaliste comme histoire ! Il y a aussi Sabrina à qui je demande où est passé son maillot de bain ? Une question, que nous sommes peut-être nombreux à nous poser. Bon… Elle l’a jeté, le maillot de bain du clip n’existe plus. C’est une vraie madeleine de Proust pour moi et j’espère que ça le sera aussi pour les gens qui regarderont.
Coulissesmédias : Une émission qui devrait donc plaire aux nostalgiques. Mais, est-ce que le jeune public peut aussi s’y retrouver ?
Stéphane Basset : Oui je pense que c’est pour eux, l’occasion de se dire « ça avait l’air vraiment cool cette décennie » et pour le coup, c’est vrai que ça l’était vraiment ! Qui plus est, en fin d’émission, j’ai demandé à des jeunes artistes de reprendre un classique des années 80, il y a Joyce Jonathan, Léa Paci, Charlie Boisseau…
Coulissesmédias : Au début des années 2000, les années 80 paraissaient être le summum du ringard. Depuis quelques années, on a vu apparaître un nouvel engouement notamment avec le succès de la tournée « Stars 80 ». Comment peut-on l’expliquer ?
Stéphane Basset : Sur la musique en tout cas, je pense qu’il y a un ensemble de choses. Tout d’abord la libération des radios ça a chassé la génération Carpentier avec les Sylvie Vartan, Sheila et cie. Tout d’un coup, des jeunes se sont rendus compte qu’ils pouvaient passer à la radio et qu’il n’y avait pas de cadre pour rentrer sur RTL, Europe 1, RMC donc, on s’est dit « on va faire un peu ce qu’on veut ».
Ça a donné lieu a du grand n’importe quoi mais aussi à une envie d’innocence, de légèreté, de fun qu’on associe très nettement à cette décennie-là.
C’est vrai que dans les années 90 avec Nirvana, le sida etc, ce n’était pas une décennie extrêmement joyeuse. Et depuis, les choses sont ce qu’elles sont mai,s on ne peut pas dire qu’on a eu une décennie avec autant de création. Encore une fois : le rap, la dance…Qu’est ce qu’on a inventé depuis 10 ans ? La trap peut-être ?
Et puis, au-delà de la légèreté, il y a des chansons ! Moi je n’écoute pas « Les démons de minuit » parce que je n’ai jamais aimé cette chanson mais je dois reconnaître que si, dans une soirée il faut danser, c’est imparable !
Même dans les soirées « branchées », les mecs qui ont beau se dire « moi je suis abonné aux Inrocks et je lis Libération tous les matins », à 2h du mat’, un bon « Emile&Images » et tout le monde danse ! Donc, il y a ce truc-là qui fait qu’on avait dans le « songwriting » particulièrement cette capacité d’écrire des choses d’une efficacité absolue. Il y a l’arrivée des synthétiseurs aussi. Et Dépêche Mode par exemple, ils se disent « avec 2000 francs, on peut faire de la musique » et ça donne la chance a plein de jeunes, je pense a Partenaire Particulier, on peut désormais faire de la musique avec rien.
« Ce n’était pas mieux avant, c’était différent »
Coulissesmédias : On dit que la nostalgie refait surface quand le présent n’est pas à la hauteur du passé. C’était mieux avant ?
Stéphane Basset : Je ne fais pas partie des gens qui pensent que c’était mieux avant. C’est toujours mieux parce que, quand on a 20 ans, il y a une insouciance, on pense que ce sont les meilleurs moments et que, quand on est vieux on se souvient d’abord de ces moments positifs. Mais moi, je suis très heureux dans mon époque, peut-être parce que dans ma tête j’ai 12 ans et demi mais au contraire, je pense même que, quand j’avais 15 ans, il y avait la radio FM, on devait chercher le hit-parade. J’ai le souvenir des radios américaines que j’arrivais à capter… A l’époque, mon rêve, c’était ce que je fais aujourd’hui quand je vais sur soundcloud, spotify et que je peux passer une nuit, d’un artiste à l’autre, on m’en propose, on me conseille je suis fasciné par le nombre de talents qui existent, que je découvre.. donc, non ce n’était pas mieux avant, c’était différent.
Coulissesmédias : Dans la génération actuelle, qu’écoutez- vous ? Et quel regard portez-vous sur l’évolution musicale de ces dernières années ?
Stéphane Basset : L’autre nuit, j’ai écouté MC Solaar et Orelsan à la suite. J’ai écouté Solaar en me disant « c’est oldschool », il y a une première façon d écrire le rap assez conventionnel et Solaar, lui, quand il est sorti en 1990, c’était omplètement dingue ! Quant à Orelsan, j’ai trouvé ça mortel, tellement actuel ! Je trouve ça dommage qu’aujourd’hui, ce soit si compliqué d’avoir du rap à la télé, parce que c’est segmentant etc, mais je rappelle quand même qu’en 1984 il y avait le dimanche a 14h sur TF1 une émission de rap « à H.I.P H.O.P ». Là-dessus, on a fait des pas en arrière.
« La musique à la télévision, c’est extrêmement compliqué à traiter »
Coulissesmédias : Et globalement, il y a de moins de moins d’émissions musicales en télévision.
Stéphane Basset : Il y en a, moi j’ai animé « Monte le son » pendant 4 ans sur France 4, il y a « Tracks », les émissions de Canal mais c’est vrai que la musique à la télévision, c’est extrêmement compliqué à traiter. C’est peut-être simplement aussi que les émissions musicales n’intéressent pas beaucoup les gens. La musique, ça s’écoute.
Coulissesmédias : Aujourd’hui, il y a les émissions de télé-crochet : The Voice, Nouvelle Star… Vous aimez ces programmes ?
Stéphane Basset : J’adore ! On donne sa chance à tout le monde et même si tous, ne peuvent pas réussir, je suis très content de voir que sur 150 artistes dont j’ai déjà oublié les noms, au final, il y a un Christophe Willem, une Olivia Ruiz. C’est génial. Certains n’y ont que leur quart d’heure de gloire mais je ne pense pas du tout que ça appauvrisse, bien au contraire, ça décomplexe bon nombre de gens.
Coulissesmédias : Cela vous plairez d’être juré dans un programme ?
Stéphane Basset : C’est le rêve de ma vie ! J’ai fait beaucoup d’animation télé, ce n’est pas forcément un kiff mais alors, être dans une aventure collective comme celle-là, faire profiter de son expérience à de jeunes talents, j’adorerais !
CoulissesMedias : Votre ami Pascal Obispo arrive dans The Voice. Qu’en pensez-vous ?
Stéphane Basset : Deux choses. La première c’est que, quand je l’ai appris, j’ai été très surpris ! Je l’ai toujours entendu dire qu’il n’irait jamais. Comme quoi, il y a que les cons qui ne changent pas d’avis. La seconde, c’est que je peux vous le garantir, il sera un très bon coach. C’est la personne que je connais qui aime le plus la musique. C’est quelqu’un qui vit, qui dort, qui pense musique ! Personnellement, je n’avais pas trop aimé M Pokora, pas parce que je n’aime pas sa musique mais parce que peut-être dans sa façon de coacher, il manquait, je trouve, de quelques années de sueur. Finalement, il sort de ce circuit il n’y a pas si longtemps et il est déjà en train de juger sur ce même type de programme. Je pense que Pascal apportera autre chose qui me plait plus parce que j’ai l’impression quand même que quand on a 25 ans de carrière et qu’on a vécu une autre époque, c’est autre chose. J’ai hâte de le découvrir dans ce rôle.
« Pour les amateurs de musique, CStar est vraiment une belle chaîne ! »
Coulissesmédias : Votre documentaire sera diffusé samedi 25 novembre en prime time sur CStar, c’est une belle exposition que vous offre la chaîne. Il y a un rapport de confiance entre vous ?
Stéphane Basset : Oui vraiment, ils m’ont laissé depuis des années la chance de faire des documentaires audacieux sans donner de consignes restrictives.
Pour les amateurs de musique, c’est vraiment une belle chaîne !
Coulissesmédias : Vous êtes satisfait du casting de l’émission ? Avez-vous des regrets ?
Stéphane Basset : Je voulais avoir Boy Georges parce que j’ai beaucoup d’affection pour cet artiste, ça n’a malheureusement pas pu se faire parce qu’il est sur beaucoup de projets actuellement. Sinon oui, allons-y, Madonna ! Cela dit, on a quand même eu, Freddy De Man, qui ne parle jamais, qui a quand même été l’agent de Michael Jackson, viré par cet abominable père (Joseph Jackson) et Madonna l’a pris. Il n’en voulait pas au départ d’ailleurs. C’est un pote à lui qui a insisté « faut absolument que tu rencontres cette fille, ça va être une grande star ! ». Et il nous raconte comment dès le moment où elle est entrée dans la pièce, il s’est dit « ok, très bien, voilà la deuxième grande star que je vais créer » et il l’a lancée. Steve Barron, je ne crois pas qu’on l’ai vu souvent à la télévision française raconter comment il a eu l’idée des plaques qui s’illuminent dans le clip de « Billie Jean » ou comment il a mis 6 mois pour faire le clip incroyable de « Take on me » du groupe A-ha mêlant animation rotoscopique et scènes filmées.
Coulissesmédias : Comment était le petit « Stéphane Basset » dans les années 80 ?
Stéphane Basset : Il écoutait la radio, le hit- parade tout le temps !
Vous savez je cherchais au dos du disque, je notais… Et j’allais au magasin pour découvrir de nouveaux artistes. Je ne pensais qu’à la musique. C’était une passion extraordinaire. J’espérais un jour pouvoir vivre de la musique et c’est en partie, le cas aujourd’hui.
Coulissesmédias : Vous avez débuté à la radio sur Wit FM à Bordeaux en 1991. Vous en avez fait beaucoup ensuite sur RTL2, RFM…Vous n’en faites plus aujourd’hui…Parce que c’était mieux avant ?
Stéphane Basset : Là dessus, oui je le pense très clairement ! A l’époque, ce n’était pas un métier, mes parents payaient 100 francs par mois pour la cotisation pour que je puisse en faire. Et un jour, on m’a dit « on va te filer 2000 balles et tu vas en faire ! « . C’était le plus beau jour de ma vie. Puis, quand je suis arrivé a Paris, j’ai fait du flux, c’est-à-dire des tranches musicales de 4 heures avec 3 speak par heure pour annoncer Céline Dion et Goldman et le lendemain, pour annoncer de nouveau Céline Dion et Goldman. C’est quand même assez paradoxal la radio parce que tu parles à des milliers de gens qui sont partout mais tu ne les vois pas, il n’y a pas d’échanges. Toi, tu es tout seul, tu n’as pas toujours un réalisateur et je me souviens un jour m’être dit « qu’est ce que je fous là ? », je suis une souris de laboratoire qui annonce les mêmes choses tous les jours, je ne crache pas dessus parce que j’ai commencé comme ça mais aujourd’hui je n’ai plus envie de ça !
Coulissesmédias : Quel regard portez-vous sur les chiffes d’audience tombés il y a quelques jours ?
Stéphane Basset : Je les regarde pour féliciter les potes, pour leur dire « bravo » quand ça fonctionne, c’est tout.
Coulissesmédias : Vous l’écoutez quand même ?
Stéphane Basset : J’écoute Nova parce que la programmation est mortelle et Duga sur RMC, ça s’arrête là. En revanche, je crois beaucoup aux podcasts.
Coulissesmédias : Et vous envisagez un retour à la télé ?
Stéphane Basset : Non. Pour moi, la télévision c’est un peu un métier du 20ème siècle. Je ne me verrais en aucun cas refaire comme je le faisais à l’époque sur TF1 dans « Tac O Tac gagnant à vie ». Pourtant, j’y étais très bien payé, des sommes absurdes pour faire ce qu’on faisait et j’aurais très bien pu rester dans cette voie-là et devenir animateur de jeux mais ce n’était pas moi et j’aurais été très malheureux de prendre ce plan de carrière là. Après, pour une émission musicale ou un talk comme j’ai fait sur RFM ces dernières années et dire à quelqu’un « vas-y on va discuter ! », pourquoi pas. Après, il y a « A la roots » qu’on va relancer ! Le problème qu’il y a c’est que parfois, on s’est retrouvés dans des endroits à boire des alcools qui n’étaient pas très autorisés, on était dans un état second je pense que ça aurait mérité qu’on le filme et qu’on le montre parce qu’il y a eu des bonnes poilades et que c’était cool, on découvrait les artistes autrement ! Sauf qu’en télévision, on n’a pas le droit de dire un gros mot, on n’a pas le droit de fumer, de boire, de déconner sauf qu’ « à la roots » c’est que ça donc je pense que ce n’est pas très télé-compatible. Je pense que ce concept est fait pour un autre média. Je prends l’exemple des « recettes pompettes » qui a ouvert une voie. Si ça a fonctionné sur le Net, ce n’est pas parce que c’est une super émission, c’est juste que le concept n’avait pas d’autres tuyaux pour exister.
Coulissesmédias : Et en tant que téléspectateur, que regardez-vous ?
Stéphane Basset : Je la regarde peu et en replay. Je suis plutôt branché Netflix et sinon « Salut les terriens » parce que j’adore Ardisson et beaucoup de documentaires.
Coulissesmédias : Après avoir quitté TF1, vous avez monté votre boîte de prod (PylaProd)…
Stéphane Basset : J’ai pris mes idées et je les ai fait exister. Avant, ce qui m’intéressait, c’était de faire des émissions musicales et de les animer.
Maintenant, c’est plus les documentaires.
On évolue et là, on se lance aussi dans la fiction et le digital.
Producteur, ça veut dire « gérer les problèmes » ce n’est pas tous les jours facile mais c’est hyper intéressant, c’est avoir une conviction et pour l’emmener au bout, c’est gérer les obstacles tout au long de la route. Et puis avec l’évolution des médias que je n’imaginais pas à l’époque où j’ai monté la boîte, je ne pensais pas qu’on allait pouvoir un jour faire du web-docu interactif ou de la réalité augmentée, que j’allais pouvoir gagner de la tune en faisant un programme sur Youtube… Pour un mec comme moi qui est toujours en train de chercher, de créer, d’inventer des idées de concept, c’est incroyable !
Coulissesmédias : Animateur radio-télé, réalisateur, producteur… Vous êtes aussi compositeur. Quelle est votre casquette préférée ?
Stéphane Basset : Ce que je fais aujourd’hui dans la réalisation, à travers les documentaires incarnés comme « La story des années 80 ». C’est la possibilité de donner mon point de vue éditorial et je trouve génial d’avoir cette liberté-là !
Coulissesmédias : Quels sont les prochains sujets de réalisation ?
Stéphane Basset : Pour France 3, un parallèle entre l’humour et l’amour qui va paraître pour les fêtes de fin d’année. Et puis, « Les recréations sonores » c’est la création d’un média en lien avec Spotify, la Sacem, CultureBox, la Mairie de Paris où dans chaque épisode de cette série, un artiste identifié va proposer a tout le monde de venir créer un titre avec lui.
Mon rôle consistera à récolter les idées, faire écouter les sons reçus, discuter avec l’artiste, on filmera chaque étape, on assistera tous ensemble pendant un mois à la création d’un titre. Et c’est un vrai kiff parce que mon boulot sera de faire de l’artistique tout en créant du contenu. Rendez-vous à partir de février 2018.
Je ne peux pas encore vous donner de noms d’artistes mais on sera plus sur une programmation Nova/Inrocks que sur du Télé 7 Jours/TF1.
« J’ai vraiment la vie que je rêvais d’avoir »
Coulissesmédias : Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
Stéphane Basset : J’ai fait plein de choses, très différentes, j’ai animé un jeu sur TF1 puis une émission politique sur iTele quand je faisais « Dans le bureau de » puis, j’ai réalisé un documentaire sur Pascal Obispo, j’ai fait de la fiction ou écrit des chansons pour Bertignac ou Alain chamfort ! Mon parcours, il est assez éclaté, ce que j’ai essayé de faire, c’est de ne jamais trop m’exposer pour éviter que ça crame.
Débuter à 26 ans sur TF1, ce n’est pas toujours facile. Je me rappelle qu’un grand animateur de TF1, dont je tairai le nom, m’invite à boire un coup chez Castel, par peur que je ne lui prenne sa place certainement me balance « qu’avant d’en arriver là, il avait fait des choses supers, interviewé des artistes.. et qu’à TF1, aujourd’hui il se sentait bloqué, dans une situation qu’il ne maîtrisait plus. » Et ça m’a fait un électrochoc, je me suis dit en fait « dans le pire ou le meilleur des cas, ce mec-là c’est moi dans 15 ans ! ». J’ai eu une révélation, je me suis dit « Il faut vite que je me barre avant que les gens ne me collent une étiquette » même si tu es le meilleur animateur de débat du monde, ou si tu as fais un jeu et que t’as cartonné. C’est peut être pour ça que je ne suis pas marié, que je n’ai pas d’enfants, j’ai peut-être un problème avec l’engagement mais le fait d’être mis dans une case ça m’a toujours emmerdé.
Je sais que certains dans le métier sont surpris, ils disent il est réal, il est producteur, il fait des chansons… certes et puis ? Tant que ça fait chier personne, moi je suis content en tout cas ! Ma philosophie de travail c’est de me dire « si toi tu ne prends pas de plaisir à faire ce que tu fais, il y a quand même peu de chance que les gens en prennent en retour ! « .
Coulissesmédias : le petit « Stéphane basset » dont on évoquait les rêves peut être fier alors ?
Stéphane Basset : Je crois que j’ai vraiment la vie que je rêvais d’avoir mais parce que j’ai toujours suivi mes envies et fait mes choix en fonction.
Je vais vous raconter une histoire, je suis très pote avec Jean-Édouard Lipa (Loft Story) et je me rappelle d’une histoire où tous les mecs après le loft le harcelaient de « alors, Loana, elle est bonne ? ». Lui, restait super calme. Moi, il y a deux mecs qui sont venus dans la même soirée, « Oh c’est le mec du Tac O Tac », je me suis énervé, je ne supportais pas cette notoriété ! Je pense que je suis plus Sean Penn dans l’attitude que Nikos. J’ai vraiment beaucoup de mal avec l’idée d être connu pour quelque chose que je ne reconnais pas.Moi je me suis battu pour mes idées toute ma vie, je me reconnais juste ce mérite.
Coulissesmédias : Malgré tout, avez-vous des regrets ?
Stéphane Basset : Non parce qu’au moment ou tu prends une décision tu la prends avec ta connaissance du moment. Après, tu peux toujours dire « ah oui j’ai des regrets » mais ça sert a quoi d’avoir des regrets ? J’ai fait avec ce que je savais, j’ai fait des erreurs, des conneries, j’en fais tous les jours mais c’est ce qui te permet d’apprendre. Chanteur ? Mais, je vois bien que c’est pas possible !
Si, j’aurais aimé écrire pour des artistes plus importants ! Dans la musique, j’ ai queleques regrets. Je n’ai pas pris assez de temps pour écrire des chansons mais ce n’est pas trop tard !
Coulissesmédias : Quel est le meilleur moment de votre carrière ?
Stéphane Basset : Le jour où je suis rentré dans une radio pour la première fois quand j’avais 15 ans, je me souviens de ça comme si c’était hier, ça a changé ma vie ! Le jour où l’on m’a dit « on va te donner de l’argent pour faire de la radio ! »
Le jour où Gérard Louvin m’a appelé pour me dire « on a vu ta cassette et on te veut sur TF1 ! » Et encore plus encore, quand je suis allé voir Bernard Zekri a i-Télé, qui ne voulait pas me recevoir parce que j’étais animateur de jeu à TF1 pour lui dire « j’ai une émission politique pour vous » et qui a vu mon pilote et qui m’a dit « c’est super, je le prends » . Là en ce moment, le fait que l’on signe une fiction, je pense que je n’oublierai pas.
Coulissesmédias : Une dernière chose à nous dire sur le documentaire qui puisse donné envie à nos lecteurs, pas encore convaincus, de le regarder.
Stéphane Basset : Il faut être curieux et se dire : « qu’est ce que je ne sais pas des années 80 qui pourrait être marrant ? « . Et surtout, au delà des chansons, il y a des gens et moi je suis allé rencontrer des parcours de vie étonnants. Derrière chaque être humain, il y a une vie et si tu passes une heure à prendre le temps de discuter avec quelqu’un, tu seras toujours surpris de ce qu’il va te raconter ! C’est ce que je préfère.
Propos recueillis par Julien Rondet
Avec Mickaël Roix.
Photos : Matthieu Munoz pour Coulissesmédias.
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