Samy Messaoud

« Je suis fier ! »

 Ça s’appelle « faire un coup ». Dès la mise en ligne de son nouveau clip « Je suis gay » la semaine dernière, Samy Messaoud a réussi un difficile pari :  se faire connaître…en quelques minutes. Très rapidement, la vidéo est devenue l’une des plus visionnées sur la Toile et elle a généré un afflux de commentaires parfois très controversés. Et pour cause… Dans son clip, l’artiste  apparaît totalement nu et sans aucun tabou. Pour coulissesmédias.com, Samy Messaoud se livre et commente sa stratégie qui, finalement, ne doit rien au hasard. Rencontre…

 Coulissesmédias : Depuis le lancement du clip « Je suis gay » il y a quelques jours, tu fais l’objet de beaucoup de critiques. Dans quel état d’esprit es-tu aujourd’hui ?

Samy Messaoud : Le titre était prévu pour créer un buzz. On peut dire que ça a marché puisqu’on a atteint un niveau international par le biais d’Internet. Au niveau des critiques, sur 40 000 visites sur le site jeanmarcmorandini.com, j’ai reçu 150 commentaires et 30 sont postés par une même personne. J’espère que les gens sont assez intelligents pour comprendre ce que j’ai fait. Il y a des gens plus jeunes qui s’affichent avec des talons, des colliers, qui sont maquillés et qui en plus, sont hétéros…On me dit aussi que je fais honte aux associations. Je ne vois quelle honte il y a d’être nu ! Ce n’est pas un porno. Ça reste tout à fait soft. C’est juste un titre sur lequel une personne s’affirme. Je trouve ça plutôt gentil et marrant. Je suis serein, zen même si je ne pensais pas choquer les gens.

 

 Coulissesmédias : Dans ce clip, tu apparais entièrement nu. Pourquoi ?

Samy Messaoud :Je n’ai aucun complexe et vous savez tous comme moi que le nu, c’est ce qui buzz actuellement. Et ce n’est qu’un clip, je ne suis pas le seul à l’avoir fait  et je ne chante pas nu sur scène ! Et en même temps, je ne cache pas que c’est aussi pour faire parler de moi et par la suite, pouvoir soutenir des associations. Je comprends que ça puisse gêner certaines personnes plus complexées, c’est pour cette raison qu’il existe une version non-censurée. Je trouve que les gens qui critiquent ce clip, ce sont des gens qui sont cachés ou frustrés. Qu’ils sortent de chez eux ! On a évolué. Surtout qu’il n’y a rien de hard dans le clip.

 Coulissesmédias : Il y a ceux qui t’adorent, ceux qui t’adoraient et qui désormais te critiquent. Peut-on parler de désamour ? 

 Samy Messaoud : Il n’y a pas de désamour parce que ceux qui m’aimaient déjà ne m’ont pas lâché. Ils trouvent ça génial et me félicitent après les concerts. Ce titre, je le chantais déjà sur scène avant le clip, parfois dans des quartiers assez chauds et tout s’est toujours très bien passé. Qu’on arrête de dire que je fais honte à la communauté !

Coulissesmédias : Les réactions sont-elles violentes ?

 Samy Messaoud : Elles le sont parfois. On me demande si je suis gay ou hétéro. On m’a aussi demandé de me pendre…ça va très loin ! Pour cette raison, je ne tiens pas compte de tous ces messages.

 Coulissesmédias : Ces critiques, elles te gênent ou elles te font rire ?

 Samy Messaoud : Elles me font rire. Je ne le prends pas mal parce que je suis porté par énormément de bons retours. Il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de gens jaloux et ce sont souvent ceux là qui jouent les choqués. Quand on regarde la télé, que ce soit dans la pub ou dans les émissions, il y a pire que ça ! Les critiques sont vraiment disproportionnées parce qu’il y a vraiment une part de jalousie et de méchanceté.

  Coulissesmédias : Comment est venue l’idée du clip ?

 Samy Messaoud : Quand j’ai fait ce titre, on me disait « dommage qu’il ne bouge pas plus ». La version originale était plus pop et donc plus soft. Et j’ai choisi de travailler ce titre pour soutenir les associations gays et répondre à tous ces homophobes comme Sexion d’Assaut qui a beaucoup insulté les homosexuels. Et plutôt que de faire un site « anti », j’ai choisi de me bouger en faisant quelque chose qui se voit et qui dure. Le but étant qu’on se dise « tiens, il y a un gay qui s’affirme ! ». Après, il ne faut pas croire que je sois comme ça. C’est juste un clip !

 

 

Coulissesmédias : Et cette idée de chanter un coming out   ?

 Samy Messaoud : Je comprends que ça puisse interpeller les gens mais ce n’est pas un coming out. On m’a demandé si j’étais gay ou hétéro et ça, ça reste ma vie privée.

 Coulissesmédias : Ce titre et ce clip suscitent forcément des questions. Vouloir préserver ta vie privée juste après, c’est un peu compliqué, non ?

 Samy Messaoud : Je n’ai pas forcément envie d’entrer dans ma vie privée. Mais si je peux faire passer un message auprès de certaines personnes, aider à faire un coming out, ou orienter quelqu’un qui est perdu vers telle ou telle association, la mission sera réussie. C’est aussi et surtout pour cette raison que ce titre existe.

 Coulissesmédias : Dans cette forme d’engagement, tu les aiderais encore plus si tu leur déclarais toi-même tes attirances…

 Samy Messaoud : Les gens s’en foutent un peu. Ils peuvent penser ce qu’ils veulent. J’ai fait ce que personne ne fait. Je ne rattache rien à moi. Ce titre est là pour servir les associations.

Coulissesmédias : Côté « mise en scène », il y avait chez toi, l’envie ou le besoin d’aller jusqu’au bout des choses, pour ton public ?

 Samy Messaoud : Ca n’a pas été difficile. J’ai choisi de me mettre nu pour faire le buzz. Ça s’est fait sous une douche, en rigolant et je pense que chacun d’entre vous peut se rendre compte que rien n’est joué. Il y a un côté bon enfant !

 Coulissesmédias : Est-ce que ce clip correspond à une attente que le public pouvait avoir de toi ?

 Samy Messaoud : On imaginait pas l’ampleur de ce buzz. Le public adore sans doute parce qu’il n’y a rien de plus simple.

   Coulissesmédias : Avec le recul, as-tu l’impression d’avoir fait fausse route ? 

 Samy Messaoud : Pas du tout. D’ailleurs, je n’ai aucun regret. Pour tout vous avouer, je suis fier !

 Coulissesmédias : Quelles ont été les réactions de tes proches et de ta famille ?

 Samy Messaoud : « T’es fou ! »

 Coulissesmédias : Certains t’ont mis en garde ou déconseillé ce clip lorsqu’il était encore dans sa phase de projet ?

 Samy Messaoud : Pas du tout. Ils ont tout simplement compris pourquoi je faisais ça. Je ne l’ai pas fait pour choquer le public. Et puis, il n’y a rien de choquant.

 

 Coulissesmédias : Comment as-tu abordé ce tournage ?

 Samy Messaoud : Ma seule condition était de ne pas rendre le clip trop hard. Il ne fallait pas que l’on entre dans un porno mais au contraire, que ça reste élégant. Et pour la petite histoire, rien n’a été coupé au montage. (rires).

   Coulissesmédias : Après ce coup médiatique, il y a ce risque d’avoir l’étiquette de chanteur gay ?

Samy Messaoud : Au contraire, si c’est pour arriver, je serais content !

  Coulissesmédias : L’effet buzz est garanti. Est-ce que tu souhaiterais t’assagir après ça ? 

 Samy Messaoud : On m’a déjà proposé plus hard. On m’a proposé de jouer un truc porno avec des acteurs connus pour un autre titre qui ne m’appartient pas. J’ai refusé. J’ai reçu beaucoup d’autres propositions plus intéressantes pour moi : des titres électro, des dates de concert, des chaînes de télé qui m’appellent…Ce clip, même s’il est boosté par le buzz actuellement, n’a rien d’un délire. Il y a le milieu gay et ses associations en jeu et je n’ai pas envie de les décevoir. Mais une chose est sûre, je n’en ai pas fini avec le côté sexy. Je peux l’affirmer : je le referai.

Coulissesmédias : Tu ne crains pas que le succès autour de ce titre ne soit finalement qu’une conséquence de l’effet buzz ?

 Samy Messaoud : C’était l’objectif. Maintenant si on est avant tout séduit par les images pour aimer le titre ensuite, ce n’est pas bien grave… Il suffit de regarder ce qui s’est passé pour Allan Théo (également en interview sur coulissesmedias.com) , c’était la même chose. Et il n’y a pas que lui. Ce qui intéresse, c’est l’image. Sauf qu’actuellement, on essaie de m’en donner une mauvaise que je n’ai pas.

  Coulissesmédias : Cet épisode dans ta jeune carrière tranche avec tes débuts. Tu semblais discret voire un peu lisse et mystérieux. Pourquoi cette volonté de te lâcher ?

 Samy Messaoud : Au départ, je passe pour être un peu foufou. J’aime beaucoup rire, délirer. Je fais un peu ce que je veux. Je n’ai pas de limites à partir du moment où on n’entre pas dans le trash. C’est tout à fait moi.

Coulissesmédias : Tu aurais pu faire ce clip tout lors de tes débuts ?

 Samy Messaoud : Si ça avait pu coller avec l’un de mes premiers titres, oui, bien sûr ! Ils ne s’y prêtaient pas. Quoique je peux très bien chanter à poil sur « homme de cœur, homme objet ». Avec Allan Vermeer, ça pourrait être pas mal. Faudrait qu’il lise cette interview pour qu’il nous dise par la suite s’il serait partant sur l’idée (rires).

 Coulissesmédias : Quel rapport entretiens-tu avec ton image ?

 Samy Messaoud : Je ne suis pas soucieux de mon image. Je suis comme dans la vie de tous les jours. J’adore rigoler.

 Coulissesmédias : L’homosexualité est un thème qui est très important pour toi. Est-il difficile de chanter sur ce thème ?

 Samy Messaoud : Personnellement, je n’ai pas du tout peur d’en parler. Je le fais sur scène devant des milliers de personnes. D’une façon générale, on peut dire qu’on avance. Tout est en train de s’ouvrir progressivement. Il y a trente ans, ça pouvait être choquant. Tout a changé, on voit même des gens nus dans la rue !

 Coulissesmédias : Selon toi, l’hypocrisie demeure ?

 Samy Messaoud : Il y a énormément. Il y a un internaute qui m’a laissé un message en me disant que mon clip était génial alors que quelques minutes plus tard, il me démolissait sur un site web. J’ai fait un copier/coller pour lui montrer à quel point il se contredisait… (rires).

 

Coulissesmédias : Comment tout a commencé pour toi ?

 Samy Messaoud : Tout a commencé avec un casting Ici Paris où j’ai eu la chance de rencontrer Frédéric Chabarot. Il m’a proposé de chanter en Belgique. Je me suis retrouvé en première partie d’Annie Cordy !!! Et…10 000 personnes ! J’ai ensuite enchaîné avec une tournée en compagnie d’Allan Vermeer, Nicolas Vitiello, Yoan Sover. Et j’ai poursuivi les tournées. Après une pause d’un an, je suis revenu avec « Je suis gay ».

  Coulissesmédias : Quel regard portes-tu sur toute cette période qui a précédé le buzz que tu connais aujourd’hui ?

 Samy Messaoud : Je me suis toujours éclaté. Je n’ai pas connu de vraies galères. J’ai toujours eu une vie stable remplie de très bons souvenirs.

 Coulissesmédias : Comment définis-tu ton style musical ?

 Samy Messaoud : Plutôt pop-électro.

 Coulissesmédias : Que t’a apporté la musique ?

 Samy Messaoud : L’éclat’ totale sur scène.

   Coulissesmédias : On te retrouve actuellement en tournée avec Natasha St-Pier et Allan Théo…Ta prestation ressemble à quoi ?

 Samy Messaoud :  J’interprète deux reprises et ensuite, je propose essentiellement de l’électro. Il y a 8 chansons sur scène. Je suis à fond à chaque fois. C’est quand je suis sur scène que les gens peuvent me critiquer. Mais, pas sur un clip. Et venez voir, c’est impressionnant car même sur « je suis gay », les gens applaudissent très nombreux !

 Coulissesmédias : On t’a presque découvert sur scène. On te voit très peu dans les médias. Pourquoi ?

 Samy Messaoud : Ça commence actuellement. Il faut beaucoup de temps pour percer et se faire connaître. Allan Vermeer, lui aussi, en sait quelque chose, après avoir été mis en avant sur France 2. C’est difficile de durer. Pour faire un buzz, il faut de la chance. Et, c’est un peu du quitte ou double.

Coulissesmédias : La notoriété, c’est difficile à construire ?

 Samy Messaoud : Bien sûr. Elle ne vient pas du jour au lendemain. Avoir une notoriété et garder les pieds sur terre, c’est la meilleure des choses pour un artiste.

  Coulissesmédias : Parle nous de ton univers. Que fais tu entre deux concerts ?

 Samy Messaoud : De la danse. J’ai arrêté la gym. Sinon, je consacre beaucoup de temps à mes potes.

 Coulissesmédias : De quels artistes te sens-tu le plus proche ?

 Samy Messaoud : J’adore Mika, le hip-hop, l’électro, David Guetta, etc.. Je ne suis pas un grand fan de Lady Gaga même si j’aime beaucoup « Born this way ». Je ne suis pas fan d’un artiste car j’écoute beaucoup de choses.

 

   Coulissesmédias : Ta plus grande histoire d’amour…C’est la musique ?

 Samy Messaoud : Oui (rires). Surtout en ce moment ! Je ne pensais pas vraiment buzzer autant. Il se dit même que c’est le clip le plus hot du monde !

 Coulissesmédias : Cette période actuelle est-elle difficile à gérer quand on est artiste ?

 Samy Messaoud : Je m’y attendais. Je me suis préparé. Je savais que ça allait générer beaucoup de critiques. Après, c’est à moi de me défendre. J’espère que les gens qui me liront ou me verront à la télé me comprendront mieux après.

 Coulissesmédias : Quels sont tes projets ?

 Samy Messaoud : La promo de « Je suis gay » dans de nombreuses discothèques gays tout cet été et même à la rentrée. L’année prochaine, il y aura une nouvelle tournée et probablement une quarantaine de dates pour un autre show qui est en cours de réflexion actuellement.

 Coulissesmédias : Pour terminer, qu’est-ce qu’il y a de plus gay chez toi ?

 Samy Messaoud : Ma chanson (éclats de rire).

 Propos recueillis par Mickaël ROIX.

Photos : D.R