Quand GULLI emmène les enfants à l’Elysée…(1/3)

Arnaud Ngatcha : « L’Elysée n’est intervenu à aucun moment »

 

Producteur du documentaire « Gulli à l’Elysée », Arnaud Ngatcha s’est confié à coulissesmedias.com sur la naissance de ce projet et les portes qui lui ont été ouvertes à l’Elysée. Cinq émissions de 5 minutes seront diffusées sur Gulli du 14 au 18 septembre, avant une diffusion du documentaire de 52 minutes le 20 septembre, jour des Journées européennes du Patrimoine, à 19h30.

Copyright Présidence de la République - J.Bonet

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Coulissesmédias : À l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, Gulli débarque à l’Elysée. Comment est venue l’idée du projet ?

Arnaud Ngatcha : Cela faisait un moment que j’y réfléchissais. Il y a trois ans, j’étais directeur des magazines culturels de France 2 et donc dans mes attributions il y avait notamment « Secrets d’Histoire » et je me rendais compte que sur cette émission, il y avait du public plus jeune qui venait sur notre antenne. Quand je me suis retrouvé producteur, l’idée m’est venue de réfléchir à un programme qui mette en avant notre Histoire, et de permettre au jeune public un peu de comprendre nos institutions. J’ai demandé d’abord à voir Gérald-Brice Viret. On a commencé à réfléchir à ce que pourrait être une idée de cette sorte par rapport à leur antenne et  très rapidement, je lui ai proposé une formule avec de l’immersion et des enfants. Au départ, je pensais à Versailles et puis je me suis dit qu’il serait bien de faire un coup. Pourquoi pas avec l’Elysée ? J’y avais des contacts  et très rapidement les choses se sont faites,  l’Elysée a dit « oui ».

 

Coulissesmédias : Y compris pour obtenir toutes les autorisations nécessaires ?

Arnaud Ngatcha : J’ai présenté le projet à l’équipe de communication du Président et très vite, ils ont adhéré. Une fois cette adhésion faite, il y a une note faite au Président de la République mais les choses se sont faites assez facilement. Je pense qu’ils ont compris la démarche qui était citoyenne, éducative vis-à-vis des enfants. Après, il y avait la logistique parce qu’on doit s’insérer dans un lieu qui est un lieu de travail, qui est le lieu où vit le Chef de l’Etat et donc c’était plus l’organisation parce que très vite j’ai sollicité l’interview du Président de la République. Sur le principe, ils n’ont pas dit non mais il fallait que le Président donne son accord, bien évidemment, d’où l’objet de la note, avant de trouver la bonne date. On est soumis à l’actualité, on avait des jours de tournage et malgré tout il y a la vie de l’Elysée et c’est ça le plus compliqué, c’est de s’insérer dans le dispositif de l’Elysée au quotidien.

 

« C’est assez énorme ce à quoi on a eu le droit »

 

Coulissesmédias : Vous avez subi des refus par rapport à l’écriture du documentaire ?

Arnaud Ngatcha : L’Elysée n’est jamais intervenu, à aucun moment. Vraiment, je tiens à le dire.  Evidemment, on a choisi avec eux ce qu’on voulait tourner. Ils m’avaient demandé ce que je voulais faire, alors je leur avais dit une interview du Président, une rencontre avec les personnels du Palais, le 14 juillet. Les demandes ont été, dans l’ensemble, satisfaites et c’est même eux qui ont proposé la rencontre d’Etat. Nous n’avons pas eu de refus à l’exception de quelques détails : des choses qu’on n’a pas pu faire parce que ça ne pouvait pas s’insérer au moment où on voulait le faire parce que le Président était là. Quand le Président est là, il y a un certain nombre de salles auxquelles on ne peut pas avoir accès parce qu’il reçoit des invités/  C’est assez énorme ce à quoi on a eu le droit.

 

Coulissesmédias : Et aucun problème pour descendre les Champs-Elysées le 14 juillet avec les enfants ?

Arnaud Ngatcha : Aucun. Je tiens à dire merci aux Armées, parce qu’il y a l’Elysée et après il y avait la négociation avec les Armées et il faut savoir que le jour du 14 juillet, c’est vraiment eux qui sont à la manœuvre. L’Elysée nous a mis en contact avec le Gouverneur militaire de Paris, avec les autorités militaires et on leur a expliqué la démarche. Ils l’ont comprise et ils nous ont accordé ce qui ne se fait jamais parce que normalement c’est TF1 et France 2 qui ont l’exclusivité pour tourner le 14 juillet. Là, ça a été exceptionnel parce que Joan et les enfants se sont retrouvés sur les Champs-Elysées, au milieu des armées françaises et on a pu descendre l’avenue, rejoindre notre tribune officielle. Ça  a été un moment un peu surréaliste. Mais vous savez, je pense que dans les tournages, c’est comme dans la vie, c’est-à-dire que quand ça démarre bien, généralement tout se passe bien et en fin de compte, ce tournage a été du début à la fin un enchaînement de bonnes choses avec une bonne énergie. Je pense que les enfants aussi ont aussi eu l’adhésion de beaucoup de ceux qu’ils croisaient, que ce soit dans le Palais ou en dehors. La confiance était établie et je pense que leur fraîcheur plaisait beaucoup aussi. C’est l’intérêt de la démarche, montrer que de jeunes enfants peuvent s’intéresser à notre Histoire, aux institutions. La séquence avec l’Armée est assez inédite je pense parce qu’on en a une image un peu distante et on voit bien que quand on les intègre aussi, quand on va vers eux, ils répondent présents et il y a un intérêt pour les enfants de rencontrer les militaires.

 

« Najat (…) fait vivre la séquence »

 

Coulissesmédias : La rencontre avec Najat Vallaud-Belkacem, c’était une évidence ?

Arnaud Ngatcha : Najat, c’est la Ministre de l’Education nationale, alors évidemment avec des enfants ça paraissait normal et puis l’idée c’était, pour comprendre le Conseil des Ministres qu’un des enfants arrive avec un des ministres. Najat Vallaud-Belkacem était donc la plus disposée. Elle a tout de suite dit oui en proposant de prendre un enfant dans sa voiture pour l’accompagner au Conseil des Ministres. Grâce à elle, cette séquence du Conseil des Ministres a été exceptionnelle parce que ça n’a jamais été fait, même dans un reportage pour les adultes : jamais une caméra n’a été autorisée à filmer les instants avant le Conseil. Montrer Najat qui amène les enfants, interpelle les ministres, fait vivre la séquence en fait. C’est exceptionnel.

 

Coulissesmédias : Comment ont été castés les enfants ? Vous en avez parlé avec l’Elysée ?

Arnaud Ngatcha : Notre choix s’est fait en accord avec Gulli. L’’idée, c’était d’avoir des enfants représentatifs de la classe moyenne française, et surtout pas des enfants privilégiés. Gulli était également très attachée à ce qu’il y ait une diversité dans les profils donc comme dit le Général, ils représentent la France d’aujourd’hui. Très vite, il y a des profils qui se sont dessinés et l’Elysée a découvert le casting quand on leur a présenté. L’Elysée n’est intervenu à aucun moment, ils n’ont pas visionné le documentaire, même pas la séquence du Président.

Copyright A Prime News - MS Barthout

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Coulissesmédias : Vous avez donc pu faire tout ce que vous vouliez ?

Arnaud Ngatcha : Entièrement, et d’ailleurs je pense que ça se sent, ce n’est pas politique en fin de compte. On m’avait posé la question, « est-ce que vous n’avez pas peur d’une récupération politique ? » mais je pense que le programme le montre, le chef de l’Etat lui-même il est dans son rôle de Chef d’Etat, il ne représente pas un président socialiste  et il essaie d’expliquer aux enfants ce qu’est son travail.

 

« Ça se rapproche un peu de « Secrets d’Histoire » pour les enfants »

 

Coulissesmédias : Il y aura une suite ?

Arnaud Ngatcha : On y réfléchit  avec Gérald-Brice Viret et Caroline Cochaux, les représentants de la chaîne Gulli. Mais il faut que ces programmes restent des moments événementiels parce qu’évidemment les dispositifs sont très lourds en terme de moyens pour la chaîne et il faut garder ce côté un peu exceptionnel. Pour moi, ça se rapproche un peu d’un « Secrets d’Histoire » pour les enfants.

 

Coulissesmédias : C’était votre ambition de transposer « Secrets d’Histoire » pour un autre public ?

Arnaud Ngatcha : Exactement.  Quand j’ai dirigé les services culturels de France 2, c’est une émission que j’ai vraiment beaucoup aimée et j’en ai vu le bon côté, c’est-à-dire ce côté éducatif mais en même temps qui se met tout en étant exigeant dans la qualité, qui dans la forme, permet à chacun d’y rentrer. Je pense que c’est ça souvent,  il y a des formes un peu lourdes, un peu pontifiantes qui font que tout de suite ça repousse le public et pour moi, l’idée, c’est de dire il faut trouver des formes nouvelles d’écriture pour amener des publics nouveaux et c’est le but d’un diffuseur.

 

Coulissesmédias : Combien y a-t-il eu de jours de tournage ?

Arnaud Ngatcha : Il y a quatre grandes journées de tournage, une consacrée à la visite des salons, du Palais, une qui a été consacrée au 14 juillet, évidemment, une dédiée entièrement au Président de la République et une pour le dîner d’Etat. On tournait avec des enfants donc il fallait aussi s’adapter aux horaires des enfants  Encore une fois ce qui était le plus compliqué, une fois qu’on avait l’autorisation, ce n’était pas les restrictions à l’intérieur de l’Elysée des équipes qui étaient vraiment disponibles. Mais,  c’était de travailler au quotidien. Les jours de tournage notamment, il est impossible d’essayer de s’installer pendant sept jours d’affilés parce qu’il y a des journées on ne peut pas tourner parce que le Président n’est pas là, parce que le Président a son agenda qui fait que les caméras ne peuvent rentrer dans le Palais de l’Elysée. Donc ce qui était compliqué, c’était comment faire rentrer dans un nombre de journées qui étaient possibles pour l’Elysée ce programme de 52 minutes. Les quatre jours correspondaient à des moments disponibles à l’Elysée, bien évidemment à aucun moment on ne s’y retrouve seul et quand le Président est là, la sécurité est encore plus importante et on circule moins dans le Palais.

 

Coulissesmédias : Les enfants avaient été briefés avant ?

Arnaud Ngatcha : Les enfants, à aucun moment on leur dit il faut faire-ci, il faut faire-ça. On leur a jamais dit il faut que vous vous comportiez comme-ci, comme-ça et je pense que c’est ce qui permet la spontanéité que vous voyez sur le programme.

 

Coulissesmédias : Il y a quand même des petites mises en scène ?

Arnaud Ngatcha : Bien sûr, il y a des plateaux de lancement évidemment parce qu’on avait besoin d’avoir des transitions parce que sinon pour le 52 on n’aurait pas pu construire. Donc effectivement on avait ces plateaux de lancement qui étaient travaillés. On ne leur a pas dit quelles questions ils poseraient au Président, on leur a demandé quelles questions ils voulaient poser au Président et chaque enfant nous a donné une liste de questions. Et on a fait des choix parce qu’on savait qu’on n’avait que quinze minutes.

 

« Nous ne sommes pas une émission politique »

 

Coulissesmédias : Et l’Elysée n’a pas souhaité voir les questions en amont ?

Arnaud Ngatcha : Pas du tout, la seule chose c’était « pas de question sur la vie privée du Président ». On en avait parlé avec Gulli, nous ne sommes pas une émission politique, nous ne sommes pas là pour ça, au même titre que la vie privée.

 

Rendez –vous  du 14 au 18 septembre sur Gulli à 20h45.

A suivre sur Coulissesmédias : deux autres interviews à découvrir durant la semaine.

 

Propos recueillis par Antoine Rogissard et Mickaël Roix