Du haut de ses 5o ans, France Culture n’a jamais été aussi jeune, innovante, et particulièrement audacieuse ! Son secret ? Certainement le nouvel atout de la radio avec Olivier Poivre D’Arvor à la tête de la station. Il est notre invité.
Coulissesmédias : Merci de nous accueillir au 22ème étage de la maison de la radio, je crois même que c’est la première fois que vous recevez dans cet endroit, c’est assez insolite ?
Olivier Poivre D’Arvor : Oui on a une belle vue sur Paris et c’est effectivement la première fois. C’était une bonne occasion de faire découvrir ce lieu à nos amis journalistes
Coulissesmédias : A votre avis qu’est-ce qui fait le succès de France Culture ?
Olivier Poivre D’Arvor : Il ne faut pas être mégalo, c’est vrai que la chaîne marche très bien, elle est construite sur des fondamentaux anciens, 5o ans bientôt en 2013 donc elle est solidement armée , elle a un public de fidèles mais depuis quelques années il y a un nouveau public qui arrive. Ce sont des jeunes, mais qui n’écoutent pas la radio toute la journée et qui ont besoin de trouver du contenu, des informations et, du coup, nous avons tout fait pour faire évoluer la grille sans trop la perturber et c’est toujours très difficile.
Coulissesmédias : J’ai été très surpris de la jeunesse de votre équipe !
OPDA : Oui c’est vrai, l’image de la radio n’est pas celle la ! Les gens imaginent autre chose, l’émission la plus podcastée a 28 ans et c’est un peu ma volonté aussi de faire ce pari. C’est toujours plus facile de faire appel à des gens très reconnus dont les auditeurs sont habitués mais une radio culturelle ne peut pas ne pas faire le pari de la création, de l’innovation et de la féminisation.
Coulissesmédias : Vous évoquez les podcasts : la vraie innovation de France Culture, c’est que l’on peut télécharger les émissions pendant 1 an ?
OPDA : Oui c’est la nouvelle importante du jour! Jusqu’à maintenant, c’était 15 jours et à partir de la rentrée, le téléchargement sera possible sur une année !
Coulissesmédias : C’est très novateur tout ça !
OPDA : Oui et ça demande du boulot mais cela va permettre un téléchargement beaucoup plus important de la chaîne.
Coulissesmédias : Vous venez d’un univers très littéraire. Depuis 2010, vous êtes sur France Culture. Comment avez-vous vécu ce changement ?
OPDA : C’est un média très particulier, je pense que j’ai à la fois ce goût de la communication, de la transmission et en même temps ce qui m’intéresse d’abord c’est le sens et les contenus , plus que le média pour le média, donc je pense que c’est une belle rencontre j’espère il faut le demander aux gens qui travaillent avec moi.
Coulissesmédias : Avez-vous rencontré des difficultés pour mettre en place vos idées et lancer une nouvelle grille ?
OPDA : Chaque jour le chemin peut être difficile et le difficile c’est le chemin ! L’équation consiste d’aller vers l’audace, de changer tout en ne changeant pas trop. On n’a pas cessé de me dire en arrivant à France Culture : « A la radio, il ne faut pas trop bouger les choses. Il faut être prudent et y aller doucement ». Je suis très heureux dans cette radio, c’est magnifique de pouvoir travailler avec des gens intelligents.
Coulissesmédias : C’est quoi la touche de OPDV ?
OPDA : Certainement de m’y consacrer complètement, à plein temps, passionnément, de manière assez engagée , d’être là à 7 heures du matin jusqu’à tard le soir ! C’est aussi de faire confiance une fois que je confie les rênes d’une émission. Les gens ont une liberté éditoriale totale. Un exemple : pendant la période électorale, cette radio n’a reçu aucune consigne ! Je me souviens d’un jour où Nicolas Sarkozy m’avait attaqué en disant : « Est-il normal qu’un directeur d’une station publique soit engagé à gauche ? ». Je suis très soucieux des équités politiques.
Coulissesmédias : Outre la politique, sur France Culture, on va également beaucoup voyager ?
OPDA : Oui, c’est une radio qui je pense pourrait être l’enfant génial presque plus intelligent que ses parents, de Rfi et de France Inter à la fois, de la très bonne radio de service public mais c’est un enfant qui a fait plus d’études donc qui est plus sophistiqué et tout le monde peut l’écouter. C’est très ouvert : vous n’avez pas besoin d’aller en fac pour comprendre cette radio ! Mais elle n’a pas encore cette image ! Et tout mon travail, c’est de la rendre accessible.
Coulissesmédias : Elle risque de le devenir sous peu avec le lancement de France Culture Plus qui se fera début octobre…
OPDA : Oui, nous tentons de créer une seconde radio sur le web qui va s’attacher beaucoup à la vie des étudiants. Ils vont faire de la radio et c’est un pari, ce sera une radio pour intéresser celles et ceux qui entre 18 et 30 ans sont dans ce mouvement , dans la découverte du monde, de l’eau…
Coulissesmédias : Il y a aussi France Culture dans sa version « papier »…
OPDA : C’est un produit qui est assez étonnant , il y a eu 35 000 exemplaires vendus pour le premier numéro et il faut rappeler que c’est fait essentiellement avec les contenus de la radio. Rien n’est rajouté. En fait, j’ai envie de donner à lire cette radio, elle doit être vue !
Coulissesmédias : Et puis, bientôt les 50 ans de la radio !
OPDA : Je réfléchis beaucoup aux 50 ans le France Culture. Il y a à la fois un devoir de retransmission, de respect qui à été fait… Et il faut inventer quelque chose de nouveau.
Coulissesmédias : Est-ce que l’écrivain que vous êtes, nous prépare quelque chose ?
OPDA : Je vais écrire un roman, je vais aller me cacher ! (Rires). Je vais écrire une fiction sur une petite fille de 10 ans.
Coulissesmédias : A découvrir prochainement sur France Culture ?
OPDA : Non ! C’est ça qui est un peu casse-pieds, ce n’est pas juste (Rires).
Interview : Romain Canot
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