Lionel Rosso (L’EQUIPE 21) : « J’ai la volonté d’aller vers le divertissement et le jeu »

Figure emblématique de Canal+ durant 4 ans, Lionel Rosso a rejoint en 2012 L’Equipe 21 où il présente les éditions du week-end et l’émission « Question de sport ». Alors que la Coupe du monde de football bat son plein au Brésil, le journaliste revient sur son arrivée sur la chaîne d’info sportive de la TNT et ses bons résultats d’audience tout en avouant qu’il souhaiterait découvrir l’univers du divertissement et du jeu à l’avenir.

Lionel Rosso (c) Thierry Stein

Lionel Rosso (c) Thierry Stein

Coulissesmedias.com : Quel dispositif a mis en place L’Equipe 21 à l’occasion de la Coupe du monde ?

Lionel Rosso : Un dispositif simple et exhaustif puisque la chaîne est aux couleurs du Mondial du matin jusqu’au soir voire une partie de la nuit. On bénéficie à la fois des infrastructures du journal L’Equipe et de ses journalistes mais aussi des envoyés spéciaux de la chaîine, en duplex en permanence, au plus près de l’équipe de France. Il y a une vraie synergie puisqu’il arrive que les envoyés spéciaux du journal interviennent à l’antenne. Pour le reste, sur l’ensemble de la semaine, on retrouve une matinale dédiée au Mondial, une émission à la mi-journée puis l’après-midi l’émission de débriefing « Bonjour Rio », « L’équipe du Brésil » en access prime-time que je présente entre 17h et 21 le samedi et le week-end et en 2ème  partie de soirée, « L’équipe du soir ».

Coulissesmédias : Vous étiez présent au lancement de L’Equipe 21 en décembre 2012. Aujourd’hui, le bilan est plutôt positif ?

Lionel Rosso : C’est un bon bilan. En fait, il y avait déjà une infrastructure, L’équipe tv, et il a fallu se mettre au niveau de la TNT et de ses exigences techniques, artistiques ou éditoriales. Il y a forcément beaucoup plus de monde qui regarde et on s’en rend compte dans les audiences notamment par rapport à la Coupe du monde. Sur les émissions que je faisais le jeudi soir, en access et en 2ème partie de soirée le week-end, il y a un réel intérêt, surtout quand il y a de gros évènements. Certes, on a diffusé de la boxe, du foot ou du judo mais sur les émissions de débrief, le bilan est bon parce qu’on a réussi, avec les moyens de cette chaîne, à installer des rendez-vous, des émissions et surtout des personnalités à travers des consultants et des chroniqueurs. En ce qui me concerne, le bilan est positif puisqu’il m’a permis de garder le contact avec la télévision avec une visibilité croissante donc tout va bien.

Coulissesmédias : On vous a vu sur Canal+ et sur Direct 8, des chaînes plus généralistes. Qu’est-ce qui vous a attiré sur une chaîne d’info ?

Lionel Rosso : La proposition de venir sur le terrain tout simplement. Le challenge était intéressant parce que c’était le lancement d’une chaîne. A l’époque, la proposition de Pierre Robert, l’ancien directeur général de la chaîne, était de trouver une couleur, une tonalité à L’Equipe 21 qui correspondait à l’équipe mais aussi à la personnalité des animateurs et donc essayer de créer sans cesse, de proposer des choses et d’innover parce qu’on n’a pas forcément les mêmes moyens que Canal+ ou beIN Sports, surtout en terme d’audimat. Il faut être différent et c’est ce qu’on s’efforce d’être chaque jour.

« C’était très tentant d’aller au Brésil mais je n’ai pas de frustration »

JUIN 20145DTHIERRY STEIN_8

Lionel Rosso (c) Thierry Stein

Coulissesmédias : A quoi ressemble l’une de vos journées type ?

Lionel Rosso : Comme j’ai des collaborations variées, je ne suis pas ici 7 jours sur 7 mais en général, j’arrive en fin de matinée à la rédaction, s’ensuit une lecture impérative des journaux, L’équipe et Le Parisien, comme je le fais depuis des années. A la mi-journée, on rédige un premier pré-conducteur des émissions à venir. On s’était vu la veille avec les équipes le vendredi par exemple pour préparer le samedi et le dimanche pour avoir quelque chose d’assez généraliste et après on commence à travailler sur les lancements, les chroniques des uns et des autres, les images. Il faut être extrêmement polyvalent, personne n’écrit mes fiches, il n’y a pas de prompteur. Personne ne m’indique le contenu des séquences que je vais envoyer, il faut que je la regarde si je veux savoir de quoi je parle. Il y a aussi toutes les préparations puis les émissions, le premier direct de 18h et aux alentours de 23h-minuit, repas frugal à la cantine.

Coulissesmédias : L’Equipe 21 a réalisé une semaine historique entre le 16 et le 22 juin grâce à la Coupe du Monde avec 0.9% de part de marché (soit plus du double du mois d’avril). Ces résultats dépassent-ils vos attentes ?

Lionel Rosso : Non, si une chaîne de sports gratuite comme L’équipe 21, avec la légitimité et la marque de L’équipe, ne fait pas de bons chiffres pendant la Coupe du monde, quand le fera-t-on ? C’est normal, il y a un tel engouement, toutes les chaînes qui parlent du Mondial font de bons chiffres.

Le reste de l’année, on fait également de bonnes audiences. Sur mes émissions, elles sont extrêmement satisfaisantes parce qu’il y a une population qui vient naturellement, notamment sur les émissions après 23h, les émissions de débrief. Ceux qui n’ont pas les abonnements veulent avoir des images, des analyses, des premières réactions à chaud donc là il y a un vrai carrefour à prendre. Ce n’est pas une surprise parce qu’on a déjà fait de bonnes audiences, pas sûr une période aussi longue mais sur des matchs de tours préliminaires de Ligue des champions où l’on a battu des records avec des pointes à 1 million ou avec la cérémonie du Ballon d’or. On était dans des chiffres beaucoup plus exponentiels mais sur de plus courtes périodes, plus événementielles.

Coulissesmédias : N’est-il pas frustrant de rester dans vos studios de Boulogne-Billancourt alors que vos collègues assistent aux matchs au Brésil ?

Lionel Rosso : C’est sûr qu’être au Brésil pour la Coupe du monde, c’est quelque chose de très tentant mais je n’ai pas de frustration, je m’étais fait une raison. J’ai été longtemps grand reporter donc j’étais tout le temps sur le terrain notamment lorsque j’étais sur Europe 1. Quand je suis passé à Canal+, les choses ont un peu changé. Je suis devenu un journaliste plus sédentaire. Quand on présente des émissions en plateau en général  ça se fait plutôt à Paris. A Canal+ par exemple, lorsqu’on a fait les JO, certes on avait des équipes sur les JO de Pékin, mais je présentais les émissions quotidiennement depuis Boulogne.

Coulissesmédias : Etes-vous un grand sportif en dehors des plateaux de télévision ?

Lionel Rosso : Aujourd’hui, je pratique juste du sport d’entretien. Même plus de jogging. J’ai trop couru avant, je me préparais au semi-marathon. J’ai fait beaucoup de foot mais aujourd’hui, c’est de la salle, c’est de l’exercice, pour rester jeune (sourire).

« J’espère incarner un feuilleton documentaire en immersion »

Lionel Rosso (c) Thierry Stein

Lionel Rosso (c) Thierry Stein

 

Coulissesmédias : Quelle est la stratégie de L’Equipe 21 pour fidéliser le public ?

Lionel Rosso : Le modèle de la chaîne est très simple, c’est un triptyque. Il y a un premier point qui est l’info avec les journaux, un deuxième qui est les émissions de magazine, de divertissement et enfin l’évènement. Sur la Coupe du monde, on a eu les matchs de préparation de la Belgique, de l’Espagne, du Portugal donc, c’est quand même assez intéressant. Les négociations se font aussi par rapport aux accords qu’on peut avoir avec le CNOSF (ndlr : le Comité national olympique et sportif français) sur ce qui peut être éventuellement acquis au terme de négociations. Il est évident que la chaîine ne se positionne pas sur le marché des droits comme peuvent le faire Canal+ ou beIN Sports mais chaque opportunité est saisie.

Coulissesmédias : Comment définiriez-vous le ton L’Equipe 21 en trois mots ?

Lionel Rosso : Disons experte, dynamique et puis conviviale.

Coulissesmédias : Quel est votre programme pour la saison prochaine ?

Lionel Rosso : A la rentrée, il risque d’y avoir des aménagements. Pour l’instant, c’est malheureusement un peu prématuré d’en parler mais il y a plusieurs projets. Une émission comme c’était le cas actuellement mais il y a aussi un magazine de la rédaction en préparation qui va peut-être démarrer en octobre. Ce sera une sorte de « 7 à 8 » du sport. Les émissions de talk qu’il peut y avoir pour moi seront également positionnées sur la chaîne. Est-ce que ce sera aux mêmes heures le week-end ? Cela n’est pas encore défini. J’espère aussi incarner un projet de feuilleton documentaire en immersion dans un club de Ligue 1.

Coulissesmédias : Malika Ménard sera-t-elle toujours présente à la rentrée ?

Lionel Rosso : Elle va continuer à travailler bien sûr. Cela s’est bien passé et elle veut continuer notamment sur des formats sur lesquels elle est plutôt à l’aise et tout à fait légitime et naturelle, à savoir des entretiens avec des personnalités, du sport ou pas.

« Naturellement je me destinerais plus à l’univers du jeu, du divertissement »

JUIN 20145DTHIERRY STEIN_1

Lionel Rosso (c) Thierry Stein

Coulissesmédias : Vous avez surpris beaucoup de monde en quittant Canal+ pour rejoindre La Française des Jeux en 2008. Comment est née cette association ?

Lionel Rosso : Cela s’est fait assez naturellement. J’étais à Canal+ depuis 4 ans quand ils m’ont approché au mois de septembre. J’avais trois émissions donc la situation était plutôt correcte et même confortable. J’aime me mettre en danger, avoir de nouveaux challenges et pouvoir essayer de picorer, mais pas dans le sens péjoratif du terme. La FDJ m’a proposé de travailler sur l’ouverture du marché des jeux en ligne et je réunissais, par rapport à ma petite notoriété, les éléments qui m’ont permis d’aller chez eux pour travailler sur le contenu radio, télé, internet, conseil et communication interne et externe.

Il s’avère qu’ils m’ont permis également, ce qui n’était pas forcément le cas à Canal+, d’avoir des collaborations extérieures, notamment en retrouvant la radio.

Coulissesmédias :  Vous animez l’émission de débat « Question de sport » depuis septembre 2013. Aimeriez-vous vous incarner d’autres types de formats ?

Lionel Rosso : Absolument oui. J’ai la volonté de faire autre chose que du sport sans pour autant arrêter d’en faire. C’est pour cela que j’avais travaillé sur des docus réalités et aujourd’hui dans mes projets il y a cette volonté d’aller plus vers le divertissement et le jeu parce qu’il y a un vrai lien avec l’univers du sport et avec ma personnalité, c’est-à-dire l’empathie qu’il peut y avoir avec les gens, le côté challenge et performance. En plateau ou en dehors, il peut y avoir des jeux. Denis Brogniart vient du journalisme de sport, je l’ai bien côtoyé à Europe 1, il y a aussi le cas de Thomas Thouroude qui lui fait plus du talk (ndlr : il anime « Le Before du Grand Journal » sur Canal+).

Coulissesmédias : Est-ce une requête ?

Lionel Rosso : Dans ce métier, c’est toujours difficile de demander, on ne peut rien exiger, surtout quand on est comme moi marqué sport. On aime bien mettre les gens dans des cases, cela rassure et moi au contraire, j’ai envie d’ouvrir les fenêtres et de montrer que je sais faire autre chose et surtout que le sport est une véritable passion mais que je ne me destinais à ce métier quand j’étais plus jeune. Il y a beaucoup de mes confrères pour qui c’était un vrai sacerdoce d’être journaliste de sport. Je ne me destinais pas du tout au journalisme, je voulais vraiment être animateur. Disons que je pense que naturellement je me destinerais plus à l’univers du jeu, du divertissement. J’ai d’ailleurs commencé en étant animateur radio et DJ à Marseille il y a très longtemps. Aujourd’hui, je me sens journaliste dans l’âme, passionné de sport et légitime dans ce domaine mais pas uniquement. J’ai eu la chance d’intégrer le casting des personnalités de l’émission « Mot de Passe » sur France 2, avec Patrick Sabatier et j’ai pris beaucoup de plaisir à le faire parce qu’on est dans un rapport de défi, de travail d’équipe avec les différents candidats qui ne sont jamais les mêmes et qui ont des caractères et des profils différents. Cela ne veut pas dire que je jette bébé avec l’eau du bain. Je garde mon pré-carré sport qui reste mon fond de commerce d’une certaine manière.

« Le mercato n’est pas fini mais il se peut qu’il y ait de bonnes nouvelles »

Lionel Rosso (c) Thierry Stein

Lionel Rosso (c) Thierry Stein

Coulissesmédias : Quels seraient vos « points forts » en tant qu’animateur ?

Lionel Rosso : Sur la technique, la mécanique de présenter ou d’animer une émission, on parle de sport ou d’autre chose, finalement c’est votre personnalité et votre inconscient qui renvoient des choses. Moi je suis vraiment dans cet état d’esprit de prendre du plaisir, d’être curieux de tout, de donner mon point de vue et je sais que dans ma manière d’animer, l’une de mes forces en tout cas c’est de savoir distribuer la parole, mettre les gens en relief donc j’ai envie de l’exploiter dans le sport et ailleurs.

Coulissesmédias : Vous avez beaucoup bougé dans votre carrière, risque-t-on de vous entendre à nouveau à la radio prochainement ?

Lionel Rosso : Disons que je ne l’ai pas vraiment quittée parce que quand je suis parti après 10 ans d’Europe1 pour aller sur Canal+, je suis revenu pendant 4 ans sur RTL, par le biais justement de la FDJ et des émissions

qu’on avait mis en place quotidiennement. J’y suis encore retourné récemment pour participer aux débats sur la Coupe du monde.

Coulissesmédias : Avez-vous reçu des propositions ?

Lionel Rosso : On a toujours des contacts avec des médias en radio ou en télé, parce que ce métier est fait de cela. Il faut toujours que les choses se mettent en place. Le mercato n’est pas fini donc c’est difficile

aujourd’hui d’en dire plus mais il se peut qu’il y ait de bonnes nouvelles… ou pas (sourire).

Coulissesmédias : Vous vous êtes essayé à tous les exercices dans le journalisme sportif. Lequel préférez-vous ?

Lionel Rosso : C’est difficile de choisir entre son père, sa mère, ses frères et ses sœurs. Tout m’a plu, je me suis vraiment régalé à Europe 1 avec des émissions en studio mais aussi en faisant le tour du monde pour commenter de grands évènements. Participer au lancement d’émissions ou de chaînes a aussi été formidable. La découverte du poker et ma collaboration avec Patrick Bruel m’a beaucoup apporté humainement. C’est difficile d’extirper quelque chose, je mentirais ou je ne serais pas spontané si je devais faire un choix. C’est peut-être l’étape la suivante que je préfère, celle qui va venir bientôt, que je ne connais pas encore, qui ressemblerait peut-être à du jeu.

 

Propos recueillis par Olivier Sudrot.

Photos : Thierry Stein.