Avec « Les Carnets de Julie », Julie Andrieu s’intéresse à la gastronomie française sur France 3

Avec « Les carnets de Julie », l’animatrice Julie Andrieu fait son retour sur France 3. Un nouveau rendez-vous où il est uniquement question de la cuisine de nos régions. Julie Andrieu est notre invitée.

Julie ANDRIEU

Julie ANDRIEU - Crédits photos : Charlotte Schousboe / FTV et Guy Marineau

« France 5 m’avait attachée aux voyages à l’étranger »

Coulissesmédias : Vous inaugurez les « Carnets de Julie » sur France 3. De quoi s’agit-il ?

Julie Andrieu : Il s’agit d’une nouvelle émission qui va nous amener à visiter les différentes régions de France, on pourrait dire les pays comme on le disait autrefois, parce que c’est à une échelle encore plus petite qu’une région et on va parcourir ce pays de France en découvrant les spécialités gastronomiques qui, pour la plupart, sont en voie de disparition. C’est le but de l’émission de se retourner vers des traditions qui sont un peu délaissées parce que les femmes travaillent et que l’on a changé de mode de vie, que l’agriculture a évolué et d’essayer de retrouver ces recettes, ces savoir-faire, ces traditions, ces produits, qui étaient la gastronomie d’autrefois. A travers cette quête, essayer d’en savoir un peu plus sur la région, son patrimoine, parce que derrière la gastronomie, on apprend beaucoup de choses sur les hommes et sur les pays. J’en avais fait l’expérience dans mon émission précédente. Des vocations à la fois patrimoniales, un peu anthropologiques modestement et culinaires.

Coulissesmédias : Comment est né ce projet ?

Julie Andrieu : Ce projet, je l’avais en tête depuis longtemps, j’ai fait fusionner deux idées et j’avais écrit un projet qui était une sorte de conservatoire des traditions gastronomiques parce que partout où j’allais dans le monde, je me rendais compte que les gens me disaient : « Oh ma grand-mère savait le faire mais aujourd’hui vous savez, ça ne s’est pas transmis, parce que c’est une transmission orale pour la plupart du temps et on a plus le temps ». Je trouvais dommage que tout cela s’évapore dans la nature au profit d’une alimentation qui est un peu normée, mondialisée comme les produits. C’était en train de mûrir dans ma tête et parallèlement, je trouvais dommage de parcourir le monde sans connaitre davantage son pays. Il y a beaucoup de choses à savoir en France en matière de gastronomie, à connaitre, à cuisiner. Je me suis donc dit que ce petit conservatoire, pourquoi je ne le lancerai pas à en tisser la maille en France et c’est ce qu’on a fait. Nous avons eu une discussion instantanée avec France 3 parce que nous étions en contact depuis longtemps ayant fait une émission pendant deux ans chez eux et ils ont sauté sur le projet comme c’est en phase avec leur ligne éditoriale.

Coulissesmédias : Et pourtant, vous êtes très attachée à France 5 ?

Julie Andrieu : France 5 m’avait attachée aux voyages à l’étranger, et pour eux, c’était compliqué de me sortir de cette case là. Il est vrai que je leur ai proposé plusieurs fois des émissions en France mais la chaîne me veut à l’étranger. Puis, j’avais aussi des choix de vie personnels qui faisaient que c’était de plus en plus compliqué de partir à l’étranger, en tout cas à ce rythme et France 3 l’a sans doute senti ou appris et ils sont venus me chercher pour cette émission

Coulissesmédias : C’est une énième émission culinaire, est-ce qu’il y a un risque de saturation pour le téléspectateur ?

Julie Andrieu : Je ne sais pas trop car il est vrai que je ne regarde pas beaucoup les autres émissions pour être honnête, pas plus les culinaires qu’autre chose. Mais vous savez, c’est paradoxal parce qu’en même temps, ça fait 16 ans que je fais de la cuisine à la télé. Quand je suis arrivée, j’ai entendu pendant 10 ans que ça n’allait intéresser personne, que l’on ne ferait jamais d’émission, en tout cas avec un long format de cuisine, que tout cela était confidentiel… D’une certaine façon, je me réjouis de voir qu’aujourd’hui, c’est plus qu’une revanche et, au contraire, on a la preuve que la cuisine intéresse les gens, que c’est devenu un véritable loisir, une forme de culture et je trouve que c’est positif. Maintenant, nous, en tout cas, on est très différents des émissions de téléréalité qui sont installées à des heures de grande écoute comme Master chef ou Top Chef.

Coulissesmédias : Justement, que pensez-vous de l’offre de programmes évoquant les thèmes de la cuisine sur les différentes chaînes ?

Julie Andrieu : Honnêtement, je ne suis pas très téléphage. Je regarde de temps en temps des choses, je les piste sur les programme télé et je me dis : « tiens ça, il faudrait que je regarde », mais c’est souvent en dehors de la cuisine, non pas pour un manque d’intérêt pour mes confrères mais simplement parce que je baigne déjà là-dedans toute la journée, donc j’ai plus envie de passer à autre chose quand j’allume la télé mais je les ai toutes vues au moins une fois. Ce n’est pas parce l’on parle de cuisine que l’on peut comparer toutes ces émissions, le traitement est tellement différent, que la cuisine est là, en tout cas pour ce qui est de la téléréalité, tout un sujet parmi d’autres. Mais finalement, la forme ne change pas, les trames ne changent pas, la mécanique non plus, donc on pourrait parler de bricolage, ce serait pareil !

Coulissesmédias : Souvent, la cuisine y est vue autrement, ça vous gêne ?

Julie Andrieu : Non, au contraire, ça ne me gène pas. Il y a une prolifération d’émissions de cuisine et c’est bien qu’il y est des traitements différents. Il y a beaucoup de chose à inventer au contraire. J’ai l’impression que nous sommes tous dans les mêmes créneaux mais je pense que l’on peut aller beaucoup plus loin, il suffit de regarder ce qui se passe dans les pays anglo-saxons pour voir qu’ils font preuve encore plus d’inventivité que nous. La cuisine était omniprésente sur les écrans, notamment en Angleterre et aux Etats-Unis, qui sont des pays pas forcément réputés pour leur gastronomie depuis bien plus longtemps que nous et les gens qui font de la cuisine à la télé s’en sont bien inspirés aujourd’hui. Je pense qu’il y a encore une large marge de progression. Maintenant, vous savez, j’ai toujours fait des choses parce qu’elles me plaisaient, m’amusaient, parce que je travaillais avec des gens qui m’intéressaient. Après, ça plait ou ça ne plait pas. De toute façon, on sait bien que la sanction arrivera quoi qu’il arrive, si ça ne plait pas, ça s’arrêtera et on fera autre chose. Mais je ne vais pas non plus me prendre la tête là-dessus. Je ne fais pas des projets en me disant « pourvu que ça touche telle cible » mais il est vrai que j’essaie d’être au plus proche de mon instinct, jusque-là, ça a plutôt bien marché donc, je continue et on verra bien …

Julie ANDRIEU

Julie ANDRIEU - Crédits photos : Charlotte Schousboe / FTV - Guy Marineau

« J’ai appris sur le tas en regardant faire »

Coulissesmédias : Vous pourriez juger vous-même les compétences d’un débutant cuisine dans un programme tv ?

Julie Andrieu : Oui, en même temps, vous savez, je n’ai jamais revendiqué un savoir académique, je n’ai pas fait d’école de cuisine, j’ai appris sur le tas en regardant faire, en faisant des erreurs moi-même, donc un apprentissage très empirique. Je me sentirais pas très à l’aise en donnant des conseils comme un Chef. Maintenant je pourrais au contraire faire partager aux gens ma connaissance des cuisines étrangères. Je cuisine tous les jours, j’étais encore en train de faire des galettes de maïs avant notre interview, une recette que j’ai apportée du Pays Basque, donc c’est toute la journée. Je n’ai pas ce côté normatif, qui peut vous dire, « dans la pâte brisée, il faut tant de pourcentage de farine par rapport à l’œuf ». Moi, j’ai vécu, j’ai expérimenté et quelques fois, je suis sortie des clous de la cuisine académique. Je ne me sens pas comme quelqu’un qui peut juger, c’est aussi une raison pour laquelle, je n’ai jamais souhaité monter un restaurant, ce n’est pas mon caractère de faire preuve d’autorité. La hiérarchie, ça ne me parle pas trop, ni au-dessus, ni en-dessous.

Coulissesmédias : Dans un autre registre, êtes-vous plus Jean-Pierre Coffe ou Jean-Luc Petitrenaud ?

Julie Andrieu : Je vais vous dire Jean-Pierre Coffe, parce que je le connais depuis mon enfance. C’est l’un des meilleurs amis de maman. J’ai passé un an chez lui quand j’avais 1 ou 2 ans, mais de dire que la cuisine vienne de là, c’est un peu tôt (rires). Il m’a toujours accompagnée avec beaucoup de bienveillance, de gentillesse. C’est quelqu’un que j’admire beaucoup parce qu’il a un savoir encyclopédique sur la cuisine. C’est un ami et un parrain à la fois.

Coulissesmédias : Est-ce que l’on peut encore imaginer d’autres façons pour évoquer la cuisine en télé ?

Julie Andrieu : Bien sûr. On peut imaginer beaucoup d’autres façons d’évoquer la cuisine. J’ai d’ailleurs pleins de projets qui sont dans les tiroirs dont je me dis qu’un jour, je les sortirai. Il est vrai que j’aime écrire. Dès que j’ai une idée qui me traverse l’esprit, je la mets sur le papier comme on disait autrefois. Donc, il y a encore beaucoup de choses effectivement, mais je ne vais pas vous donner mes idées mais je peux vous dire qu’il y en a. (rires).

Coulissesmédias : Vous avez également parlé de cuisine en radio sur Europe 1, ça ne vous manque pas ?

Julie Andrieu : Si, ça me manque. Je connais très peu de personnes qui n’aiment pas la radio après y avoir goûté. Quand on a un instinct un peu indépendant comme moi, on aime la radio parce qu’on maîtrise complètement l’échange et qu’il n’y a pas tout ce qui est un peu pesant en télé, c’est-à-dire la préparation, le maquillage, l’éclairage, les différentes prises. En radio, on arrive et hop, ça part tout de suite. On est finalement très libre. Donc oui, ça me manque et en même temps, j’ai beaucoup bossé pendant 15 ans à un rythme assez soutenu.  Je suis assez contente de favoriser ma vie privée. La radio, pour moi en tout cas, c’était assez chronophage. Je travaillais le dimanche matin, je faisais la préparation le samedi et je n’avais quasiment pas de week-end. De ce point de vue là, je suis quand même assez contente de pouvoir souffler. Mais si on me refait une proposition, je l’écouterai.

Coulissesmédias : Revenons à la télé, France 5 vous fait confiance et vous lui rendez bien, on vous a vue en intérim à la tête de « C à vous ». On avait imaginé vu vos scores et votre aisance que vous alliez devenir la remplaçante d’Alessandra Sublet durant son congé…

Julie Andrieu : La seule différence c’est qu’il en a été question et que je ne l’ai pas du tout exclu. Mais tout simplement, il fallait choisir entre cette possibilité et l’émission de France 3, puisque qu’en fait c’est la période où nous avons tourné toutes les émissions. Etant enceinte, j’étais obligée de prendre de l’avance, puisque maintenant, je ne peux plus tourner. Ça me faisait à la fois envie mais j’avais également envie que cette émission naisse car c’est une émission sur l’année et donc, ce n’est pas les mêmes enjeux. C’était un peu mon « bébé ». Je n’ai donc pas hésité très longtemps. Cela n’empêche pas que j’ai pris beaucoup de plaisir à remplacer Alessandra parce qu’on s’entend très bien et que c’est une émission ou je me suis toujours sentie bien. C’est le même producteur que « Les Carnets de Julie » donc c’est un peu une famille. Mais dans le fond, ce n’est pas tout à fait mon truc, non pas cette émission en particulier car comme je vous le disais, c’est une émission que je regarde volontiers. Mais le fait d’être tous les jours en studio, à la même heure. Moi, ce que j’aime, c’est bouger, j’aime rencontrer des gens différents, sortir de Paris. J’étais très bien comme ça de façon ponctuelle mais je ne suis pas sûre que j’aurais pu le faire plusieurs mois comme le fait Alessandra et j’avoue que ça me bluffe assez ! Elle a une sacrée énergie.

Coulissesmédias : Julie, votre actualité, c’est aussi les livres ?

Julie Andrieu : Absolument, l’avantage, c’est que je suis obligée de rester allongée donc je peux travailler sur mes bouquins. La cuisine, c’est assez difficile, je cuisine assise, j’ai développé une nouvelle technique (rires). Au niveau des bouquins, il y en a un qui est sorti au printemps. C’est un peu un coup de cœur, complètement en dehors des sentiers battus, je savais qu’il ne se vendrait quasiment pas. Je n’ai pas de chiffre mais je ne me fais pas beaucoup de déception. On s’est dit « objet éditorial non identifié, on va se faire plaisir, on a fait des photos un peu décalées et délirantes ». C’était donc un livre sur les desserts aux légumes parce que j’avais constaté à l’étranger qu’il y avait beaucoup de desserts qui prenaient comme ingrédient principal, les légumes. C’est assez peu fréquent, voire quasiment inexistant en France et je trouvais ça intéressant. J’ai toujours essayé de concilier l’équilibre alimentaire et le plaisir à table sans jamais parler de régime, et là je pense que c’est le bon exemple. Celui-là est déjà sorti et maintenant on prépare un gros bouquin sur lequel je travaille depuis plus de deux ans qui va s’appeler «  All my best » et qui est tout simplement un florilège de mes recettes favorites qui traverse un peu les époques et qu’on me réclame car je me suis rendu compte car tout en ayant fait probablement plus de 2000 recettes dans ma vie de cuisinière, il n’y en a seulement peut-être que 200 ou 300 que je refais régulièrement, donc c’est un peu mon carnet de cuisine intime.

Coulissesmédias : Et puis, il y a cet heureux événement qui arrive, cela va être moins facile pour tout concilier ?

Julie Andrieu : On verra bien. C’est pour cela que je ne vais pas prendre trop de choses à la fois. Pour l’instant, il y a cette émission, c’est déjà beaucoup. Mais oui, je pense. D’abord parce qu’on est deux, que le papa est très impliqué et puis j’ai été élevée par une mère artiste, comédienne qui très vite m’a embarquée dans les tournées, j’étais un peu élevée dans les loges et c’est finalement très gai. Je me dit qu’on en fera aussi un voyageur.

Coulissesmédias : Votre priorité va être votre vie de famille ?

Julie Andrieu : Honnêtement oui. Il faut que je trouve le rythme mais ça a toujours été le cas.

Coulissesmédias : Julie, quand vous ne cuisinez pas, qu’aimez-vous faire ?

Julie Andrieu : J’aime beaucoup lire. Dès que je peux, j’essaie de prendre le temps de lire. J’aime beaucoup la musique donc, j’en écoute à la maison. De la musique entre guillemets contemporaine, même si beaucoup de classique et j’adore aller au concert. Mais bon, je suis un peu frustrée parce que là, ce n’est pas l’idéal. Puis je suis en train de voyager, de bouger, même en France, j’ai une maison de campagne, donc dès que j’ai du temps libre j’y vais. Et là je m’occupe de mon jardin et de ma maison.

Coulissesmédias : Quel est votre pêché mignon ?

Julie Andrieu : Pour moi, il n’y a rien qui soit pêché en réalité. Mes goûts m’amènent plutôt à manger des choses naturellement assez saines. Je considère les plats en sauce sains, après chacun fait comme il veut (rires). Mais je dirais à la limite, le chocolat, car il est vrai que j’ai toujours été une grande fan de chocolat. C’est ma drogue, il m’en faut tous les jours.

>> Retrouvez « Les carnets de Julie » le samedi à 17h00 sur France 3.

 

Interview de Nicolas Nadaud et Mickaël Roix.