Jonathan Louis : « J’ai envie d’atteindre quelque chose, j’ai un but, un rêve et je vais aller jusqu’au bout »

PROMETTEUR | Le cinéma le passionne autant que le théâtre ou la photo.  Sorti d’une vie compliquée, Jonathan Louis a tout fait pour devenir lui-même et réaliser son rêve : être acteur. Avec une volonté farouche de réussir, il se lance actuellement dans la production de « Je me voyais déjà », son deuxième court-métrage tout en développant les projets artistiques. Jonathan Louis, plus lumineux et extraverti que jamais, nous raconte d’où il vient et ce qu’il espère. Rencontre avec un jeune homme à qui tout sourit enfin.

Photo : Matthieu Munoz.

Photo : Matthieu Munoz.

 Coulissesmédias : Comment est né ce projet « Je me voyais déjà » ?

Jonathan Louis : J’aime beaucoup les années folles. Je trouve que c’est une période indémodable où il y une vraie libération de l’esprit. J’avais envie de traiter un sujet de cette façon en jouant sur la connectivité, l’interactivité des sentiments humains.

Coulissesmédias : Ce sont tes débuts en tant que producteur ?

Jonathan Louis : C’est mon deuxième bébé. J’auto-produis et j’y tiens beaucoup parce que ce projet est vraiment une création pure. Cette fois, j’ai créé l’histoire ainsi que l’univers avec des personnages que j’ai vraiment recherchés. Et en même temps, j’essaie d’appliquer la théorie de l’évolution du personnage dans un format court. J’ai vraiment fait une recherche intellectuelle pour démontrer que, sur un format court, on peut montrer qu’un personnage peut évoluer en 26 minutes et non en 1h30 comme dans un long métrage.

Coulissesmédias : C’était important pour toi de produire ?

Jonathan Louis : C’était important d’apprendre. J’ai fait pas mal de recherches sur les années folles pour coller au sujet. Après, il y a cette envie de réécrire en trouvant des personnalités différentes en s’inspirant de nos vies. Par exemple, pour le rôle d’Anna, je me suis beaucoup inspiré de mes dernières relations amoureuses dans le côté très pervers narcissique, belles aventurières maîtresses d’elles-mêmes, ambitieuses, calculatrices qui dominent par le charme ou la menace.

Photo : Matthieu Munoz.

Photo : Matthieu Munoz.

Coulissesmédias : Tu t’occupes de tout ?

Jonathan Louis : Cela fait 4 ans que je bosse sur ce projet. J’ai formé une équipe. J’essaie d’avoir ma petite famille de cinéma en travaillant avec des gens très sérieux qui suivent mon travail tout comme je suis leur travail. Nous avons fait de l’écriture jusqu’à la création artistique que ce soit pour les costumes, le maquillage et l’aspect technique.

Coulissesmédias : Côté budget, le projet est auto-financé par… tes fans ?

Jonathan Louis : J’ai une maison de production qui me soutient mais l’aspect financier a fait l’objet d’une vraie recherche de ma part.  J’ai choisi de passer par le site tipeee.com qui permet de trouver des dons provenant de fans, de proches, des amis, de la famille  voire même des passionnés. On a vraiment voulu créer une communauté qui s’intéresse à fond au projet. Les mises vont de 5 à 200 voire 500 euros pour participer en tant que producteurs. Et ensemble, on espère aller très loin avec ce projet grâce à la volonté de toutes ces personnes afin de montrer quelque chose d’autre que ce que l’on peut voir à la télé ou au cinéma.

Coulissesmédias : Et comment entretiens-tu cette communauté ?

Jonathan Louis : Nous avons une relation assez proche puisque ce sont d’abord des gens qui apprécient beaucoup mon travail. D’ailleurs, je ne pensais pas avoir un début aussi prometteur puisque pas mal de gens ont très vite soutenu le projet. Tous ces gens sont informés régulièrement des avancées du projet, on leur fait des surprises. Je prépare aussi pas mal de vidéos que je posterai au fur et à mesure pendant un an environ, juste avant le tournage prévu pour septembre/octobre 2018. Ils verront progressivement toute notre équipe. Chaque membre viendra dire ce qui l’a séduit dans le projet avant de l’accepter. Tous les membres nous diront pourquoi ils ont envie d’emmener les gens avec eux dans cette aventure.

Coulissesmédias : Il faut s’attendre à beaucoup de surprises…

Jonathan Louis : Oui parce qu’on retrouvera toute la spontanéité de mon équipe dans l’ensemble des vidéos. Ils ont chacun leur personnalité, leur lexique, leur façon de parler. Ça va être assez drôle à voir.

Coulissesmédias : Tout semble aller vite pour toi. Comment as-tu débuté dans ce métier ?

Jonathan Louis : Je me suis payé mes cours à partir de 16 ans parce que mon père ne pouvait pas à l’époque me financer tout ça. Donc, j’étais complètement indépendant. Pour me payer mes premiers cours de danse, de chant, de théâtre au studio Evidanse, j’ai d’abord été agent d’entretien. J’ai mis un peu d’argent de côté avant de repartir sur Auxerre, la tête baissée. Ensuite, j’ai fait un crédit étudiant pour pouvoir financer l’institut supérieur des arts de la scène qui m’a coûté 10 000 euros. Trois ans après, j’étais diplômé et j’ai débuté avec plusieurs stages.

Coulissesmédias : Qu’est-ce qui t’a convaincu que ce métier allait devenir le tien ?

Jonathan Louis : Je pense que je suis né pour faire ce métier. J’ai essayé des jobs. J’ai fait un bac professionnel ventes. Je ne me vois pas dans un travail lambda. Je ne veux pas insulter les gens en disant cela mais je trouve dommage que des personnes ne se rendent pas compte de la chance d’avoir un CDI alors que moi, j’ai choisi un métier qui est beaucoup plus risqué, où il y a beaucoup plus de précarité, ou un travail beaucoup plus aléatoire, plus complexe. Il faut vraiment travailler énormément dans ce métier si on veut réussir à aller parmi l’élite. Je pense avoir compris cela. J’ai envie d’atteindre quelque chose, j’ai un but, un rêve et je vais aller jusqu’au bout. J’suis quelqu’un de très ambitieux.

Coulissesmédias : Est-ce que cette vocation vient d’un film ?

Jonathan Louis : Elle vient plutôt de mon père qui travaillait en tant que technicien de plateau à Auxerre Expo où je faisais mes spectacles avec le studio Evidanse. On ameutait à peu près 2000 personnes et on était en concurrence avec l’AJ Auxerre.  C’était sympa d’attirer autant de personnes que pour le foot ! Mon père m’emmenait souvent voir des artistes ou humoristes dans les backstages.

Coulissesmédias : Ta passion a vite viré à l’obsession. Il t’arrive de prendre du recul ?

Jonathan Louis : Oui parce qu’on se dit « à quel moment, cela va être mon heure ?, à quel moment je vais avoir un très grand rôle ? ou quand vais-je participer à une série ? ». J’ai failli participer à une série mais j’ai été très médiatisé pour une autre affaire. Je pense que c’est un métier où il faut se remettre beaucoup en questions.  C’est une question que de profil. On a tous un talent que ce soit en chant, comédie etc… mais on a des personnalités différentes.  J’ai compris à travers ce métier que ça se jouait beaucoup sur la personnalité. Si ça ne marche pas sur un casting, il faut savoir relativiser. Il y a des doutes parfois parce que c’est un métier précaire au début. Dans ce cas, il faut essayer de trouver des alternatives, d’autres voies pour exploiter son talent, son art. Actuellement, je travaille pour le théâtre de l’œuvre où François-Xavier Demaisons est directeur et ça m’inspire d’être dans cette même envergure, cette même ambition.

Photo : Matthieu Munoz.

Photo : Matthieu Munoz.

Coulissesmédias : Quel adolescent étais-tu ?

Jonathan Louis : J’étais très intoverti, très calme, discret. Maintenant, j’suis beaucoup plus sociable, relax. Il m’arrive de faire parfois des photos de nu artistique, ce que je n’aurais jamais fait auparavant… J’ étais l’opposé, quelqu’un de plutôt impopulaire à l’époque.

 

« Je compte beaucoup sur ma sœur et ma famille d’accueil. C’est mon premier public »

 

Coulissesmédias : Derrière cette belle énergie et cette détermination, est-ce qu’il y a des doutes, des angoisses ?

Jonathan Louis : Il y en a forcément. Y compris sur ce projet puisque je ne sais même pas si je vais pouvoir réunir l’argent dont j’ai besoin parce que je demande beaucoup. C’est sans cesse une remise en question sur ce qu’on fait. Etant très perfectionniste, ça n’arrange rien !

Coulissesmédias : Et sur le plan personnel, tu as besoin d’être rassuré de temps en temps ?

Jonathan Louis : Oui  j’ai ce besoin. Je compte beaucoup sur ma sœur et ma famille d’accueil. Je sais que je peux compter 100% sur eux. J’estime que c’est mon premier public et du coup, je peux tester des vidéos un peu comiques et avoir leur retour. Quand je sais que ma sœur en rigole, je me dis que c’est pas mal.

Coulissesmédias : Il t’est arrivé de te dire que ce ne serait pas ton métier ?

Jonathan Louis : Oui  après avoir essuyé plusieurs refus lors de castings.

Coulissesmédias : Tu considères que tu as beaucoup ramé ?

Jonathan Louis : Oui mais il faut avoir beaucoup ramé dans ce métier avant d’y arriver. A présent, on me propose beaucoup plus de rôles qu’avant surtout depuis que j’ai été médiatisé. Ça aide d’une certaine façon. Et puis, il y a les réseaux sociaux, les followers qui donnent une dimension supplémentaire. Au milieu de tout cela, il faut vraiment se démarquer beaucoup plus que les autres

« Si je n’avais pas choisi cette voie, je me serais peut être engouffré dans une voie très sombre, plus sombre que cette voie de la lumière que je suis en train de rechercher »

Coulissesmédias :

Coulissesmédias : Tout démarre dans un contexte compliqué, avec une situation familiale assez lourde… d’où cette envie probable d’arriver très vite à Paris ?

Jonathan Louis : Exactement. Je suis un enfant de la DDASS. J’ai été placé très jeune en foyer de l’enfance. Après, j’ai été élevé par une famille marocaine que je considère comme ma vraie famille. A côté, je voyais ma mère qui est maniaco schyzophrène dépressive émotive et mon père qui avait connu un passage difficile lui aussi avant que tout ne change dans sa vie. Ce n’était pas évident. Je pense que tout le monde ne se rend pas compte du danger que certains parents peuvent créer vis-à-vis de leur enfant. Je pense que l’art m’a libéré de tout ça. Si je n’avais pas choisi cette voie, je me serais peut être engouffré dans une voie très sombre, plus sombre que cette voie de la lumière que je suis en train de rechercher. J’ai envie de changer le monde. J’ai envie d’apporter ce que j’ai vécu à travers des gens qui ont vécu la même chose, qui ont à peu près le même parcours, et leur faire comprendre qu’en regardant devant, on peut construire beaucoup de choses. Il faut juste avoir confiance en soi. Alors, oui, ce passé est très lourd mais je prouve que je peux être beaucoup mieux que mes parents, je peux aller beaucoup plus loin sans reproduire les mêmes erreurs.

 

Photo : Matthieu Munoz.

Photo : Matthieu Munoz.

Coulissesmédias : Tu leur disais ce que tu voulais faire ?

Jonathan Louis : Je l’avais dit à mon père. Pour lui, c’était un métier de PD donc du coup, ce n’était pas évident parce que dès qu’on veut faire de l’artistique, il y a toujours cette étiquette. J’étais incompris et j’avais besoin de sortir de ce bordel familial. Je m’en suis sorti et je suis très bien maintenant.

Coulissesmédias : Quels sont vos rapports actuellement ?

Jonathan Louis : Je ne suis pas forcément proche de ma famille de sang contrairement à ma famille d’accueil. J’essaie de reconnecter un peu avec mon père qui ne va pas très bien actuellement. Quant à ma mère, avec tout ce que j’ai vécu avec elle, je ne peux pas être proche. Je ne l’aime pas et je ne peux pas me forcer à l’aimer ni à la voir.

Coulissesmédias : En quittant cet univers familial, quels étaient tes premiers objectifs ?

Jonathan Louis : Je suis arrivé à Paris à 18 ans avec 2000 euros en poche sans savoir où me loger. Je suis vraiment parti tête baissée comme un taureau qui fonce. Donc, mes objectifs étaient basiques : me trouver un travail, un toit et suivre ma formation. J’ai eu la chance de faire pas mal de très belles rencontres qui m’ont permis d’accélérer un peu le processus de mon parcours. Je remercie ces personnes. Elles ont été là pour moi, j’ai été là pour elles. Je leur suis très reconnaissant d’avoir cru en moi, d’avoir détecté mon potentiel et de m’avoir surtout tendu la main parce que c’est quelque chose de très fort.

Coulissesmédias : Dans l’univers du cinéma ou du théâtre, il y avait déjà des gens qui te faisaient rêver ?

Jonathan Louis : A la base, les comédies musicales me faisaient beaucoup rêver mais finalement, maintenant, c’est le cinéma. « La ligne verte » m’a fait pleurer . J’aime beaucoup les trucs qui font un peu pleurer, j’suis assez émotif. Sinon, j’aime beaucoup Cameron Diaz. Si je peux avoir une carrière comme la sienne, dans le comique, j’aimerais bien.

Coulissesmédias : Comment as-tu vécu tes premiers petits rôles ?

Jonathan Louis : J’ai fait beaucoup de collaborations, de courts métrages. Et, au début, on fait beaucoup de choses gratuitement mais ce n’est que positif. Cela permet progressivement d’obtenir son statut d’intermittent.  Je considère cela comme des petites graines que j’ai semées et qu’au bout d’un moment, je récolte.

Coulissesmédias : On a l’impression que tu vis tous les instants – y compris les difficultés – avec la même fraîcheur d’esprit, en toute simplicité ?

Jonathan Louis : C’est vrai. J’essaie toujours de positiver et de mettre le négatif ailleurs. J’ai beaucoup aidé de personnes, ça m’a un peu perdu dans mon parcours. Il y a quelques mois, j’étais entouré de pervers narcissiques, d’opportunistes… Je pensais connaître ces personnes même après plusieurs années passées. Il y a des choses que l’on fait qui blessent, certains parfois perdent leur éthique. C’était un peu compliqué pour moi de voir ce faux semblant. Et, au bout d’un moment, j’ai compris que certaines personnes ne pouvaient pas changer. Elles évoluent mais elles ne changeront pas avec le temps. Il faut être le médecin de nous-mêmes. Du coup, je pense qu’il faut être un peu plus égoïste tout en se préservant. Ça ne m’empêche pas d’être humain auprès des autres. J’ai un sens de la générosité qui m’a été transmis par ma famille d’accueil marocaine mais je me protège beaucoup plus. C’est important. Je donne aux gens qui ont confiance, qui croient en moi. Et je suis toujours là s’il y a besoin, je sais être à l’écoute.

Coulissesmédias : On a l’impression que tu as appris la patience au fil des expériences ?

Jonathan Louis : On m’a appris à ralentir et à cesser de me disperser.  En me tournant principalement vers le cinéma ou la télévision, je continue de chanter, j’ai arrêté la danse parce que je me suis rendu compte que je ne serai jamais danseur.

« Il faut savoir contourner les pièges et ne pas avoir peur de dénoncer ce qui se passe dans le métier »

Coulissesmédias : Cette bienveillance, elle est très présente artistiquement aussi ?

Jonathan Louis : J’ai vraiment envie d’épauler mon équipe, d’accompagner les membres. J’suis quelqu’un de très bienveillant. Par contre, je déteste être pris pour un con. Je suis exigeant dans ma façon de travailler et j’attends la même exigence des autres.

Coulissesmédias : Cet univers, tu le trouves violent ?

Jonathan Louis : Il se passe beaucoup de choses dans le métier. J’ai été très médiatisé pour quelque chose qui est en cours de procès. Il y a une part sombre de personnes qui attendent beaucoup de choses de jeunes acteurs prometteurs comme je peux être. Et, forcément, quand on est jeune et naïf, on y va, pensant que puisqu’il s’agit d’une personne très connue, elle va nous permettre d’accélérer notre carrière… Mais, pour le coup, il faut vraiment être sur ses gardes parce qu’on peut vite se faire manger la main et beaucoup plus.  Il faut savoir contourner les pièges et ne pas avoir peur de dénoncer ce qui se passe dans le métier. Je mets un point d’honneur sur le fait de savoir se faire respecter.

Photo : Matthieu Munoz.

Photo : Matthieu Munoz.

Coulissesmédias : Les pièges sont nombreux ?

Jonathan Louis : Il y en a beaucoup. Il y a plein d’arnaques aux castings, il y a des pervers qui veulent se contenter de voir des gens à poil… Il faut être très prudent parce qu’on se sait pas sur qui on tombe.

Coulissesmédias : Est-ce que ce métier t’a transformé ?

Jonathan Louis : Il a transformé la confiance qui était en moi. Elle avait d’ailleurs tendance à me manquer. J’ai davantage ouvert les yeux, je suis devenu plus serein. J’ai appris à foncer et à ne pas douter de moi.

Coulissesmédias : Tu aimes chanter, danser et tu aimes également la photo…  

Jonathan Louis : J’avais déjà posé pour Rogue Magazine et pour Friendly magazine avec Thomas Braut et Julien Cozzolino. On m’a toujours dit que je pouvais devenir mannequin… Je ne sais pas si c’est vrai mais, en tout cas, depuis deux ans, j’ai repris la muscu et le sport à fond. Je n’ai pas la prétention de dire que je suis beau gosse mais j’aimerais persévérer dans le mannequinat. J’ai un petit rêve : j’aimerais poser un jour pour Yves Saint-Laurent. On verra…

Coulissesmédias : Qu’est-ce qui t’inspire au niveau de la photo ?

Jonathan Louis : J’aime beaucoup le travail de David La Chappelle, de Pierre et Gilles, de Thomas Braut. J’aime beaucoup les choses artistiques.  Mon but avec la photo, c’est de m’éclater artistiquement parlant, de faire des choses complètement burlesques, d’aller vraiment dans la créativité.

Coulissesmédias : Quel serait le projet le plus fou ?

Jonathan Louis : Un univers où on se dit vraiment : « wow, qu’est ce que c’est ? », une mise en scène travaillée un message subliminal et engagé sur une noble cause, tel un tableau que l’on admire.

Coulissesmédias : On a l’impression que tu joues avec une certaine ambiguïté sur ton personnage ?

Jonathan Louis : Il faut savoir garder un peu de secrets pour soi. C’est bien d’être cool, bienveillant etc mais je trouve qu’il est important de se protéger et s’il y a une certaine ambiguïté qui se sent, ce n’est pas forcément voulu mais j’essaie avant tout de protéger la personne que je suis parce que j’ai pas mal souffert durant mon parcours. J’essaie d’être le plus naturel possible, d’être connecté avec moi-même et de ne pas jouer faux.

Photo : Matthieu Munoz.

Photo : Matthieu Munoz.

Coulissesmédias : On a aussi le sentiment que tu ne t’interdis rien ?

Jonathan Louis : Je vais éviter tout ce qui est pornographie etc parce que ce ne sont pas vraiment des domaines qui me plairaient. Ce ne serait plus mon métier.

Coulissesmédias : Est-ce que ce métier peut déséquilibrer ta vie personnelle ?

Jonathan Louis : A cause de l’affaire qui m’a beaucoup médiatisé, en regardant Internet, j’ai réalisé qu’il était difficile de stopper la machine. C’est une partie de mon métier qui me fait très peur. D’ailleurs, c’est un test pour moi actuellement, pour voir si je suis capable de gérer cela. Pour les personnes qui pensent que c’est juste un métier de paillettes, il faut qu’elles se rendent compte qu’il peut y avoir tout cela derrière et ce n’est pas forcément bénéfique.  D’autant plus, que ça peut être alimenté via les réseaux sociaux avec de la méchanceté gratuite, ce qui est peut être dur à porter pour une personnalité publique.

Coulissesmédias : Tu es ultra connecté ?

Jonathan Louis : J’essaie. Je ne suis pas très Snapchat parce que je trouve ça très intruisif. J’aime faire des trucs un peu cons ou décalés. Ma préférence va vers Facebook et Instagram. J’utilise très peu Twitter. Davantage quand j’ai envie de mettre un punch-line, d’envoyer un truc à Emmanuel Macron ou à Valérie Pécresse.

Coulissesmédias : C’est facile de combiner vie personnelle et vie professionnelle quand on est hyperactif comme toi ?

Jonathan Louis : Entre mes tournages en journée et mon travail au théâtre, ça me prend évidemment beaucoup de temps. Chez moi, je fais aussi du airbnb, donc, je travaille aussi (rires). Je profite des moments. Je vis au jour le jour en fait.

« C’est important d’accompagner un peuple dans ce qu’il est et pas dans ce qu’on veut qu’il soit.»

Coulissesmédias : Tu es beau, jeune, brillant… un  peu énervant tout ça !

Jonathan Louis : Je pense que ça peut être très flatteur parfois, ça peut être très lourd dans la vie personnelle. Des gens peuvent penser que la beauté est suffisante. La beauté ne fait pas tout malheureusement. Ce n’est pas tout le temps facile à porter parce qu’on a tendance à être considéré comme une proie et non un être humain. Alors qu’au collège j’étais considéré comme le looser de service, j’avais peu de succès côté coeur et les choses ont changé au lycée et encore plus en venant sur Paris. Dieu m’a donné un cerveau, merci (rires).  Je trouve ça drôle de pouvoir vivre l’effet inverse plus adulte. Qu’importe que l’on se sente beau ou non, avoir une confiance en soi, ça se travaille, ça prend du temps et je suis loin d’être parfait.  Il faut juste se sentir connecté à ce que nous sommes, se respecter et être le seul maître de son destin, ne jamais se laisser marcher dessus et combattre l’adversité. La beauté est là où on veut la trouver, le monde est beau et j’aime rencontrer de belles personnes, de belles âmes notamment.

Coulissesmédias : Tu es aussi quelqu’un de très engagé. Ça manque aujourd’hui selon toi ?

Jonathan Louis : L’engagement manque auprès des artistes. J’ai envie d’apporter ma petite touche. Je viens de la basse classe sociale et j’ai envie de changer les choses en m’engageant dans la politique, dans l’écologie, mais aussi artistiquement pour changer le monde. Je suis prêt à voyager dans les pays défavorisés sans vouloir changer leur culture ou leur façon de faire mais de les accompagner dans ce qu’ils sont. C’est important pour moi d’apporter ma patte sans changer les choses brutalement comme certains peuvent faire. C’est important d’accompagner un peuple dans ce qu’il est et pas dans ce qu’on veut qu’il soit.

Photo : Matthieu Munoz.

Photo : Matthieu Munoz.

Coulissesmédias : Et pourquoi tu n’as pas fait le grand pas en politique ?

Jonathan Louis : Pour moi, Macron correspond plutôt à la politique des riches. Je ne suis pas du tout de ce milieu là. Je serais beaucoup plus Mélenchon que Macroniste.  Il y a beaucoup de personnes politiques qui ont fait l’ENA et qui ignorent le terrain et donc, sans connaître la vie des gens en province. Je veux vraiment m’engager avec des gens qui sont humains à l’image de Christiane Taubira par exemple. C’est pour moi quelqu’un de très engagée, qui a su partir du gouvernement au bon moment, la tête haute avec son vélo en disant : « je vous emmerde ! ».

Coulissesmédias : Si on se projette dans l’avenir, comment aimerais-tu évoluer ?

Jonathan Louis : Ce serait de devenir acteur mais je n’aimerais pas faire des films trop commerciaux. Je veux vraiment des choses qualitatives, artistiques où il y a vraiment de la vraie interprétation. J’aimerais continuer l’écriture scénaristique avant d’évoluer dans la réalisation et devenir producteur.

Coulissesmédias : Pour clôturer cette interview, quelques questions en vrac : le film qui t’a le plus marqué ?

Jonathan Louis : Dernièrement, c’est « Divines » de Houda Benyamina. Je me suis reconnu dedans avec ce jeune de banlieue qui peut être amené à faire le mal sans le vouloir parce qu’il est perdu dans une situation familiale. Et moi, j’ai fait des conneries dans mon parcours. Donc, je me suis dit que Houda a vraiment réussi à mettre cette douleur,  cette force  et cette rage de devoir réussir dans la vie malgré les hauts et les bas. Ce film est une merveille.

Coulissesmédias : Tes qualités et défauts ?

Jonathan Louis : Je pense que je suis trop gentil, je suis généreux. Et mon défaut : je pense que je suis très exigeant professionnellement mais aussi avec mes amis. Je viens de très loin, d’une famille très compliquée et je ne veux pas reproduire les mêmes choses. Et comme on dit : « une valse, ça se danse à deux ».

Coulissesmédias : Ce que tu adores et  ce que tu détestes ?

Jonathan Louis : J’adore le poulet basquaise, aller au théâtre, au cinéma, chanter, me balader. J’aimerais prendre un an pour aller dans le monde et découvrir ce qui se passe. Ce que je déteste par-dessus tout : l’hypocrisie.

Coulissesmédias : Qu’est ce qui te met en colère ?

Jonathan Louis : Le mensonge. Ma vie a été basée sur le mensonge et je n’en veux plus.

Coulissesmédias : Les personnes que tu admires ?

Jonathan Louis : Alexz Johnson qui est l’une de mes chanteuses préférées, j’aime son parcours indépendant. Son parcours me plait. Meryl Streep est aussi quelqu’un qui m’inspire pour son parcours et ses qualités artistiques.

Coulissesmédias : Ton dîner idéal ?

Jonathan Louis : Sur la Tour Eiffel entouré de bougies avec la personne que j’aime. Je suis très romantique.

Coulissesmédias : Un objet fétiche ?

Jonathan Louis : Mon bracelet qui m’a été offert par Mathieu Matachaga qui est un couturier qui a travaillé pour Dior et Galiano et qui cartonne actuellement au Mexique. C’est l’un de mes meilleurs amis. Il me l’a mis dans l’eau bénite, j’ai fait un vœu et j’espère un jour qu’il tombera.

Coulissesmédias : Tu préfères offrir ou recevoir ?

Jonathan Louis : Je donne et je reçois (rires). Je suis quelqu’un de généreux dans l’ensemble donc je n’attends pas forcément de retour. Je préfère donner que recevoir. Quand j’aime, je ne compte pas.

Coulissesmédias : Ta chanson préférée du moment ?

Jonathan Louis : J’aime  le dernier album de Katy Perry. J’adore le titre « Witness ».

Photo : Matthieu Munoz.

Photo : Matthieu Munoz.

Coulissesmédias : L’adjectif qui te qualifie le mieux ?

Jonathan Louis : Transparent.

Coulissesmédias : La scène la plus dure à tourner ?

Jonathan Louis : La dernière que j’ai faite pour le court métrage « Celle qui voulait être aimée », une scène de sexe. On a du faire ça pendant une journée entière que vous pouvez voir sur ma dernière bande démo. C’était compliqué car j’ai eu peur de bander. Il fallait quand même que je respecte ma partenaire !

Coulissesmédias : La scène dont tu es le plus fier ?

Jonathan Louis : C’est celle de « Silence » où j’ai fait un plan séquence, une scène de colère où je devais péter un câble.

Coulissesmédias : Qu’est ce qui te fait peur ?

Jonathan Louis : L’orage. S’il faut que je cours pour rentrer chez moi, ça me fait flipper. Le temps, on ne peut pas le contrôler. Et j’suis quelqu’un qui aime bien contrôler.

Coulissesmédias : Quelques mots qui retracent l’histoire de ta vie ?

Jonathan Louis : Pugnacité, persévérance, humanité.

Coulissesmédias : La culture en trois mots ?

Jonathan Louis : Cinéma, théâtre, musique.

Coulissesmédias : Ton émission de télé préférée ?

Jonathan Louis : « Taratata ». Je regarde peu la télé, hélas.  Je suis davantage connecté à Internet. Je peux choisir ce que j’ai envie.

Coulissesmédias : La radio que tu affectionnes ?

Jonathan Louis : Là encore, j’écoute plutôt Deezer. Je fouille beaucoup car j’aime découvrir de nouveaux artistes. Je n’aime pas qu’on m’oblige à écouter les trucs purement commerciaux.

Coulissesmédias : Les choses que tu essaies de fuir ?

Jonathan Louis : Les gens nocifs, négatifs.

Coulissesmédias : Qui emmerdes-tu ?

Jonathan Louis : Je pense que la personne se reconnaitra.

 

Propos recueillis par Mickaël ROIX.

Photos : Matthieu Munoz.

Remerciements : Théâtre de l’Oeuvre 75009 Paris.