Jérôme Delaveau (Radio Sud)

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« La radio a besoin d’un contenu riche plutôt qu’un flux musical »

Coulissesmédias : La bande FM a probablement vécu. La radio est en train de vivre un grand tournant. Nous allons le voir dans un instant.
Mais d’abord, quel bilan faites vous de l’évolution de la bande FM ?

La bande FM a déjà bien vécu. Mais, elle n’est pas encore morte. Même si l’on prend en compte l’arrivée prochaine de la radio numérique, il ne faut pas oublier que le grand public est très bien équipé en matière de postes de radio. Et ceux ci ne sont pas compatibles avec la radio numérique que l’on nous promet. Il faudra quelques années avant que les radios arrêtentde diffuser sur la FM. Une double illumination sera donc à l’ordre du jour pour quelques temps.

Coulissesmédias : Quelles ont été les métamorphoses importantes tout au long de ces années ?

Ce qui me marque le plus, c’est qu’il y a quelques années, on prédisait la mort des grandes enseignes généralistes comme RTL et NRJ promettait d’atteindre les 14 points d’audience nationale. Or, RTL est revenu très fort, NRJ n’a jamais atteint cet objectif et RMC revient en force… La radio a donc à nouveau besoin d’un contenu riche plutôt qu’un flux musical. L’iPod le fait très bien. La radio doit donc apporter un plus.

Coulissesmédias : En matière de programmes et de créativité, quelle est la tendance qui se dessine actuellement ?

Je pense que les programmes parlés sont «tendances». En plus des progressions ontinues de RMC et d’RTL, regardez l’audience de Skyrock qui est principalement basée sur les talk- shows de l’excellent Difool… Il a créé un talk-show jeune qui s’appuie sur un dialogue entre les auditeurs et une équipe radio dirigée par un modérateur. Et bien, aujourd’hui d’autres radios jeunes ont installé le même concept sur leurs horaires de soirée. C’est dommage pour le média. Il vaudrait mieux proposer d’autres concepts. Les opies étant toujours moins bonnesque l’ original : cela n’apporte rien au média. Je suis toujours très intéressé par ce qui se passe sur les radios québécoises. Tout comme nous, elles sont soumises aux quotas et essaient donc de trouver des solutions pour offrir un programme attractif. La plupart d’entre elles ont d’ailleurs considérablement diminué leur part de musique et ouvert des tranches entières aux talk-shows (ce qui n’a finalement pas rendu service aux labels qui avaient imposé ces quotas). Beaucoup de talk sont basés sur l’humour. En ces périodes pas toujours très gaies, l’humour est une valeur sûre. Mais on peut aussi imaginer une libre antenne d’info déconnante, décodant l’actu pour un public jeune… En radio, tout est possible, il manque parfois l’envie du risque.

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