Changement de cap pour Le Mouv’ : les explications avec son Directeur Hervé Riesen.
Coulissesmédias : Nouvelles têtes, nouvelle grille, nouveau cap… Y-avait-il péril en la demeure ?
C’est une radio qui, comme son nom l’indique, doit être en perpétuel mouvement et il n’y a pas plus péril en la demeure que d’autres stations qui étaient axées avant tout sur la musique. Il y a un réajustement par rapport à notre époque. Et, on constate dans les derniers sondages que les stations musicales qui s’ensortent bien sont celles qui sont très formatées, très segmentées, très marketées avec une promesse très carrée et trop précise pour un cahier des charges comme celui d’une station de service public. Pour rester exclusivement musical, il faudrait peut-être jouer le même jeu en se posant la question de savoir ce quireste en parts de gâteau sur le marché. Car, le créneau des musiques urbaines, hip-hop rn’b est bien noyauté, celui des musiques électroniques aussi et on voit bien que les stations qui occupent les segments pop-rock sont un peu stagnantes. Donc, nous avons voulu garder une identité musicale forte, c’estl’ADN du Mouv’, habiter l’antenne et ramener des contenus. Pour la saison 2009-2010, on a beaucoup travaillé les aspects musique, l’ouverture. On est sorti d’un format rock qui était celui du Mouv’ depuis fin 1999. Et nous avons amené des émissions musicales spécialisées avec des vraies référents.Il s’agit de vrais spécialistes mais pas au sens snob ou élitiste du terme en tant qu’experts et vrais transmetteurs. Pour cette rentrée, nous allons travailler les contenus parlés, l’info, du sociétal, pourquoi pas du politique. Nous travaillons aussi sur des chroniques liées à la santé, avec toujours des langues décalées, un ton moderne et ce questionnement permanent de la forme pour intéresser les jeunes pour décrypter et rendre certains sujets attractifs et très informatifs. Nous avons une vraie volonté d’info.
Ça ressemble un peu à une opération commando…Tout change !
C’est presque ça. Ce n’est pas une réforme radicale dans le sens où c’est dans la continuité de ce que nous avons commencé il y a un an. C’est un gros changement au niveau des contenus parlés. Il y aura un peu plus de talk. Nous allons travailler la diversité des thèmes, des contenus. Ce qui change aussi sur le reste de notre marché des radios jeunes, c’est que nous allons vraimentavoir un vrai casting de diversité avec des gens qui ont des âges différents, des origines différentes, des milieux sociaux différents… Nous espérons vraiment faire une antenne de rassemblement qui mise sur la diversité mais pour restercohérent, le gros point commun, c’est l’approche et la traduction et le reflet de la jeunesse en enlevant toutes les caricatures ainsi que les habituels clichés.
Au niveau du ton, vous promettez plus de fantaisie…
Je l’espère. Il y a toujours eu beaucoup de fantaisie sur Le Mouv’. Je serai très près des producteurs qui sont très pros et qui connaissent le marquage au sol. Ce que nous refusons catégoriquement, c’est la discrimination, le sexisme, la diffamation… Pour le reste, il faut que ça se marre, que ça titille donc, effectivement, j’espère beaucoup de fantaisie.
On dit toujours qu’une grille de programmes se manipule toujours avec beaucoup de prudence et de subtilité. Or, on a l’impression que vous cassez pour mieux recommencer ?
Ce n’est pas non plus un grand coup de marteau. Il y a quand même des fondations qui sont dans la continuité de ce qu’était Le Mouv’ mais, je reconnais, nous avons pas mal cassé. Nous ne sommes pas dans la nuance du marché radio qui fait des ajustements. En faisant ces changements, il faut accepter d’avoir un peu de galère pendant des mois. Nous savons que nouspouvons nous attendre à tout. Nous allons conquérir de nouveaux auditeurs mais nous allons probablement en décevoir qui étaient fidèles. Et en général, on met plus de temps à aller chercher les nouveaux qu’à décevoir les fans des anciennes formules. C’est un travail à plus ou moins moyen terme. C’est un vrai travail de fond, d’identité et qui dessine Le Mouv’ qui ne sera pas celui d’une seule saison.
« Je crois que nous allons faire une radio pertinente »
Au jour d’aujourd’hui la principale souffrance du Mouv’, c’est sa couverture qui est restreinte ?
Non, je dirai sa notoriété. Nous ne sommes pas encore très forts. Nous avons à peine 40% de notoriété à Paris. Le Mouv’ a un public en province et des difficultés à Paris-Ile de France.
C’est risqué ce que vous tentez ?
Un peu.
Vous avez peur ?
J’ai une bonne bouée de sauvetage. Quand on dirige une radio de service public, il n’y a pas de service public sans public et pas de service public sans service donc nous avons deux objectifs. Il y a notre cahier des charges et la mission. Et, je suis très à l’aise avec ça. Je crois que nous allons faire une radio pertinente. Reste à travailler pour aller chercher le public. Mais ce n’est pas la seule obsession. Si ça ne décolle pas, j’aurais fait les choses en bonne âme et conscience, en y croyant, en mettant des gens qui ont des vraies personnalités, qui ont plein de choses à transmettre, qui sont contagieux au micro, qui sont passionnés, passionnants, fantaisistes, en travaillant la diversité, en donnant un rôle aux femmes sur l’antenne… Je n’ai pas peur. On a ficelé la grille mais le travail ne fait que commencer et il sera sans relâche.
Propos recueillis par Mickaël ROIX.