Farida : «La quotidienne – la suite, ce n’est pas une émission de cuisine » (1/2)

Chroniqueuse de « La Quotidienne » depuis le lancement de l’émission en septembre 2013 sur France 5, Farida s’apprête à prendre les rênes de « La Quotidienne – La Suite ». Très attachée à la lutte contre le gaspillage alimentaire, la pétillante jeune femme a accepté pour Coulissesmédias d’en dire un peu plus sur son émission, diffusée à partir du 4 janvier de 13h à 13h30. Dans cette première partie de l’entretien qu’elle nous a accordé, Farida revient sur le concept de « La Quotidienne – La Suite » mais aussi son combat pour une alimentation responsable et accessible à tous.

LA QUOTIDIENNE ... LA SUITE

Coulissesmédias : Le 4 janvier marquera le début de « La Quotidienne – La Suite » sur France 5, c’est un événement que vous attendez avec impatience ?
Farida : Ah oui. C’est une nouvelle aventure qui commence pour moi, c’est quelque chose de très nouveau puisque jusqu’à présent j’étais chroniqueuse. J’ai animé une émission sur Chérie 25 mais ce n’était pas une quotidienne en plateau et avec des invités. Ce n’était pas du direct non plus donc là je suis excitée comme un enfant qui attend ses cadeaux de Noël. C’est aussi mêlé au stress mais au bon stress, celui qui te booste.

Coulissesmédias : Et revenir sur ce plateau que tu connais bien, qu’est-ce que cela te fait ?
Farida : En fait, je ne le quitte pas vraiment. C’est une vraie continuité puisque je reste chroniqueuse sur « La Quotidienne » où je propose tous les mardis ma recette avec des produits de saison et ensuite, j’enchaîne avec « La Quotidienne – La Suite ». Je garde toujours un pied dans « La Quotidienne », il y a vraiment une suite logique à tout ça.

Coulissesmédias : Les premiers numéros ont déjà été tournés, cela s’est bien passé ?
Farida : Ça a été de super moments, finalement assez émouvants dans le sens où j’étais vraiment entourée d’invités. J’avais le producteur de pommes, le boucher qui a ramené son jambon, des blogueuses aussi, des gens qui sont à l’origine d’initiative anti-gaspillage et qui mobilisent pas mal de personnes. Je rencontre surtout des gens engagés et c’est pour ça que c’est émouvant. Je n’ai pas pleuré mais c’est intéressant de se nourrir de personnes qui sont vraiment engagées dans une cause, que ce soit aussi bien la lutte contre le gaspillage alimentaire que donner le meilleur produit possible aux gens. Ce sont des gens passionnés par la bonne nourriture, la bonne alimentation. Et attention, ce n’est pas une émission de cuisine et ça c’est super important. Ce n’est pas un programme qu’on peut retrouver sur toutes les chaînes, c’est la seule et la première émission sur l’alimentation et la lutte contre le gaspillage alimentaire. C’est du jamais vu en France et en plus c’est une quotidienne donc c’est un beau projet. C’est une émission aussi sur les produits de nos régions et, par conséquent, la traçabilité et l’origine du produit, ses filières de production et surtout les gens passionnés qui sont derrière. On veut vraiment mettre en valeur ce côté-là, pas simplement le produit mais les gens qui sont derrière, le travail qu’ils fournissent tous les jours, la difficulté et le plaisir qu’ils ont à le faire. Tout au long de l’émission, il y aura un fil rouge avec un commis qui va cuisiner sa recette anti-gaspillage et qui sera un élève d’une école hôtelière ou autre parce qu’on veut aussi valoriser l’apprentissage. C’est moi qui ai proposé cet élément-là car je voulais mettre en lumière les chefs de demain, qu’ils sortent de l’école Lenôtre ou d’un BTS Hôtellerie. Tous les vendredis, nous recevrons un invité mystère, un téléspectateur, qui va nous proposer sa recette, toujours en rapport avec l’anti-gaspillage.

« Faire en sorte que les téléspectateurs deviennent « consomm-acteurs » »

Coulissesmédias : Chaque semaine, une thématique englobera l’émission et, tous les jours, un produit en particulier sera mis en valeur…
Farida : L’émission va s’orchestrer comme ça. Par exemple, pour la première semaine, la thématique va être « On ne jette plus » donc, tous les jours, on aura un reportage sur des gens ou des initiatives qui prouvent qu’aujourd’hui on va moins jeter, du supermarché qui baisse les prix des produits dont la DLC approche à la blogueuse qui propose ses recettes anti-gaspillage. En plus de ce reportage, il y en aura chaque jour un autre sur un produit de région. L’émission est vraiment centrée sur ces deux axes-là. On va commencer avec la pomme mais on fera aussi le potiron, à ne pas confondre avec la citrouille, et le jambon cru, quelle est la différence avec le jambon blanc ?. Pour le jambon, le boucher-charcutier qui intervient nous expliquera comment le choisir, dans les boucheries bien sûr mais aussi dans un supermarché parce qu’on ne peut pas tous acheter dans une boucherie. Ça coûte souvent plus cher et on n’a pas forcément le temps d’y aller le soir. Concrètement, on va se demander qu’est-ce que le téléspectateur doit regarder sur l’étiquette quand il se trouve devant le rayon jambons. On veut essayer de faire en sorte que les téléspectateurs deviennent « consomm-acteurs », c’est-à-dire qu’ils choisissent ce qu’ils vont acheter en connaissance de cause pour manger bon. Et toujours, la lutte contre le gaspillage alimentaire parce que, quand on sait qu’en France il y a environ un Stade de France rempli de nourriture qui, chaque année, est jeté à la poubelle, ça fait réfléchir. Je ne suis pas là pour donner des leçons, dire qu’il ne faut plus faire ça ou ça, c’est juste donner des petites clés pour essayer de faire mieux. Essayer de faire prendre conscience aux gens qu’il y a quelque chose à faire, aussi pour leur faire économiser de l’argent parce que quand on gaspille moins on dépense moins. On a reçu une femme qui va nous apprendre à ranger notre frigo, ça paraît tout bête mais en fait ça permet de voir comment on fait et, quand on rentre des courses, plutôt que d’entasser nos courses, mettre les anciens produits devant pour les consommer en premier et ceux dont la date limite est plus grande les mettre derrière.

FARIDA EN PLATEAU CREDIT JARAPROD

Coulissesmédias : Des réflexes auxquels on ne pense pas forcément…
Farida : Oui parce que quand on rentre de ses courses on a tendance à empiler et on finit par oublier les choses qui sont derrière. On a vraiment envie de proposer des choses pratiques, des clés pratiques pour les gens.

Coulissesmédias : L’idée, c’est de guider les téléspectateurs ?
Farida : C’est l’idée mais toujours sans donner des leçons.

Coulissesmédias : Il y a aussi le but de toucher tout le monde et pas uniquement une classe élitiste…
Farida : Exactement, ce n’est pas simplement dire « il faut manger bio ». Moi-même, je ne mange pas que bio, j’essaie de le faire pour les fruits et légumes mais je ne le fais pas pour toutes mes courses parce que je trouve qu’après ça fait un petit peu cher le panier. J’essaie de moduler.

« Ils se sont dit que la cuisine pouvait mobiliser »

Coulissesmédias : Vous l’avez dit, vous serez vraiment dans la continuité de « La Quotidienne », pourquoi ce choix de la prolonger ?
Farida : Ils ont fait « C à Vous » et ensuite « C à Vous – La Suite » donc ça paraissait logique qu’ils fassent de même pour « La Quotidienne », tout simplement. France 5, dès la création de « La Quotidienne », voulait lui faire une petite suite et quand ils ont vu que mes chroniques étaient pas mal regardées, ils se sont dit que la cuisine pouvait mobiliser mais ils ne voulaient pas faire un énième magazine de cuisine. Comme je prônais à plusieurs reprises la lutte contre le gaspillage alimentaire, en lui donnant des chiffres, en mettant en fait le doigt sur un sujet sensible mais sans être une engagée forcenée, que je faisais des recettes anti-gaspillage, ils se sont dit que ça pouvait être une idée parce que ça n’existe pas encore et que ça permet d’aller dans la lignée de « La Quotidienne », qui est une émission quand même éco-citoyenne, éco-responsable, solidaire, etc… Là c’est une émission sur l’éco-responsabilité mais dans l’axe de l’alimentation uniquement.

Coulissesmédias : C’est un avantage que les téléspectateurs vous connaissent ?
Farida : Je pense que c’est un petit plus pour moi. On a reçu des tweets « Ah mais si Farida anime l’émission, elle ne sera plus dans « La Quotidienne », on est triste. » et ça fait plaisir. Ça veut peut-être dire qu’ils vont me suivre dans « La Quotidienne – La Suite ». C’est un avantage parce qu’ils savent que je propose une cuisine et une alimentation décomplexée en leur disant n’hésitez pas à ouvrir un sachet de salade ou à cuisiner des épinards surgelés de temps en temps, ce n’est pas problématique ni dramatique de ne pas utiliser que des produits frais. Il faut s’adapter au quotidien et d’ailleurs je prône une cuisine du quotidien, une cuisine pratique d’une maman occupée.

LA QUOTIDIENNE ... LA SUITECoulissesmédias : Le lancement se fera donc le 4 janvier, ce n’est pas une date un peu bizarre alors que l’émission était évoquée dès juillet ?
Farida : C’est bizarre parce qu’il y a eu un changement de direction et Michel Field, qui est arrivé à la direction des magazines en septembre, n’avait pas connaissance de tous les projets et c’est pour cela que cela a pris un peu de temps. Il a tout de suite foncé dans le projet, il était pour mais le temps qu’il nous donne le feu vert, on ne pouvait pas avancer et il nous fallait ensuite tourner les sujets. C’est la raison de ce lancement au mois de janvier.

Coulissesmédias : Les deux premières semaines sont en cours d’enregistrement, et ensuite ce sera du direct ?
Farida : Oui, ce sera vraiment la suite de « La Quotidienne » et on va jouer sur cette continuité. L’émission va se finir et ils vont dire « Farida on te retrouve dans deux minutes et puis moi, je serai en cuisine avec mon commis.

Coulissesmédias : Vous êtes pressée d’être à ce moment-là ?
Farida : Oui, c’est excitant. C’est assez grisant.

« Je veux surtout garder mon naturel »

Coulissesmédias : Vous êtes pressée d’y être ?
Farida : Le grand bain c’est tu sautes du plongeoir et après c’est la roue libre. Si tu te plantes, c’est en direct et c’est devant des millions de téléspectateurs. Il y a cette petite pression mais en même temps, je me dis que si je me plante ce n’est pas grave, si je fais des erreurs, c’est la vie, tout simplement. Je n’ai pas une formation d’animatrice, j’ai été juriste d’affaires pendant dix ans mais passionnée de cuisine depuis toujours. J’ai commencé très tôt, à six ans et ma passion ne m’a jamais quittée. Quand j’étais juriste, je produisais déjà une émission de cuisine, j’allais frapper aux portes des producteurs pour essayer d’avoir un programme, j’écrivais des concepts d’émissions que je refourguais dans les boîtes de prod mais ça ne marchait jamais. J’ai essuyé pas mal de plâtres et du coup, je n’ai pas ce formatage d’animatrice pur et dur, pour moi c’est plus la vie donc s’il y a des erreurs ce ne sera pas très grave. Il y a pire. Je veux surtout garder mon naturel, quand des gens me croisent dans la rue et qu’ils commencent à me parler, ils me disent « Vous êtes comme à la télé ». Je ne veux pas perdre ça.

Coulissesmédias : La case que vous reprenez était quelque peu sinistrée, la chaîne n’a pas du vous fixer d’objectif chiffré mais, vous, quel est le vôtre ?
Farida : Aujourd’hui, c’est vrai que c’est une case sinistrée, c’est du documentaire qui passe et il y a un flottement entre « La Quotidienne » et « Le Magazine de la Santé ». Mon producteur, Christophe Koszarek, a réussi à doubler l’audience sur la case 12-13h, je me dis « Pourquoi pas faire la même chose sur le 13-13h30 ? ». Il ne m’a pas donné d’objectif, c’est moi qui me dit que ce serait cool. Ce qui est agréable, c’est que je n’ai pas de pression de ce côté-là, ni de la chaîne, ni du producteur et personne ne me l’a dicté, ça c’est quand même très confortable. On essaie l’émission et on voit, bien sûr faire une meilleure audience, c’est un peu l’objectif et je l’espère mais on verra bien.

Coulissesmédias : Vous espérez conserver un maximum de téléspectateurs de « La Quotidienne ?
Farida : Ce serait chouette, j’aimerais bien, bien sûr. Et qu’il y ait d’autres téléspectateurs qui viennent à 13h (rires).

Coulissesmédias : Jusqu’à faire plus que « La Quotidienne » ?
Farida : On ne sait jamais mais ce n’est pas mon ambition pour le moment. Déjà, si on garde les téléspectateurs de « La Quotidienne » et que l’on n’en perd pas au passage, ça serait Byzance. Même pour la première émission, si on fait un peu moins que « La Quotidienne » ça sera déjà super. Bon, il y aura ma mère qui regardera au moins (rires), j’espère qu’elle est comprise dans le panel.

Coulissesmédias : Votre émission fera le lien avec l’actualité ?
Farida : Fatalement, il y aura un lien avec l’actualité car il y a eu un projet de loi qui a été voté à l’Assemblée nationale le 9 décembre pour lutter contre le gaspillage alimentaire dans les supermarchés. Ils interdisent notamment aux supermarchés de jeter systématiquement leurs denrées qui sont consommables alors qu’avant ils avaient le droit de les javelliser pour éviter que les sans-abris ou les personnes qui n’ont pas les moyens de les acheter ne le récupèrent. Aujourd’hui, les supermarchés n’ont plus le droit de faire ça donc on va s’inscrire dans l’actualité mais on ne va pas parler de l’actualité proprement dite. Déjà, on parle des produits de saison, donc c’est de l’actualité (rires) et puis on va parler des initiatives en cours dans les différentes régions. Je ne vais pas parler dans l’émission du projet de loi de l’Assemblée nationale mais, de fait, on est inscrit dans l’actualité et ça, d’un côté, c’est une chance pour nous.

« Je vois qu’il y a vraiment des gens qui se bougent »

Coulissesmédias : Aller voir les politiques pour les amener à lutter contre le gaspillage alimentaire, c’est quelque chose que vous pourriez faire ?
Farida : C’est la première fois qu’on me pose cette question-là mais, oui, c’est quelque chose que je pourrais faire. Je ne pensais pas que cela pourrait prendre cette dimension-là mais c’est vrai que cela me tient vraiment à cœur en fait, de plus en plus. Plus j’avance dans l’émission, plus je rencontre des gens intéressants et passionnés par ce qu’ils font, des initiatives aussi très intéressantes et engagées. Je vois qu’il y a vraiment des gens qui se bougent pour faire changer les choses et ça me donne une motivation supplémentaire pour me mobiliser et, pourquoi pas, oui, alors pas faire de la politique au sens propre du terme mais pourquoi pas proposer des solutions et dire que ça existe, qu’il y a des choses à faire, qu’il faut encourager et notamment dans les écoles. J’aimerais bien réapprendre aux enfants à bien manger, en tout cas leur apprendre tout court.

FARIDA FRIGO CREDIT JARAPROD

Coulissesmédias : Finalement, c’est important de mobiliser dès l’enfance…
Farida : Exactement. Les mobiliser sur les emballages, sur tout ça, j’aimerais bien en fait.

Coulissesmédias : « La Quotidienne – La Suite », c’est une véritable émission de service public ?
Farida : Ah oui, on est vraiment dans le service public et dans l’ADN France 5. Je dirais service public France 5 parce que France 5 c’est la chaîne de la culture, du savoir, de l’accessibilité à tous parce que c’est la culture et le savoir mais pas élitiste. Tout le monde regarde, toutes les classes sociales regardent sans se sentir rabaissées et ça c’est très très important. Dans cette émission, ça va être ça aussi : une émission accessible à tous et je pense, un programme agréable. En tout cas, si j’étais téléspectatrice, je la trouverais plutôt agréable (rires). On va essayer d’en faire un programme agréable et puis il y a toutes ces notions de développement durable, éco-responsabilité, éco-citoyen. C’est une vraie émission de service public oui, avec la notion de plaisir et de gourmandise en plus parce qu’on reste quand même dans une émission de bouffe (sic), pas de cuisine mais on parle alimentation donc… plaisir ! Ça ne va pas être une émission anxiogène, je n’ai surtout pas envie de faire ça, je veux trouver des solutions. Ça ne va pas être « Il ne faut plus manger de jambon de supermarché », non, je ne vais pas être une extrémiste, ce n’est pas le but de l’émission. Le but, c’est avant tout d’aider à choisir et, comme vous le disiez à juste titre, de guider le téléspectateur, de l’orienter et de lui donner les clés qui vont lui permettre de bien manger et de réduire son budget.

A SUIVRE…

Propos recueillis par Antoine ROGISSARD
Avec Mickaël ROIX. Crédit photos: Nathalie Guyon / FTV , Jaraprod