Erwan Chuberre: «Aujourd’hui, je n’ai plus peur des années qui vont arriver»

Erwan Chuberre

Erwan Chuberre

L’auteur de biographies de stars (Mylène Farmer, Madonna, Vanessa Paradis, Shy’m…) vient de sortir un ouvrage autobiographique dans lequel il raconte son combat contre le cancer. Un témoignage où la force et le sourire occupent une large place. Interview.

 

Coulissesmédias : Vous avez été confronté à la maladie : un cancer que vous racontez dans un livre « Cancer… Ce n’était pourtant pas mon signe astrologique » (éditions Grimal). Pourquoi avoir fait le choix de tout rendre public ?

Erwan Chuberre : Pour des tas de raisons. Parce que j’avais déjà besoin de l’écrire… C’était symbolique pour moi. Comme une page qui se tourne et la naissance d’un deuxième cycle de vie. Je voulais aussi faire part de ma propre expérience face à la maladie, de rendre hommage au corps médical mais aussi de faire réfléchir certains : un malade du cancer n’est pas qu’un simple numéro sur une liste de rendez-vous. Ensuite, pour montrer qu’il y a toujours de l’espoir et pour demander aux proches d’un malade que le cancer n’est pas contagieux. Si la maladie isole, raison de plus pour faire des efforts.

Coulissesmédias : Comment avez-vous affronté cette épreuve ?

Erwan Chuberre : Peut-être avec beaucoup d’inconscience malgré tout. Après le choc de l’annonce, j’ai voulu combattre la tumeur. Je savais que j’étais atteint du cancer, mais je n’ai jamais imaginé que cette maladie puisse me ronger encore plus. C’était une cohabitation forcée, mais je n’en ai pas fait un ami. Ensuite, je n’étais pas seul dans cette épreuve. Il y avait mon ami, ma famille, quelques amis et mon écriture. Je n’ai jamais cessé de travailler. Même quand j’étais KO. J’allais à mon rythme, certes, mais je n’ai rien mis entre parenthèse.

Coulissesmédias :  Quel récit en avez-vous fait ? Visiblement, il n’y a aucun tabou avec la maladie et tout ce qui l’encadre…

Erwan Chuberre : Je ne sais pas ce que veut dire le mot « tabou ». D’autant que lorsqu’on écrit un livre aussi personnel, je pense qu’il ne faut rien cacher. Sinon, c’est un roman. Après, il y a l’art et la manière de délivrer  des messages. J’ai pris le parti de jouer la carte de l’humour. Le rire est pour moi une arme redoutable. Je suis d’ailleurs convaincu qu’il a beaucoup contribué à ma guérison.

Coulissesmédias : En toile de fond, il y a une histoire d’amour, des références à des artistes que vous aimez et que vous avez racontées dans d’autres livres, et vos difficultés dans le métier… avec des éditeurs notamment…

Erwan Chuberre : Oui… Parler du cancer sans parler de mes divas… Je n’aurais jamais pu…! Sans un zest de glamour et de paillettes, je suis perdu. En fait, je voulais proposer au lecteur des passages qui puissent le sortir des murs d’un hôpital et ainsi en profiter pour parler de mon métier d’auteur qui n’est pas de tout repos : les retards de paiement, des éditeurs véreux… Mais toujours avec humour et sans animosité. Quant à cette histoire d’amour que je vis depuis toutes ces années, c’est mon bien le plus précieux. Ce fut une vraie arme redoutable.

Coulissesmédias : Vous vous étiez fixé un but, un objectif durant ce combat ?

Erwan Chuberre : Détruire la tumeur. Revoir mes cheveux pousser, mon corps reprendre forme humaine… Et surtout retrouver mon énergie… Même quand j’ai une grippe, je ne supporte pas me sentir diminuer. Je ne suis pas le genre de malade qui se plaint… Je ne reste jamais longtemps par terre.

Erwan Chuberre

Erwan Chuberre face au cancer

Coulissesmédias : En écrivant ce livre, quels enseignements avez-vous tirés ?

Erwan Chuberre : Oh, des choses dont je me doutais déjà. Que je voulais prendre plus mon temps. Plus être à l’écoute des autres et ne plus avoir peur du temps qui passe. Avant mon cancer, affirmer que j’avais 40 ans m’était douloureux. Aujourd’hui, je n’ai plus peur des années qui vont arriver.

Coulissesmédias : Vous voyez la vie différemment ? Qu’est-ce qui a changé ?

Erwan Chuberre : Je vois cette guérison comme une deuxième chance. Je souhaite m’octroyer plus de temps pour jouir des plaisirs simples de la vie. Ne plus se perdre dans des excès inutiles mais profiter de chaque instant. Avec intelligence. Toujours écrire mais en prenant mon temps. Je n’ai plus rien à me prouver. Avant chaque jour, je me lançais un défi. Et la chose positive : je suis devenu hypocondriaque. Dès que j’ai un bobo, je n’attends plus pour aller voir un médecin alors qu’avant je pratiquais la politique de l’autruche tellement j’avais peur de la maladie. Et pour finir, même si j’ai toujours cru en Dieu, la maladie m’a rapproché de la foi. Il m’a énormément aidé dans ce combat.

Coulissesmédias : S’il y avait un conseil que vous pourriez transmettre à quelqu’un qui traverse ce genre d’épreuve…

Erwan Chuberre : Positiver tous les jours. Je sais, c’est plus facile à dire… Mais se dire que ce n’est qu’un mauvais épisode à vivre. Se lever tous les matins en essayant de remplir sa journée en restant le plus actif possible. J’ai rencontré beaucoup de malades qui écoutaient leur mal. Je ne pense pas que ça soit la meilleure manière de guérir.

Coulissesmédias : Aujourd’hui, comment vous sentez-vous ?

Erwan Chuberre : En très grande forme ! Pour dire, je me suis même remis au sport ! Certes, je suis encore suivi de très près. Mais je ne m’en plains pas.

Erwan Chuberre face au cancer

Erwan Chuberre biographe de stars

Coulissesmédias : Vous écrivez beaucoup. Que préparez-vous ?

Erwan Chuberre : Je viens de finir 4 minis bios en tant que traducteur et adaptateur, et j’ai débuté l’écriture d’un roman, « Jésus is a Gentleman »… Quand je vous dis que la religion fait vraiment partie de ma vie… Bien évidemment, ce Jésus sera fort différent de l’image que l’on se fait. Mais si l’aspect sera différent, la pureté restera intacte…

Coulissesmédias : Et si vous deviez réécrire quelque chose de personnel, qu’aimeriez-vous évoquer ?

Erwan Chuberre : L’histoire de Baya, ma chartreuse… Elle m’a aussi aidé dans ma maladie. Je lui dois bien ça… Maintenant, il est vrai que Colette a déjà écrit « La chatte »… Ca va être très dur de passer derrière… D’autant que vous imaginez si j’appelle ce roman « Ma chatte »… Ooops !

« Cancer… Ce n’était pourtant pas mon signe astrologique » (éditions Grimal) – prix conseillé : 17 euros.

 

Entretien de Mickaël ROIX.

Photos : DR.