Daniela Lumbroso : « Je suis une militante de la défense de la chanson française »

Après l’arrêt de « Chabada » en juin 2013, Daniela Lumbroso a su rebondir sur France Bleu où elle anime « Midi Ensemble ». Aujourd’hui, celle qui produira à nouveau la Fête de la musique cet été avoue à coulissesmedias.com se sentir bien plus libre à la radio sans pour autant s’interdire un retour à la télévision.

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Coulissesmedias.com : Contrairement à beaucoup d’animateurs, vous avez d’abord pris vos marques sur RTL avant d’arriver sur France Bleu. Pourquoi avoir choisi de quitter l’une des plus grandes radios de France ?

Daniela Lumbroso : J’ai animé « Rendez-moi mon portable » sur RTL. Une émission que j’ai adoré faire parce que c’était super drôle de fouiller dans les portables des invités et j’avais parfois des surprises assez hallucinantes. On s’était dit que c’était des salves d’émissions donc j’en ai fait une vingtaine l’été, j’en ai fait à Noël ensuite j’en ai refait l’été encore une vingtaine. En tout, j’ai dû en faire 40 ou 50 et à un moment, je me suis dit : « Je ne peux pas faire ça tout le temps, ça va être hyper répétitif », alors, on s’est arrêté et quelqu’un de plus neuf, Carole Gaessler, est arrivée pour faire la même chose. J’ai arrêté parce que je n’avais rien de particulier à faire à la radio, je faisais vraiment ça pour le plaisir. Je travaillais beaucoup avec ma société de production à ce moment là et puis, un an après, France Bleu est venue me chercher  pour me proposer de faire cette émission. Cela m’a vraiment intéressé parce que je revenais à ce que j’avais beaucoup aimé faire dans les années 1990 et 2000 sur LCI c’est-à-dire de l’interview. J’avais une vraie liberté dans le sens où je pouvais interviewer des invités dans tous les domaines.

Coulissesmedias.com : Vous avez gagné 123 000 auditeurs en quelques mois sur votre tranche horaire. Comment expliquez-vous ce succès ?

Daniela Lumbroso : (Rires) J’aimerais bien le savoir parce que, si l’on avait une explication bien précise, on pourrait continuer dans ce sens et encore augmenter. J’essaie vraiment de faire une émission qui  pourrait m’intéresser en tant qu’auditrice avec une équipe de chroniqueurs qui connaissent bien leur job. L’idée, c’est d’essayer de se renouveler chaque jour en apportant des informations marrantes, sympas mais surtout, ce qui est important pour moi, et je pense que c’est pour ça que France Bleu est venue me chercher et qu’on s’est trouvées sur la même longueur d’onde, ce sont les valeurs de cette station autour de la convivialité, de l’échange et de la bienveillance. On peut être bienveillant et impertinent, c’est ce que j’essaie de faire. Je crois que c’est peut-être ce mélange là qui plaît. Il y a un ton dans l’interview qui fait que les gens s’y intéressent. Aujourd’hui, il y a soit les « méchants » qui font des interviews très rudes, qui bousculent leurs invités, soit les gens qui font vraiment que de la gentillesse, très très promo. Moi je me situe entre les deux, je voudrais être à la fois quelqu’un qui bouscule mais avec bienveillance et gentillesse.

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« A la radio, j’ai le sentiment d’être directement en prise avec les gens »

Coulissesmedias.com : Une saison 2 est déjà prévue ?

Daniela Lumbroso : Oui à priori, je pense, enfin, ce n’est pas acté mais on est tous très contents. A partir du 14 mai, on sera en direct du Festival de Cannes. C’est important pour nous de sortir souvent du studio. La saison prochaine on va faire beaucoup de déplacements en région.

Coulissesmedias.com : Vous sentez-vous plus libre sur ce média ?

Daniela Lumbroso : Je ne me sens pas forcément plus libre. Cela dépend de ce qu’on appelle « liberté ». Il y a une liberté évidente puisque, quand vous n’avez que le son et pas l’image, il y a des tas de choses qui sont très faciles. Vous voulez prendre un extrait de n’importe quoi sur internet, vous le prenez, ça ne pose aucun problème. A la télé, quand vous voulez montrer quelque chose, il faut négocier les droits, il faut de l’image, il faut tourner, ça coûte beaucoup plus cher.  Là, à un moment on se dit : « Tiens, il se passe un festival intéressant à Beaune ou une tournée qui nous amuse à Lille », hop on y va ! Cela ne coûte pas une fortune. A la radio, il n’y a vraiment que la parole entre nous et les auditeurs donc l’écoute n’est pas perturbée par des tas de facteurs et du coup, j’ai le sentiment d’être directement en prise avec les gens, ça me paraît plus un média immédiat. Il y a quand même une liberté de ton, on est un peu plus sous contrôle quand on fait de la télévision. Là aussi, le fait d’être en quotidienne donne l’impression d’être avec des amis quand on parle avec les auditeurs.

Coulissesmedias.com : Comment avez-vous vécu l’arrêt de « Chabada » après 4 années d’antenne ?

Daniela Lumbroso : Maintenant, c’est derrière moi, c’est du passé. On en a beaucoup parlé pendant les quelques mois qui ont suivi, tout va vite aujourd’hui. « Chabada » c’était un bon moment, mais maintenant, c’est fini.

Coulissesmedias.com : Avez-vous regardé l’émission de Natasha St-Pier qui a vous a succédée avec « Nos chansons d’abord » ?

Daniela Lumbroso : Non, je ne l’ai pas regardée particulièrement.

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« Beaucoup de téléspectateurs regrettaient l’arrêt de Chabada »

Coulissesmedias.com : Nagui a vécu la même chose avec « Taratata » avant de faire revivre l’émission sur internet. L’idée vous a-t-elle traversé l’esprit ?

Daniela Lumbroso : Pour l’instant, ce n’est pas dans mes priorités. Beaucoup de gens le demandaient, ça a été énorme. Encore aujourd’hui je reçois plein de lettres de téléspectateurs qui regrettent l’arrêt de « Chabada ». Il y en avait même qui m’avaient écrit en me proposant de participer financièrement. C’est super adorable mais il faut chercher le financement, il faut trouver une « rentabilité ». On ne peut pas avoir un mécène qui donne sans que cela rapporte donc je trouve que c’est encore un peu difficile pour l’instant mais pourquoi pas un jour en tout cas. Je pense que je referai quelque part ce qu’on faisait très bien dans les rencontres entre les artistes et la chanson en live.

Coulissesmedias.com : Aujourd’hui, l’animation télé vous manque-t-elle ?

Daniela Lumbroso : Pas en ce moment, non,  mais je compte bien en faire encore. Je n’ai pas du tout arrêté ! (rires)

Coulissesmedias.com : Avez-vous eu des sollicitations dernièrement ?

Daniela Lumbroso : Oui, on m’a proposé des choses mais je n’étais pas encore dans l’état d’esprit de passer complètement sur d’autres chaines.

Coulissesmedias.com : Sur quels formats travaillez-vous désormais ?

Daniela Lumbroso : J’ai une société de production donc on travaille en permanence sur différents formats, notamment du magazine. Je ne peux pas rentrer dans le détail mais ce sera aussi autre chose que de la variété. On produit la Fête de la musique qui arrive le 21 juin prochain à Montpellier.

Coulissesmedias.com : Vous avez produit « Ils ont marqué les Français » pour NRJ 12. Comment a débuté cette association avec une chaîne attachée à la télé-réalité ?

Daniela Lumbroso : Moi je ne fais pas de télé-réalité parce que ce n’était pas mon savoir-faire mais en l’occurrence c’était du magazine un peu divertissant. Je pense que l’on sait vraiment faire tout ce qui tourne autour du divertissement mais pas seulement de la chanson.

« J’ai appelé Patrick Sébastien pour lui proposer de faire un access »

Coulissesmedias.com : Vous produirez encore La Fête de la Musique en juin. Quel est le programme pour cette année ?

Daniela Lumbroso : On retrouve Patrick Sébastien et Aïda Touihri à la présentation. Ca se passera à Montpellier en plein air, place de la comédie. C’est très festif, on veut que cela reste une émission où l’on peut danser, chanter, faire la fête avec des tubes ensoleillés, d’été, que l’on connaît.

Coulissesmedias.com : L’an passé, les téléspectateurs avaient regretté qu’Aïda Touihri soit dans l’ombre de Patrick Sébastien…

Daniela Lumbroso : Il faut vraiment avoir envie d’aller dire quelque chose parce que l’émission a fait un carton et surtout c’était sublime à Marseille, sur le Vieux port. On avait vraiment fait un travail de titan. C’était magnifiquement réalisé mais cela dit, c’est une évidence que Patrick Sébastien a 10 fois plus de métier qu’Aïda Touhiri, je ne vois pas le problème. Chacun a ses qualités. Patrick est un animateur exceptionnel, l’un des meilleurs. Il chante, il joue la comédie, il imite. Il harangue les foules et il est capable de prendre les gens à bras le corps. Aïda est beaucoup plus jeune dans le métier. C’était son premier grand barnum de ce niveau là, ce n’est pas rien. Pour avoir présenté un certain nombre de Fêtes de la musique, je sais ce que ça représente quand vous avez 200 000 ou 250 000 personnes devant vous et qu’il y a cet enjeu et que vous savez qu’on attend des millions de téléspectateurs. Ce qu’elle apporte vraiment c’est sa jeunesse, son œil qui frise, elle est hyper pétillante. Elle peut être assez rigolote, elle a du charme, elle est jolie donc chacun avait quelque chose à apporter. Patrick sans Aïda, ce serait dommage parce qu’elle apporte aussi cette note d’humour, de féminité et ce côté un peu plus branché peut-être. C’est un bon mélange pour moi.

Coulissesmedias.com : Patrick Sébastien a récemment indiqué être intéressé par l’access prime-time de France 2. Pourriez-vous  travailler sur un concept avec lui?

Daniela Lumbroso : En fait, je l’ai appelé pour lui proposer de faire un access sur un projet que j’ai en production et il m’a dit que c’était une super bonne idée. On a commencé à en parler mais ça ne veut pas dire que ça va se faire ensemble ou qu’il le fera forcément pour France 2. Pour l’instant, on en est pas du tout à ce stade là.

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« J’aime me laisser porter et j’aime aussi être à l’initiative  »

Coulissesmedias.com : Durant votre carrière, vous avez beaucoup produit d’émissions musicales. Est-ce un art qui vous passionne ?

Daniela Lumbroso : J’aime beaucoup la musique et la chanson française. Je suis devenue une espèce de militante de la défense de la chanson française. Cela me semble important parce que je suis fière de ce qu’on peut produire. Sur mon bureau, j’ai un album de Jean-Louis Aubert avec des textes de Houellebecq. Je trouve que c’est un album magnifique. Heureusement que ça existe et qu’on n’a pas uniquement des clones de Beyoncé. On a un joli patrimoine d’une part avec de belles chansons et une création super intéressante mais qui manque de vitrine. Il y a beaucoup de gens qu’on ne voit pas et qui n’arrivent pas à franchir le pas pour aller vraiment vers le public. Avec Internet, c’est un peu plus facile mais malgré tout, c’est toujours des titres internationaux qui font le plus de millions de vues et ce n’est pas évident pour un jeune artiste qui chante en français de se faire connaître. C’est une vraie action militante et en même temps une vraie passion. J’ai l’intention de développer cela à l’étranger où je voudrais créer une représentation régulière, dans différents pays, autour de la chanson française.

Coulissesmedias.com : Quelle casquette vous va le mieux : productrice ou animatrice ?

Daniela Lumbroso : J’aime les deux. J’aime bien être animatrice parfois et ne pas du tout me mêler de la production, me laisser porter, me mettre dans les chaussons de quelqu’un d’autre, et puis j’aime être à l’initiative, concevoir des projets, choisir le contenu d’une émission. C’est passionnant !

Coulissesmedias.com : Quelle téléspectatrice êtes-vous ?

Daniela Lumbroso : Je suis assez ouverte, plutôt grand public. Je peux être passionnée par un documentaire pointu sur les planètes ou les étoiles, ça me passionne, mais en même temps je peux regarder « Qui veut épouser mon fils ? » qui m’a fait mourir de rire l’autre jour. Je suis vraiment très curieuse, il y a beaucoup de choses qui m’intéressent mais je conçois que la télé soit un divertissement et par moment je trouve agréable de s’avachir devant une télé et de ne plus réfléchir. Mes limites sont par exemple dans la télé-réalité, le trash, l’extrême vulgarité.

Propos recueillis par Olivier Sudrot

Photos : Christophe Abramovitz.