Cédric Rablat : « Footligue1.fr prétend aussi à sa place au soleil »

Footligue1.fr s’apprête à fêter sa première bougie en tant que site et, pour l’occasion, a reçu un beau cadeau des internautes à travers une campagne de crowdfunding rondement menée. En pleine expansion, le site connaît un succès fulgurant depuis sa création et espère continuer son développement avec de nouveaux collaborateurs. Pour Coulissesmédias, Cédric Rablat a accepté de présenter son projet et de dévoiler ses ambitions pour le futur.

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Coulissesmédias : Vous êtes le fondateur du site footligue1.fr. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Cédric Rablat : Comme la plupart des journalistes, j’ai fait une école de journalisme plutôt basée sur l’audiovisuel. A la fin de celle-ci, et comme beaucoup de jeunes diplômés malheureusement, j’ai eu une petite période de tâtonnement mais j’ai eu la chance d’être sollicité par Le Parisien pour les sports régionaux. Cela m’a permis de faire des piges pendant deux ans et c’est vraiment ce qui m’a lancé dans le métier. Ensuite, j’ai enchaîné par deux ans et-demi de collaboration handisport, aussi bien sur le support papier que sur le web. Par la suite, il y a eu une vague de licenciements économiques dont j’ai fait partie et je me suis retrouvé dans un milieu un peu plus improbable pour moi qui est celui de la presse auto où j’ai excellé pendant quatre ans. Cela m’a permis d’arriver jusqu’à M6 dans « Turbo » et, quand la collaboration a cessé deux ans plus tard, j’ai décidé de revenir vers la presse sportive qui est mon cheval de bataille à la base. C’est à ce moment qu’est venue l’idée de footligue1, sous forme de blog dans un premier temps. Voyant que les audiences étaient satisfaisantes pour un petit blog et qu’on avait réussi à faire quelques coups médiatisés, cela nous a permis de prendre un peu de volume. J’ai eu l’envie de passer au stade supérieur et d’en faire vraiment un site internet professionnel.

Coulissesmédias : Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir le web ?
Cédric Rablat : J’excelle plus dans la presse web sachant que mon parcours est quasi-exclusivement dans ce domaine. C’était une forme de continuité pour moi de rester dans le web et puis, on a plus ce côté adrénaline et de l’urgence, de l’actu chaude que sur le support papier. C’était un choix logique finalement.

« C’était un pari plutôt osé »

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Coulissesmédias : Footligue1 s’apprête à fêter ses un an en tant que site. Mais vous venez également de franchir une nouvelle étape grâce à une campagne de crowdfunding ?
Cédric Rablat : On a bouclé notre campagne de crowdfunding avec succès. On s’est lancé là-dedans car on nous avait préconisé ce genre de projet pour se développer et financièrement, avoir plus de ressources. C’est vrai que pour nous, ça pouvait être un pari plutôt risqué parce qu’on est un jeune média et qu’on n’a peut-être pas, même sûrement pas, la notoriété de L’Equipe ou des gros bras du secteur C’était un pari plutôt osé mais ça nous permettait de jauger la notoriété du projet, sa crédibilité et aussi savoir si derrière, on avait l’adhésion du grand public je dirais. Avoir réussi cette campagne de crowdfunding, c’est une grosse satisfaction pour nous.

Coulissesmédias : C’est une surprise cette réussite pour vous ?
Cédric Rablat : On a toujours une part d’inconnu quand on se lance dans ce genre de démarches, surtout quand on est un jeune média. C’est vrai qu’on se demande comment le projet va être reçu par le public, si derrière il va y avoir une adhésion ou pas et si le montant de la collecte va être rationnel ou pas. C’est vrai qu’il y avait beaucoup d’incertitudes et peut-être même de stress pour nous mais c’est une belle victoire d’avoir atteint cet objectif.

Coulissesmédias : Vous aviez une équipe à vos côtés jusqu’ici ?
Cédric Rablat : Non, je suis tout seul pour l’instant donc c’est vrai que l’objectif aussi de cette campagne, comme on l’a précisé au grand public, cela permettait de procéder à un certain nombre de retouches et notamment d’étoffer l’équipe éditoriale pour proposer encore plus de contenu, aussi bien en quantité qu’en qualité.

Coulissesmédias : Quel serait pour vous le profil idéal pour vous accompagner dans ce projet ?
Cédric Rablat : Il faut déjà bien recontextualiser les choses, parce qu’on a bouclé une campagne de crowdfunding à 17 000€ et j’ai reçu pas mal de coups de fil de confrères me proposant leurs services. 17 000€, pour une entreprise comme la nôtre, ce n’est pas 300 000€ donc on ne peut pas se permettre non plus tout et n’importe quoi au point de vue financier. Aujourd’hui, on recherche plus des jeunes journalistes, étudiants ou qui sortent d’écoles de journalisme pour leur donner cette première opportunité de toucher du doigt leur futur métier et surtout de pouvoir le pratiquer à 100%. On est plus, pour l’instant, dans ce type de profil parce qu’on peut se permettre de leur donner ce coup de pouce pour les lancer dans le métier parce qu’on a tous besoin à un moment donné d’avoir une main tendue pour démarrer. Et pourquoi pas avoir des petites pépites du journalisme qui peuvent nous permettre de franchir un palier dans notre contenu rédactionnel.

« On est très ambitieux »

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Coulissesmédias : Vous connaissez un succès fulgurant, jusqu’où espérez-vous monter ?
Cédric Rablat : Je serais tenté de dire qu’il n’y a pas de limite (rires). On arrive quand même dans une niche ultra-concurrentielle avec des chiffres, il faut bien l’admettre, assez vertigineux. Ce sont aussi des concurrents qui ont beaucoup plus de vécu que nous donc je dirais qu’à la limite ce n’est absolument pas comparable. Honnêtement, on débarque dans cette niche avec certes beaucoup d’humilité et de respect pour la concurrence mais non sans ambition. On n’a pas de limite, on prétend aussi à notre place au soleil et on veut aller le plus loin possible en termes d’audience. On est très ambitieux.

Coulissesmédias : Justement, votre audience, actuellement, elle est de quel ordre ?
Cédric Rablat : Si on a souhaité aussi faire cette campagne de crowdfunding, c’est parce qu’en termes d’audience on avait franchi « un premier palier ». On arrivait à stabiliser ou à passer la barre symbolique des 10 000 visiteurs uniques par mois donc, pour nous, c’était important de franchir un autre palier en termes d’audience, d’où la campagne de crowdfunding pour bien évidemment viser beaucoup plus haut à l’avenir. En termes d’objectifs chiffrés, je dirais que se limiter à un objectif précis c’est peut-être se bloquer dans des cases et ce n’est pas forcément le but. Ce qui nous intéresse c’est bien sûr de continuer notre progression et à terme d’aller titiller un peu la concurrence et jouer des coudes avec eux si je puis dire.

Coulissesmédias : Vous l’avez dit, il y a beaucoup d’autres sites de ce genre. Comment expliquez-vous votre succès ?
Cédric Rablat : Le football, ça reste un sport qui est très fédérateur, que ce soit en France ou ailleurs. Le nombre de passionnés aujourd’hui est vraiment énorme donc il y a une vraie culture foot et ça s’explique aussi par le fait que le web attire beaucoup la jeunesse. Les deux réunis permettent d’avoir beaucoup de trafics sur les sites. Après, bien entendu, il y a la ligne édito qui fait la différence, c’est indéniable. Depuis quelques années, on a certaines stars du foot mondial qui arrivent en France donc je pense que ça aussi ça permet d’avoir un attrait supplémentaire pour les sites sur le football.

« On est le seul site (…) à avoir eu deux fois Laurent Blanc »

Coulissesmédias : Vous parlez de votre ligne éditoriale qui est différente, mais n’est-ce pas finalement ce que beaucoup de sites mettent en avant ?
Cédric Rablat : C’est plus ou moins justifié pour certains. Après, les revendications il faut les assumer aussi dans le contenu. Nous, on a choisi de se démarquer en ne traitant que du championnat de France de football et de l’Euro 2016 donc, ça, c’est un choix éditorial clairement assumé de notre part. On a refusé aussi toutes les sollicitations liées au buzz parce que maintenant, si vous allez sur des sites de foot, vous allez souvent avoir une catégorie buzz qui ramène énormément de trafic, la moitié parfois. On n’a pas souhaité s’inscrire dans ce genre de procédé et, surtout, on a une proximité avec les gens du milieu du football qui, par notre carnet d’adresses, nous permet d’obtenir des exclusivités et même certaines fois de démentir la concurrence et cela nous amène du trafic. Voilà comment on se démarque. Pour l’instant, on se limite peut-être à des coups en faisant intervenir des personnalités du milieu mais l’objectif, c’est que ce soit hebdomadaire, voire quotidien. Aujourd’hui, on est le seul site internet de football à avoir eu deux fois Laurent Blanc en interview exclusive. Je pense que nos concurrents ne peuvent pas se targuer de l’avoir eu une seule fois en interview sur leur site internet donc, pour nous, c’est une grande fierté. L’objectif justement, c’est de proposer ce genre de contenus régulièrement et non plus une fois de temps en temps. On veut pérenniser la chose.

Coulissesmédias : Vous attendez impatiemment l’Euro 2016 ?
Cédric Rablat : Très clairement oui. On bosse dessus depuis pas mal de temps et maintenant ce qu’on attend concrètement c’est l’aval de l’UEFA puisque comme tout journaliste on a procédé à la demande d’accréditation pour l’événement. La date butoir pour les déposer c’était le 31 janvier dernier donc on est encore en attente forcément de la décision finale. On attend avec impatience la réponse de l’UEFA qui nous permettra j’espère de couvrir l’événement à 100%.

« Accorder une fenêtre de tir exclusive à la Ligue 1 »

Coulissesmédias : La Ligue 1 n’est pas le championnat européen réputé comme le plus passionnant. Pourquoi avoir choisi de centrer votre site uniquement sur celui-là ?
Cedric Rablat 2Cédric Rablat : Dans un premier temps, je trouve qu’il y avait une certaine spécificité de la chose. Quand on arrive dans une niche ultra-concurrentielle, il faut essayer de se démarquer de la concurrence. Tous nos concurrents font tous les championnats européens, ils ne sont pas juste spécifiques au championnat de France donc je trouvais que c’était intéressant finalement d’accorder une fenêtre de tir exclusive à la Ligue 1. Il y a aussi le fait que proposer aux internautes du contenu sur les autres championnats européens, si c’est pour ne pas l’assumer, je ne trouve pas ça très honnête. Aujourd’hui, comme je l’ai dit, je suis seul pour le contenu donc vendre quelque chose aux internautes et ne pas bien le faire, je pense qu’en termes d’image pour notre site c’est quelque chose de négatif. On voulait se positionner sur une ligne éditoriale exclusive tout en se reposant sur un contenu qualitatif.

Coulissesmédias : Vous pourriez, à terme, imaginer des dérivés de Footligue1 pour d’autres championnats ?
Cédric Rablat : On a la chance d’évoluer sur internet, c’est un support qui nous permet de bouger les lignes je dirais un petit peu à notre guise. Pour l’instant, ce n’est pas d’actualité, l’objectif c’est d’abord de pérenniser footligue1.fr comme le spécialiste de la Ligue 1 auprès du public comme de la concurrence. Si on arrive à terme à atteindre cet objectif, pourquoi pas. Ça peut être une possibilité de s’étendre sur d’autres championnats mais il faut avoir la logistique pour assumer ce genre de choses.

Coulissesmédias : Vous proposez également une billetterie sur votre site, qui elle ne s’arrête pas qu’à la Ligue 1. Pourquoi ce choix ?
Cédric Rablat : Un site internet doit générer des revenus publicitaires, c’est ce qui nous fait vivre aussi indirectement et en plus la collaboration s’est effectuée assez naturellement. On s’est dit que nos internautes étaient certes passionnés de football mais qu’ils pouvaient aussi être passionnés de musique et d’autres choses donc qu’ils puissent consulter le contenu du site puis s’acheter une place de concert ou autre ça nous a paru légitime.

« On est à 30% de la capacité du site »

Coulissesmédias : Les 17 000€ que vous a rapporté la campagne de crowdfunding vont vous permettre d’assurer vos arrières pour un temps mais vous cherchez tout de même des investisseurs pour la suite. Si vous deviez les convaincre en quelques mots, vous leur diriez quoi ?
Cédric Rablat : Je leur dirais que tout jeune média reste potentiellement intéressant, surtout quand il arrive à se démarquer de la concurrence et qu’il génère un certain nombre de trafics. Que ce média en plus arrive à prouver qu’il peut avoir du contenu exclusif que des gens comme L’Equipe, FootMercato ou autres n’ont pas. Je pense que ça donne déjà un premier aperçu de ce qu’on sait faire et je leur dirais aussi qu’aujourd’hui, et c’est ça qui est intéressant pour nous à mon sens, c’est que Footligue1 est encore loin d’avoir atteint la plénitude de ses moyens. Ce qu’on est déjà en train de proposer aujourd’hui, je pense que c’est quelque chose d’intéressant pour le grand public. Si on arrive à 100% de nos capacités je pense que ça peut donner quelque chose de costaud. Actuellement, il n’y a qu’une personne qui gère le site mais on arrive déjà à brasser un certain nombre d’audience et on a eu pas mal d’exclusivités. Je dirais que, pour le moment, on est à 30% de la capacité du site. Quand on a envie d’entreprendre, on a aussi envie d’atteindre la plénitude et avec ce qu’on propose aujourd’hui en étant juste à 30% de nos moyens, on peut imaginer ce que ça peut donner quand on sera à 100%.

Propos recueillis par Antoine Rogissard