Benjamin Petrover entame sa troisième saison aux manettes de la matinale du weekend sur Europe 1. Au programme : un mélange d’informations et de chroniques dosé pour vous informer dans la bonne humeur entre 6h et 9h. Rencontre avec ce « matinalier » qui a su fédérer un public large et souvent exigeant.
Coulissesmédias : Comment abordez-vous cette nouvelle saison au micro de la matinale du week-end sur Europe 1 ?
Benjamin Petrover : C’est la troisième saison. Nous avons donc retenu les leçons des deux saisons écoulées. Et celle-ci est, à mon sens, la plus aboutie.
Coulissesmédias : Justement, quelles sont ces fameuses leçons ?
Benjamin Petrover : Nous avons fait quelques réajustements. Nous avions par exemple deux débats qui étaient un peu redondants le samedi et le dimanche, donc nous avons corrigé le tir cette année. Nous avons maintenu l’idée du débat parce que c’est un rendez-vous qui plait beaucoup mais nous avons un débat politique le samedi avec Laurent Neumann face à Guillaume Roquette. Et le dimanche, c’est un débat économique avec Eric Le Boucher et Agnès Verdier-Molinier. Cela permet d’aborder des questions que nous ne pouvions pas faire l’an dernier sur des thématiques qui intéressent énormément nos auditeurs. Aujourd’hui, tout est lié à l’économie et il manquait un tel rendez-vous dans la matinale du week-end donc nous sommes très heureux et très fiers de l’avoir lancé en début de saison. Enfin, nous proposons une interview à 8h20 dans la continuité de ce que fait Jean-Pierre Elkabbach en semaine. Durant cet entretien, il y a un peu plus de liberté quant au choix de la personnalité c’est-à-dire que, contrairement à la semaine, notre invité n’est pas forcément une personnalité politique, économique et sociale.
Coulissesmédias : A vos côtés, Christine Pena ?
Benjamin Petrover : J’avais travaillé avec Christine il y a quelques années. Il s’agit de retrouvailles heureuses.
Coulissesmédias: Denis Olivennes (Patron de Lagardère Active) rêvait d’une grille pérenne. En ce qui vous concerne, cela vous sourit plutôt bien puisque vous êtes à la tête de la matinale pour la 3ème saison…
Benjamin Petrover : Je suis surpris que les médias évoquent énormément les différents changements qui ont eu lieu en cette rentrée sur Europe 1 sauf que pour mon émission, mais également d’autres émissions, la direction a poursuivi ce travail de stabilisation. On a quelques exemples : Laurent Ruquier qui entame sa quinzième saison, Caroline Dublanche qui est là depuis dix ans ou Thierry Lecamp qui est là depuis pas mal d’années également. Donc, en effet, pour moi, c’est un signe de confiance de la part de la Direction. Je remercie Denis Olivennes et Fabien Namias pour cette confiance renouvelée. Et, c’est surtout une grande fierté d’être là et de poursuivre cette émission.
Coulissesmédias: Parlez-nous de votre offre…
Benjamin Petrover : Le week-end, l’auditeur veut à la fois être informé et diverti. Et c’est pour cette raison que notre matinale est une alternance entre journaux d’information en direct avec une rédaction qui reste mobilisée le week-end, et des chroniques de détente, propres aux week-end. Nous avons Jean-Luc Petitrenaud qui propose ses bonnes adresses de restaurants, le dimanche matin, Laurent Cabrol vient donner des conseils de jardinage à nos auditeurs, Christiane Collange vient parler des papys et des mamies, Alain Cirou nous emmène nous évader dans l’espace, Bruno Donnet revient sur un fait d’actualité « Un an après ». Et, à 8h45, Nikos Aliagas, reconduit pour une seconde année, nous parle de musique, de cinéma, de théâtre… Et je peux vous dire que c’est une grande satisfaction d’avoir une personnalité aussi emblématique dans la matinale du week-end ! Donc, il y a tous ces rendez-vous entrecoupés par l’information avec Christophe Carrez et Emilie Bonnaud sous la coordination de Marc Messier.
Coulissesmédias: Peu de musique en tout cas…
Benjamin Petrover : Si. Thierry Geffrotin vient tous les dimanches matins proposer sa chronique de musique classique. Sur quelle autre grande radio généraliste, entendez-vous 5 minutes de musique classique le dimanche matin ? Et j’ajoute qu’avec Nikos, nous passons pas mal d’extraits de musique.
Coulissesmédias : Présenter la matinale le week-end, c’est plus confortable ?
Benjamin Petrover : Thomas Sotto a évidemment une densité d’informations à digérer et à rendre aux auditeurs chaque jour qui est particulièrement impressionnante. Et, je suis d’ailleurs admiratif du travail qu’il rend chaque jour sur Europe 1 parce que c’est extrêmement intense. Il n’empêche que nous avons aussi une charge de travail que l’auditeur ne soupçonne pas. Et donc, la matinale du week-end ne peut se préparer le vendredi soir.
Coulissesmédias : Entrons donc dans les coulisses. Comment se prépare votre matinale ?
Benjamin Petrover : En fait, la préparation ne s’arrête jamais. Elle se fait dès le mercredi. Officiellement, le lundi et le mardi sont mes journées « off » mais je reste forcément attentif à l’information. Je ne peux pas rester loin de tout cela. J’échange en permanence avec mes supérieurs hiérarchiques : Fabien Namias et Nicolas Escoulan sur des idées d’invités, de rendez-vous ou de débats que l’on peut mener. En général, le vendredi est une journée extrêmement chargée puisque nous finalisons. C’est aussi le jour où nous enregistrons certaines chroniques que nous ne pouvons pas faire en direct parce que certains chroniqueurs n’ont pas la possibilité d’être sept jours sur sept à la radio. Même si nos invités sont choisis, il arrive très souvent que le samedi après-midi, en raison de l’actualité, nous soyons obligés de changer l’invité du dimanche matin.
Coulissesmédias :Même s’il y a un effet « week-end », c’est l’actualité qui domine côté contenu ?
Benjamin Petrover : L’actualité ne s’arrête plus. La France a changé, les citoyens ont changé, nos auditeurs ont changé. Il y a eu cette époque où la France s’arrêtait complètement le week-end. L’actualité ne reprenait que le lundi matin. C’est fini. L’actualité ne s’arrête plus sur Twitter, sur Facebook, les hommes politiques sont en déplacement le week-end ou invités à des émissions politiques le dimanche. D’où notre priorité de montrer qu’Europe 1 est LA radio qui vous permet de rester informé le week-end.
Coulissesmédias : L’actualité, souvent morose, pourrait donner envie à l’auditeur de décrocher et de passer à autre chose… Il y a donc peut-être ce risque, en offrant beaucoup d’info, de le voir se réfugier sur une radio plus musicale ?
Benjamin Petrover : Ce constat est juste. Mais nous sommes ici à Europe 1 des journalistes avant tout. Nous restons mobilisés. Et je le rappelle, la matinale a été construite sur un schéma très clair avec des séquences d’information et des séquences de détente. Nikos nous ramène le meilleur des artistes. Nous sommes l’une des rares radios à avoir eu Lady Gaga lors de son arrivée à Paris ou plus récemment Woody Allen qui a donné sa première interview radio lors de son dernier passage à Paris. La détente, elle est là aussi.
Coulissesmédias : Nikos est plus « journaliste » qu’animateur…
Benjamin Petrover : Tout à fait. Mais cela reste un moment de détente dans une matinale d’info. Notre promesse, c’est d’informer l’auditeur.
« La façon de faire l’information sur Europe 1 ou la façon d’offrir un programme sur Europe 1 n’est pas la même que celle qui se fait sur les chaînes de télévision le matin. »
Coulissesmédias : Onze millions de Français allument la télé le matin pour suivre une matinale. Cela vous gêne ?
Benjamin Petrover : C’est une bonne question. Forcément, nous observons ce qui se fait ailleurs. Je crois que c’est à la fois un mouvement à observer de près mais il ne faut pas non plus céder à un certain alarmisme ou à un phénomène de mode. Je pense que l’auditeur qui vient écouter Europe 1, vient chercher une offre qu’il ne trouve pas ailleurs. La façon de faire l’information sur Europe 1 ou la façon d’offrir un programme sur Europe 1 n’est pas la même que celle qui se fait sur les chaînes de télévision le matin. En semaine, William Leymergie présente avec un talent incroyable et une longévité admirable Télématin. A côté, il y a BFMTV et i-Télé mais si je ne m’abuse, BFM TV, c’est environ 400 000 téléspectateurs le matin. Sur Europe 1, le samedi matin, nous en avons 1 million et demi.
Coulissesmédias : La radio n’avait pas prévu ce succès de la télé, le matin ?
Benjamin Petrover : Nos spécialistes marketing suivent ce phénomène depuis longtemps.
Coulissesmédias : Quelle est la matinale télé que vous surveillez tout particulièrement ?
Benjamin Petrover : Sans vouloir faire du corporatisme, le matin, j’écoute Europe 1, France Info, RTL et un peu France Inter. Mon besoin, actuellement, c’est d’écouter une matinale radio. Je suis davantage les chaînes info le soir. Et je pense qu’elles ont une place à prendre le soir vers 22h30 quand le film est terminé. C’est peut-être pour cette raison que le grand journal du soir que présente Emmanuel Faux sur Europe 1, remporte un grand succès.
Coulissesmédias : Vous pensez à cette concurrence télé ?
Benjamin Petrover : Non, j’essaie d’être avant tout le plus proche possible des auditeurs d’Europe 1. Forcément, nous observons ce qui se fait ailleurs mais la priorité, c’est de faire une matinale telle que les auditeurs la souhaitent.
Coulissesmédias : Quel est l’avantage de la radio lorsqu’on est à la tête d’une matinale ?
Benjamin Petrover : Il y a beaucoup plus de réactivité et de liberté. Avant d’arriver à Europe 1, j’ai présenté pendant trois ans les infos sur i-Télé. Et je peux vous dire que les retours que l’on a sont très différents selon que l’on est en radio ou en télé. En radio, c’est souvent sur le fond de notre travail. En télé, les retours peuvent porter sur la tenue vestimentaire du jour. Cela a un côté frustrant.
Coulissesmédias : Vous pourriez concilier radio et télé ?
Benjamin Petrover : Oui. J’ai eu récemment plusieurs propositions très différentes, émanant de chaînes de télé. Je ne peux pas en dire plus parce que, pour l’instant, ça n’a pas abouti. Quel que soit le projet télé, je le ferai sans négliger mon travail sur Europe 1.
Coulissesmédias : Qui sont vos modèles dans ce métier ?
Benjamin Petrover : J’ai une grande admiration pour Yves Calvi qui, pour moi, est l’un des meilleurs débatteurs de France, Jean-Pierre Elkabbach qui mène avec brio et depuis tant d’années ses interviews, Laurent Guimier qui sait concilier à la fois le besoin d’informer l’auditeur et le besoin de le faire avec du sourire et une voix accueillante. Il y a aussi Ivan Levaï avec qui j’ai grandi en écoutant la revue de presse. Je présente une revue de presse le samedi matin et il n’est pas rare que je me demande si Ivan Levaï l’aurait faite de cette manière. Et puis, Christophe Hondelatte qui fait beaucoup parler de lui en ce moment pour autre chose que du journalisme, qui a été moqué pour ses envies de faire de la musique. Ce que je retiens de lui, c’est qu’il m’a beaucoup appris. A 22 ans, j’étais jeune reporter à RTL, je l’ai été pendant plusieurs mois au service politique et au service économique. A l’époque, Hondelatte présentait RTL midi et j’ai eu un déclic en l’écoutant. Je l’avais dans les oreilles tous les jours, je l’ai vu travailler, j’assistais aux conférences de rédaction avec lui et j’ai eu un vrai déclic sur sa façon d’écrire les journaux. Il a inventé un ton moderne, dynamique, pêchu. Et Calvi, lui, a amené la modernité dans la façon de donner les interviews par sa curiosité et sa façon de reformuler les réponses des invités lorsqu’elles ne sont pas claires. J’aime le voir rebondir sur des questions toutes simples et accessibles qui amènent une réponse que l’on ne soupçonne pas.
Coulissesmédias : Quel concept d’émission aimeriez-vous développer en radio ?
Benjamin Petrover : Ma priorité, c’est avant tout de mener au mieux Europe 1 week-end. A l’avenir, il y a des rendez-vous que je mène durant la matinale qui sont ceux qui me plaisent plus que d’autres. L’invité de 8h20 ou le débat de 8h30 sont des moments que j’affectionne. Si je dois réfléchir à l’avenir à d’autres rendez-vous, ce serait essentiellement des choses basées sur de l’interview ou des débats.
Coulissesmédias : De l’échange comme cet été lors de vos remplacements sur Europe 1 midi ?
Benjamin Petrover : J’ai pris grand plaisir à remplacer Patrick Roger tout un été en menant un débat d’une heure tous les jours. C’était pour moi un exercice formidable, passionnant qui m’a permis d’apprendre, de découvrir et surtout d’échanger.
Coulissesmédias : Quel regard portez-vous sur la profession aujourd’hui. Le métier a changé et l’auditeur n’attend plus la même chose…
Benjamin Petrover : La problématique, c’est qu’aujourd’hui, il y a un concurrent géant qui s’appelle Internet. Aujourd’hui, une personne qui regarde un journal télé ou qui écoute une émission de radio est une fois sur deux déjà au courant de ce qu’on lui raconte. C’est la grande différence. Avant, on informait l’auditeur, il nous suffisait d’être assez synthétique, assez bref pour convenir à ses attentes. Aujourd’hui, l’auditeur sait déjà lorsqu’il allume la radio ou la télé. Pour rester dans la course, on a deux possibilités. Soit, on trouve des infos qu’il n’a pas et qu’il a envie d’entendre. Soit, on apporte de la profondeur de champs, de l’analyse, du commentaire pour aider l’auditeur à mieux comprendre le monde qui l’entoure.
Coulissesmédias : Internet rend la tâche plus compliquée ?
Benjamin Petrover : Cela donne surtout l’envie de se surpasser en permanence. La difficulté est peut-être plus importante pour des médias comme France Info.
« L’auditeur n’attend plus d’un journaliste d’être le perroquet des dépêches AFP. »
Coulissesmédias : Et dans cette course, il y a cette chasse aux scoops, cette recherche de buzz… Qu’en pensez-vous ?
Benjamin Petrover : Il faut rester vigilant. Moi-même, quand je reçois des informations, j’essaie de marquer un temps d’arrêt avant de les relayer immédiatement à l’antenne. Aujourd’hui, la demande a changé. L’auditeur n’attend plus d’un journaliste d’être le perroquet des dépêches AFP.
Coulissesmédias : Pour terminer, vous avez animé votre émission en public il y a quelques semaines dans le cadre de la porte ouverte que proposait Europe 1 dans le cadre des journées du patrimoine. Quel bilan faites-vous de cette opération ?
Benjamin Petrover : Une belle et agréable surprise. Il y a un lien très fort entre Europe 1 et les auditeurs. Il ne date pas d’aujourd’hui d’ailleurs. J’ai été très ému et touché par ce vent d’amitié venant de la part des auditeurs d’Europe 1. Nous sommes souvent seuls en studio, nous ne savons pas toujours à qui nous parlons. C’est un vrai vent de chaleur et d’amitié. Certains se sont levés à 4h ou 5h un dimanche, ils ont pris le premier métro pour venir nous voir à 6h. Nous avons fait salle comble. Avec un public intéressé, attentif, curieux de connaître le déroulé de l’émission, le conducteur, les coulisses etc… Devant la quantité d’émissions médias, je considérais que les auditeurs connaissaient déjà tout. Mais pas du tout ! Ils ont eu beaucoup de questions après l’émission. Un moment incroyable qui a permis d’échanger et de voir si ce que nous leur offrons correspond – ou pas – à leurs attentes. Nous avons pris en considération chacune des remarques. Et puis, c’était l’occasion de recevoir Pierre Bonte, voix mythique d’Europe 1 qui a inventé « Bonjour Mr le maire », l’un de nos maîtres dans le journalisme. C’était un beau moment.
Propos recueillis par Mickaël ROIX.
Photos : DR/Europe 1.
Vous avez reflechi sur le doccier de Francisca?????? Cpmme la rèponse à été NON , cést DURE de láccepeter…………….. Peut -être porter láffaire devant les médias, la reponse será diffèrente. Catarina Araujo.