Annabelle Baudin dans l’intimité des politiques

Découverte dans le Kéno sur France 3, Annabelle Baudin est également animatrice sur Ma Chaîne Etudiante. Elle présente « Les politiques face aux jeunes ». Un rendez-vous où elle reçoit des personnalités politiques qui viennent parler de… leur vie. Explications.

Annabelle Baudin

Annabelle Baudin

 

Coulissesmédias : D’où vient ce désir de parler politique ?

Annabelle Baudin : « Les politiques face aux jeunes », c’est une émission qui existait déjà. J’y avais collaboré plusieurs fois et je trouvais cela extrêmement intéressant de confronter des jeunes aux élus. Il y a un véritable espace de libre échange, de discussion et d’ouverture. J’ai proposé au rédacteur en chef une partie plus intimiste. Parce qu’on ne connaît pas véritablement les politiques. On se contente de leur image et compte tenu des problèmes socio-économiques que rencontre notre pays actuellement, on peut très vite être dégoutté de l’univers politique. Avec cette partie plus intimiste, nos téléspectateurs qui ont entre 16 et 30 ans en moyenne découvrent vraiment une autre facette de l’invité(e) politique : son parcours qu’il soit scolaire, universitaire… son enfance, son adolescence, ses passions, son engagement. C’est une manière de voir l’homme ou la femme qui se dévoile derrière le politique. L’objectif est d’établir un lien, une proximité, une rencontre avec ces personnes qui nous gouvernent.

Coulissesmédias : Comment décririez-vous ce rendez-vous ?

Annabelle Baudin : C’est un moment important pour les téléspectateurs et pour les jeunes qui participent à l’émission. Ce sont souvent des jeunes issus du milieu associatif, des représentants de syndicats etc… Ils ne croisent pas les politiques tous les jours, il est donc important qu’ils puissent se confronter à eux, les rencontrer, discuter de certains sujets. Dans la partie intimiste, on découvre réellement qui sont ces acteurs de la vie politique. Dans leur quotidien, ils ont des éléments de langage et on s’en rend bien compte dès lors on s’intéresse à eux de façon beaucoup plus intimiste, ils sont obligés de sortir de ces éléments de langage. Même s’ils veulent se protéger à travers le discours, l’émotion passe et  nous pouvons tout de suite sentir si la personne est gênée ou troublée. Il y a quelque chose d’assez juste, vraie et sincère. On n’est pas dans de la langue de bois. Croyez-moi, je fais tout pour la contourner.

Annabelle Baudin

Annabelle Baudin

Coulissesmédias : Est-ce que cela veut dire que le personnage est différent dans la deuxième partie de l’émission, lors du portrait intimiste ?

Annabelle Baudin : Oui et non car en général, ils arrivent avec des sujets qui sont les leurs et qu’ils maîtrisent parfaitement. Ce qui ne les empêche pas d’être très spontanés et sincères. Ce sont vraiment des caractères, des personnalités qui se révèlent dans cette séquence plus intimiste.

Coulissesmédias : Comment est né ce rendez-vous sur Ma Chaîne Etudiante ?

Annabelle Baudin : L’émission existait déjà et j’ai eu envie de proposer cette partie plus intimiste, j’allais dire plus personnelle…

Coulissesmédias : Quel est le principal enjeu de ce rendez-vous ?

Annabelle Baudin : Si on se place sur la deuxième partie de l’émission, après le débat avec les panélistes, c’est très certainement la découverte d’une personnalité en la faisant sortir de l’image du politicien. D’une façon générale, c’est un moment de partage et de découverte. Et, il se passe souvent quelque chose au moment de la transmission parce qu’on découvre des choses qu’on n’imagine pas toujours sur certaines personnalités.

Coulissesmédias : Quelle est votre spécificité pour aborder les politiques ?

Annabelle Baudin : Je ne traite pas de la politique, je m’intéresse uniquement à l’homme ou à la femme et à son parcours, à ses envies, à ses passions, à son passé, à son enfance : qui il est, ce qui l’anime.

Coulissesmédias : On sort un peu du cadre habituel. En fait, votre idée, c’était de faire ce que les autres ne font pas…

Annabelle Baudin : C’est en discutant autour de moi avec un maximum de personnes de cette envie que j’avais en tête, on m’a répondu que c’était une idée intéressante parce qu’il y avait une envie permanente d’en savoir plus sur les politiques…

Coulissesmédias : Vous connaissiez l’exercice de l’interview auparavant ?

Annabelle Baudin : Oui, j’ai eu la chance d’en faire beaucoup et je dois avouer que  c’est l’un de mes exercices préférés.

Coulissesmédias : La promesse, c’est plus d’intimité plutôt que la confrontation ?

Annabelle Baudin : La confrontation, à titre personnel, ne m’intéresse pas. J’adore les débats d’idées en outre, ici c’est vraiment plus le rapport humain qui m’intéresse. Je recherche vraiment quelque chose de l’ordre du partage, de la découverte et de la transmission.

MCE: Ma Chaîne Etudiante

MCE: Ma Chaîne Etudiante

Coulissesmédias : C’est valable également pour la partie débat de l’émission, c’est tout sauf un ring ?

Annabelle Baudin : Dans les jeunes qui font partie du panel, certains sont du même bord politique que l’invité et d’autres non donc, ils ne sont pas là pour se battre mais pour échanger des idées en abordant les problématiques du moment avec les éléments de réponses de l’invité.

Coulissesmédias : Quelle est votre technique pour faire parler les politiques assez librement et ouvertement ?

Annabelle Baudin : J’accorde beaucoup de temps à la préparation de mes interviews parce qu’il faut tout connaître de l’invité. Il faut lire tout ce qui a été écrit dans la presse avant de l’intégrer, l’assimiler.  Sur place, mon approche est très empathique et j’ose poser certaines questions. Je ne suis pas là pour provoquer, agresser mais  pour faire parler.

Coulissesmédias : Est-ce qu’il y a des consignes de la part des invités ?

Annabelle Baudin : Pas particulièrement. On m’a parfois demandé les questions à l’avance. J’ai refusé considérant qu’il s’agit d’une discussion libre et ouverte qui doit faire preuve de beaucoup de spontanéité.

Coulissesmédias : Vous avez déjà eu le trac face à l’un de vos invités ?

Annabelle Baudin : A chaque fois que je présente une nouvelle émission, j’ai le trac durant les premières minutes, dans les premiers lancements ou quand l’émission change de formule. En fin de compte, c’est le nouvel exercice qui génère du trac et non l’invité.

Coulissesmédias : En prenant les commandes de ce rendez-vous où la thématique est politique, vous n’avez pas eu le sentiment de vous engager dans quelque chose d’excitant mais en même temps… de délicat ?

Annabelle Baudin : Dès lors que je me suis engagée dans l’audiovisuel, je me suis engagée dans une voie à la fois excitante et hyper délicate aussi. Plus sérieusement, j’y ai bien pensé mais il faut avancer dans la vie. Il n’y a pas un danger absolu. Ce sont des hommes et des femmes qui s’adressent aux jeunes donc je ne vois pas ce qu’il y a de délicat à se dévoiler face à un journaliste. L’invité n’est pas là pour jouer la comédie… Il faut parler vrai devant leurs plus jeunes électeurs. Je ne vois pas où est le risque…

Coulissesmédias : C’est pourtant bien connu, la politique est la plupart du temps un terrain plus glissant que d’autres…

Annabelle Baudin : On demande aux invités d’être naturels. Et à chaque fois que je suis en plateau, c’est un nouvel exercice pour moi d’essayer d’amener cela. Mon objectif, c’est que l’invité quitte l’émission en disant « j’ai passé un bon moment ». C’est vraiment un moment d’échange, de partage et je crois que s’ils se prêtent au jeu, ils ont tout à gagner parce qu’ils ont du sang neuf face à eux et puis parce que c’est intimiste dans la seconde partie. Je ne savonne pas le terrain. L’objectif, ce n’est pas du tout qu’ils glissent mais qu’ils se découvrent. Pour cela, il faut qu’ils soient à l’aise et qu’ils se sentent bien.

Coulissesmédias : Pas question de laisser transparaître vos propres opinions ?

Annabelle Baudin : Hors de question.

Coulissesmédias : Quels sont vos rapport avec vos invités ? Vous vous entretenez avec eux avant l’émission, vous déjeunez avec eux ?

Annabelle Baudin : Dans l’idéal, c’est ce qu’il faudrait faire. Je les vois avant de rentrer sur le plateau. J’ai quelques contacts avec les gens qui les connaissent. J’essaie d’avoir un maximum d’informations, de confronter les opinions. Je fais un vrai travail en amont sans contact direct pour l’instant. Mais… Est ce qu’il est bon d’aller déjeuner avec eux pour préparer l’interview ? Cela revient un peu à l’idée de leur envoyer les questions. Si ça devait se présenter, je ne sais pas si j’accepterais car je pense que cela pourrait orienter l’interview…

Coulissesmédias : Y a-t-il beaucoup d’intervieweuses politiques selon vous ?

Annabelle Baudin : Oui, il y a de plus en plus de femmes et c’est très bien. Pourquoi cet univers resterait-il l’apanage des hommes ?

« J’apprécierais qu’on ne parle plus de ces différences hommes/femmes puisque nous sommes complémentaires ! »

Coulissesmédias : Comment les trouvez-vous ?

Annabelle Baudin : J’estime que ce n’est pas mon rôle de donner mon opinion. Je ne suis pas dans le jugement et je n’ai pas à l’être. Que dire, je trouve que les femmes sont, pour la plupart d’entres elles plus sincères. Elles ont peut être moins d’appréhension dans leur approche, dans leur travail. Je pense qu’elles ressentent plus le côté humain. Elles ont peut être la faculté de créer plus facilement un climat de partage propice à la transmission. Et puis, il y a ce côté plus maternel, plus rassurant. Je suis toujours gênée lorsqu’il s’agit d’aborder ce sujet car je mise sur l’égalité. On n’embauche pas quelqu’un parce que c’est un homme ou une femme mais pour ses compétences et son talent. J’apprécierais qu’on ne parle plus de ces différences hommes/femmes puisque nous sommes complémentaires !

 

Annabelle Baudin

Annabelle Baudin

Coulissesmédias : Les femmes s’intéressent à la politique et de plus en plus… les jeunes ! On l’a vu notamment lors de la dernière élection présidentielle. La politique, c’est « tendance » ?

Annabelle Baudin : C’est important. Surtout pour les jeunes qui entrent dans la vie active. Ils n’ont pas 18 ans, ils passent leur bac, on leur parle déjà de chômage, de crise économique, un florilège de sujets extrêmement négatifs qui génèrent la peur… Il faut donc aller leur parler et leur donner la possibilité de voir les choses avec un autre regard afin qu’ils puissent se forger l’opinion la plus juste.

Coulissesmédias : Que pensiez-vous de la politique avant d’en parler sur une chaîne de télé  ?

Annabelle Baudin : La vie civique me passionne mais je ne suis pas dans cet univers à part entière. Je suis journaliste et mon objectif reste celui de transmettre et j’essaie de bien le faire. Mais, évidemment cela m’intéresse et cela relève de l’ordre de la sphère intime.

Coulissesmédias : Vous regardiez les émissions politiques ?

Annabelle Baudin : Je suis passionnée d’Histoire donc forcément, je suis passionnée par les grandes figures politiques. Je trouve qu’il est essentiel de connaître le passé de notre pays.

Coulissesmédias : Vous aimeriez continuer sur ce créneau qu’est la politique ?

Annabelle Baudin : Peu importe le sujet, je suis là pour transmettre. Dès l’instant où il est traité avec un travail de fond, mon boulot consiste à vulgariser l’information, à la rendre accessible et peut-être un peu ludique. Traiter quelque chose de sérieux avec légèreté.

Coulissesmédias : Vous voulez transmettre… Qu’est ce que vous ne pourriez pas transmettre en télé ?

Annabelle Baudin : Ce que je n’aime pas, ce que je n’ai pas envie de faire.

Coulissesmédias : Concrètement, qu’est-ce que vous vous interdisez ?

Annabelle Baudin : Sans doute les thèmes sur lesquels je ne suis pas légitime. Je m’intéresse aux sciences mais je ne suis pas une scientifique pour autant ! Cela sonnerait faux. Prenez l’exemple d’une une émission médicale à moins d’avoir quelques mois pour me spécialiser dans cet univers là…

Coulissesmédias : Le divertissement pourrait vous intéresser ?

Annabelle Baudin : Oui s’il s’agit d’un divertissement où il y a quelque chose à transmettre. Je suis plus orientée « magazine ». S’il s’agit d’un divertissement avec des reportages ou des jeux, je dis go ! S’il s’agit de faire l’animatrice comme certains le font extrêmement bien, je vais être honnête, ce n’est pas mon truc. Je suis loin d’être une grande comédienne.

Coulissesmédias : Vous présentez aussi le Kéno sur France 3. Avec ce rendez-vous autour de la politique, vous faites un peu le grand écart finalement ?

Annabelle Baudin : On ne se lève pas le matin avec une baguette magique en se disant « tient ce soir, je vais présenter le 20h00… Le Kéno, cela fait maintenant 4 ans que je le présente avec la FDJ. J’adore ce que je fais et j’ai beaucoup de chance. Là, ce rendez-vous, c’est différent mais l’un n’exclut pas l’autre. C’est agaçant de vouloir mettre les gens dans des cases. Heureusement que l’on peut évoluer. Obtenir de nouvelles expériences permet d’évoluer, de grandir, d’apprendre et de se trouver professionnellement. En parallèle du Kéno, j’ai présenté « Planète gourmande » sur France 3, un programme sur Poker Channel, de nombreuses émissions sur M6…et ça n’avait rien à voir. Un parcours dans ce métier n’est pas forcément linéaire sinon, cela serait trop facile.

Coulissesmédias : On sait finalement peu de choses sur vous. Comment est arrivée la télé  ?

Annabelle Baudin : Très jeune car j’ai toujours eu envie de ce métier. J’ai fait des études de communication à Montpellier et ensuite, je suis venue à Paris faire un stage dans une agence de relations presse. J’étais en relation avec des journalistes chaque jour et j’ai été attirée par ce métier. J’ai donc présenté des concours pour entrer dans une école de journalisme. Dès la première année, j’ai cherché des stages. Le premier, je l’ai fait sur FUN TV. Ça peut faire sourire mais c’était vraiment génial parce que c’était un vrai laboratoire de talents. On était presque tous stagiaires dans cette chaîne de ce fait on avait beaucoup de boulot. Ensuite, j’ai fait des piges en presse écrite, je continue à écrire, j’ai même repris mes études mais j’ai vraiment trouvé quelque chose qui me plaisait avec ce métier. Rien n’est impossible.

Coulissesmédias : La médiatisation, c’est quelque chose que vous recherchez ?

Annabelle Baudin : C’est quelque chose à laquelle je ne pense pas du tout. Je pense qu’on vit tous avec ces paradoxes. Mon idée, c’est avant tout de faire ce que j’aime et le mieux possible. On apprend constamment dans ce métier et je dois dire que je suis plus dans la recherche, l’apprentissage, la découverte que dans la médiatisation. L’intérêt, c’est d’être reconnu pour son travail.

Coulissesmédias : C’est parfois un métier assez éphémère. Ça vous fait peur ?

Annabelle Baudin : Etrangement, je ne me pose pas cette question. Et heureusement parce que je pense que j’aurais trop écouté les mauvais conseils de certaines personnes en fonction de leur jugement sur ce métier. J’essaie de bien faire mon travail et si ça ne marche pas ici, cela fonctionnera ailleurs. Aujourd’hui, tout est un peu précaire. Actuellement, j’aime ce que je fais et je ne me projette pas dix ans plus tard.

Coulissesmédias : Vous êtes une fonceuse ? une ambitieuse ?

Annabelle Baudin : Fonceuse, oui dès lors que je mets le doigt sur quelque chose qui me touche personnellement. Ambitieuse, certainement aussi parce que j’ai envie de faire ce que j’aime et  de le faire le mieux possible.

Coulissesmédias : Vous avez un modèle dans ce métier ?

Annabelle Baudin : Non. Très récemment, j’ai redécouvert les Radioscopies de Jacques Chancel et je m’éclate vraiment. Je réécoute tout en ce moment. J’ai un vrai coup de cœur pour son travail. Il y a tellement de personnes dans ce métier qui font merveilleusement  bien leur travail et de manière si différentes…

Coulissesmédias : Qu’est ce qui vous ferait rêver en terme de carrière ?

Annabelle Baudin : De me dire « je l’ai fait et je l’ai bien fait ».  Sinon, j’ai plein d’envies, une myriade de projets mais j’ai appris quelque chose : il ne faut pas en parler.

Coulissesmédias : Est-ce qu’il y a quelque chose qui se prépare actuellement ?

Annabelle Baudin : Il y a toujours quelque chose près de moi.

Coulissesmédias : Hyper active donc ?

Annabelle Baudin : Active (rires), c’est déjà bien.

>> A SUIVRE sur MCE:

Annabelle Baudin recevra Jean Paul Delevoye, Président du Conseil Economique, Social et Environnemental le 11 juin à 22H00 sur MCE.

Il fut Médiateur de la République pendant 7 ans, Maire de Bapaume depuis 1982, Président des Maires pendant 10 ans, Député, sénateur puis Ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat. Aujourd’hui, Président du Conseil Economique Social et Environnemental : le CESE.

Il offrira son regard éclairé sur la jeunesse, la crise économique, les perspectives d’avenir en France. Annabelle Baudin reviendra aussi sur son parcours, son cheminement personnel… Le tout, sans langue de bois.

Propos recueillis par Mickaël ROIX

Photos : DR