La comparaison est peut-être un peu (trop?) osée mais elle m’a trottée dans la tête pendant le film.
Alors, bien sûr, les enfants de « Captain Fantastic » n’ont pas grandis dans les mêmes conditions que Victor mais ils n’en sont pas moins perdus lorsqu’ils débarquent dans la réalité américaine. Élevés par leur père (Viggo Mortensen) et leur mère en pleine forêt, rompus à la chasse et à la survie en pleine nature mais aussi éduqués sur la base des écrits de Noam Chomsky, le contact avec le capitalisme environnant va être pour eux une véritable épreuve.
Matt Ross nous livre ici un conte moderne sur l’intégration dans un milieu jusqu’ici inconnu. C’est ainsi que l’immense culture acquise auprès de leur père va s’avérer soudainement désuète face au monde réel. Le contraste n’est que plus grand lorsque tout ce petit monde arrive chez la tante, dont la vie a tout du cliché parfait de la famille américaine totalement intégrée dans la société de consommation. Ou comment les livres s’opposent aux écran et la vérité crue à celle enjolivée. Car, oui, le personnage de Viggo Mortensen dit tout à ses enfants, donnant ainsi lieu à des scènes plutôt cocasses. Et donnant aussi à ce père des airs d’homme totalement déconnecté et dénué d’émotion. D’autant qu’il voit en sa méthode d’éducation la seule valable. Très piquant quand à sa vision de la société américaine de consommation, « Captain Fantastic » joue à merveilles sur les différences et les questions qui taraudent ses protagonistes. Mon seul regret portera (Attention spoiler!) sur la happy end typiquement américaine qui vient, à mon sens, contredire le propos du film. Spoiler une happy end pour un film américain, est-ce vraiment spoiler ? Vous avez quatre heures.
Petit tour des autres sorties de la semaine avec, en tête d’affiche, « Deepwater », ou comment transformer une catastrophe écologique en combat exceptionnel d’un bon petit père de famille américaine pour sauver son équipe. Il y a aussi « L’Odyssée », la vie du Commandant Cousteau mais avec Pierre Niney dedans parce qu’il est partout, « La Fille Inconnue », dernière création des frères Dardenne, et « La Pièce », premier long-métrage de Lamine Diakité adapté de son court-métrage éponyme. Les enfants, petits et grands, trouveront sans aucun doute leur bonheur avec « Cigognes et compagnies », film d’animation qui a bien failli se trouver tout en haut de cette chronique. Enfin, les documentaires « Sonita », « Voyage à travers le cinéma français » – 3h15 tout de même – , « La fin du jour » et « La Voie Lactée », le policier de science-fiction « Virtual Revolution » et le drame « La Peau sur les maux » vont également occuper les salles obscures.
Antoine Rogissard
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