« Londres Dernière » sur Paris Première : l’interview de Philippe Besson

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A défaut de croiser Philippe Besson au fond d’une cave ou dans un club huppé de Paris, nous sommes partis à la rencontre de cet écrivain qui fait les belles nuits de « Paris Dernière » et par la même occasion les beaux jours de Paris Première… Interview.

Philippe Besson

Philippe Besson

Philippe Besson : « Je crois que la force de cette émission, c’est de montrer les gens dans un contexte où on les voit rarement. »

 

Coulissesmédias : Philippe Besson, merci de nous recevoir ici dans ce cadre très anglais c’est toi qui as choisi le lieu, Bread and Roses?

Philippe Besson : Ce n’est pas moi qui ai choisi l’endroit mais je voulais absolument qu’on se retrouve dans un endroit ayant une tonalité anglaise et l’idée du petit déjeuner s’est imposée assez vite.

Coulissesmédias : Parle-nous de cette spéciale « Londres Dernière » qui sera diffusée le 2 juin sur Paris Première.

Philippe Besson : On s’est beaucoup amusé à la faire. On n’a pas eu le sentiment de travailler même si c’est épuisant. On est parti à la rencontre de gens un peu loufoques, excentriques et l’idée, c’était de réussir ce mélange des genres qui est la marque de fabrique de Paris dernière, et c’est bien aussi d’exporter cette émission dans une ville qui est plus vivante et plus transgressive qu’elle ne l’a été. Elle est passée par une phase assez aseptisée et à nouveau, elle bouge, elle bouillonne et on voulait montrer tout ça !

Coulissesmédias : Les gens s’encoquinent un peu plus là-bas?

Philippe Besson : Oui. en tout cas ils ont en tête l’idée de faire la fête, d’être un peu transgressifs et c’est plutôt pas mal.

Coulissesmédias : Ce n’est pas la première fois que vous exportez l’émission. La dernière fois, c’était à Los Angeles ?

Philippe Besson : Oui Paris Dernière a inscrit dans son ADN l’idée d’aller à l’étranger au moins une fois par an et de faire une émission spéciale : il y a eu une Tel-Aviv Dernière, le Cap Dernière, New York Dernière, donc on va pour la saison 2012-2013 partir à nouveau car c’est une façon de montrer qu’à la fois la nuit est une chose universelle. On fait la fête partout, on danse et on s’amuse partout et en même temps il y a des spécificités pour chaque ville !

Coulissesmédias : Cette émission a vu plusieurs animateurs se succéder. Tu es le quatrième animateur. A ton avis, qu’est-ce qui fait le succès de Paris Dernière?

Philippe Besson : Je pense qu’on a quelque chose qu’on ne va pas voir ailleurs. C’est une émission très originale, on montre des gens qu’on ne voit pas forcément tout le temps. Il y a des figures inconnues ou émergentes. Je crois que la force de cette émission, c’est de montrer les gens dans un contexte où on les voit rarement. On les montre dans des caves, dans des bars, dans des restaurants, sur des quais, dans des situations un peu curieuses, sans maquillage, pas coiffés. Il y a un effet de réel qui est évidemment formidable et puis Paris Dernière est une émission où les gens se  confient : il y a une forme d’intimité dans le dialogue. Le téléspectateur se met à la place de celui qui interroge et les invités disent des choses qu’ils ne disent pas ailleurs.

Coulissesmédias : Ton émission est très conviviale, très bon enfant. Tu as un contact qui est naturel, authentique… Ces invités, ce sont presque tes amis ?

Philippe Besson : Oui mais il faut développer ça ! Cette empathie, cette proximité, cette intimité est parfois très facile et plus compliqués quand je me retrouve avec des gens que je connais moins ou pas du tout. L’idée, c’est de créer du lien et de faire toucher du doigt cette connivence.

Philippe Besson

Philippe Besson

Philippe Besson : « J’ai un défaut : j’ai tendance à préparer alors qu’il ne faudrait pas le faire. »

 

Coulissesmédias : Explique nous un petit peu comment tu prépares cette émission…

Philippe Besson : J’ai un défaut : j’ai tendance à préparer alors qu’il ne faudrait pas le faire. Si je vais voir un acteur, il faut avoir vu son film ou sa pièce de théâtre, pour un écrivain, j’ai lu son livre, etc. Je ne peux pas aller voir quelqu’un en étant vierge du travail qu’il a accompli et souvent j’ai dans la tête les questions que je vais lui poser. Mais, il ne faut surtout pas qu’un entretien apparaisse comme une interview. Il s’agit plutôt d’une conversation. Thierry Ardisson m’avait dit que le secret de Paris Dernière consistait à ne rien préparer. Je lui avais dit que je ne pouvais pas fonctionner comme ça. Et finalement, Thierry avait raison car si tu ne prépares rien, tu peux te mettre en état de surprise et de curiosité. Plus on prépare, plus on a envie de rester sur les rails qu’on a imaginés… Il faut essayer de trouver un équilibre entre les deux et dans une séquence courte de six minutes, il faut arriver à parler d’une chemise et de l’extrême droite en France. Il faut avoir le sens du looping mais c’est le principe de l’émission !

Coulissesmédias : Quelle est la touche de Philippe Besson ? C’est ce côté un peu malicieux ?

Philippe Besson : Oui, j’essaie d’être un peu malicieux, un peu ironique, un peu léger ou désinvolte de temps en temps. J’aime bien, quoiqu’il arrive, être dans la connivence et dans l’empathie et permettre à mon invité qu’il soit dans les meilleures dispositions. J’ai envie qu’il se sente capable de tout me dire, de lâcher des choses jamais dites et c’est peut-être ça ma touche ! C’est d’arriver à créer une intimité assez rapidement avec la personne que j’ai en face de moi. Ce qui est drôle, c’est que les autres animateurs de Paris Dernière faisaient des choses différentes ni mieux ni moins bien mais chacun apportait sa touche. Moi, j’adorais la façon dont Xavier Des Moulins interrogeait les filles. Je trouvais qu’il y avait un truc qui sentait le sexe ! Chacun avait sa tonalité. Frédéric Taddeï avait un regard plus sociologique. Il jouait au sociologue et ça marchait très bien. Thierry était plus cash, plus direct… Chacun avait sa propre identité !

Coulissesmédias : C’est une émission qui se tourne essentiellement la nuit. Ça n’a pas changé ton rythme puisque très souvent, la nuit… tu écris ?

Philippe Besson : C’est vrai, j’ai toujours eu du mal avec le matin. Je n’arrive pas à me lever. Je suis plutôt quelqu’un qui se couche tard et se lève tard donc faire une émission de nuit, ce n’est pas du tout un problème pour moi et écrire la nuit, c’est pareil!

Philippe Besson

Philippe Besson

Philippe Besson : « J’essaie d’être un peu malicieux, un peu ironique, un peu léger ou désinvolte ! »

 

Coulissesmédias : Cette émission est quand même un peu paradoxale pour toi car tu as un passé de juriste, professeur, critique littéraire et là… ce côté un peu libertin c’est assez surprenant…

Philippe Besson : C’est une autre facette de ma personnalité que tout d’un coup, les gens ont sans doute découverte. En même temps, moi-même, je me découvre en faisant cette émission. Ce qui est assez curieux, c’est que je suis placé parfois dans des situations inattendues : je suis le meilleur copain des actrices pornos de la place de Paris ! Elles m’adorent et je peux dire que je n’aurais jamais imaginé ça!

Coulissesmédias : Ces rencontres sont authentiques. As-tu connu des moments où, avec ton équipe, vous vous êtes fait peur ? Raconte-nous ta soirée la plus insolite par exemple…

Pilippe Besson : Il y a des moments où on se retrouve dans des situations un peu curieuses. Un jour, on s’est retrouvé sur le parking d’un hôtel à Aubervilliers avec un couple de libertins qui essayaient des sextoys à l’arrière d’une rue vers 2h du matin. On s’est retrouvés aussi un jour dans une rue, on filmait un grapheur et là, il y a des gens qui visiblement vendaient des substances illicites qui ont vu la caméra qui sont arrivées sur nous à plusieurs. On a été sauvé par un grand frère qui nous a évité qu’on se fasse tabasser et piquer la caméra donc, il y a des moments parfois un peu chauds mais ça fait partie du truc!

Coulissesmédias : Avant de te lancer, tu fais des répétitions ou pas?

Philippe Besson : Quand je pars j’ai déjà les trois quarts de l’émission en tête, je sais déjà qui je vais voir, etc. Après, la surprise, c’est ce qui va arriver et qu’on n’a pas prévu!

Coulissesmédias : Evoquons ton actualité littéraire, « Une bonne raison de se tuer » marche plutôt pas mal…

Philippe Besson : Je suis très content alors que c’est un livre un peu sombre et compliqué. Le titre est un petit peu rédhibitoire il faut le dire mais en même temps, il ne trompe pas sur la marchandise. Ça, c’est l’autre facette de ma personnalité. L’écriture, c’est un petit peu ma colonne vertébrale et Paris Dernière est aussi une émission éditorialiste… Il n’y a pas de différence si grande entre les deux !

Coulissesmédias : Le titre de ton livre « Une bonne raison de se tuer », c’est un titre que tu avais en tête depuis longtemps?

Philippe Besson : Oui je le savais depuis longtemps que c’est comme ça que ça s’appellerait et d’ailleurs quand je l’ai annoncé à mon éditeur il m’a dit « oui ce n’est pas un titre très commercial, on ne sent pas que les foules vont se précipiter et c’est un livre aussi difficile à offrir en cadeau… ». C’est un peu compliqué.

Philippe Besson l'écrivain

Philippe Besson l'écrivain

Philippe Besson : « Paris Dernière a inscrit dans son ADN l’idée d’aller à l’étranger au moins une fois par an. »

 

Coulissesmédias : Côté théâtre ou cinéma, tu prépares quelque chose ?

Philippe Besson : Je viens de travailler pour la télévision avec un film qui s’appelle « la solitude du pouvoir » autour d’un président de la république et je viens de finir aussi l’écriture d’une série de 6 × 52 [minutes, ndlr] et par ailleurs, j’ai participé à l’écriture d’un scénario et ce sera Fanny Ardant qui réalisera le film. J’aime bien écrire et pour le coup, Paris Dernière me sert énormément car j’ai appris à monter une émission. J’ai appris à savoir où il faut couper, j’ai appris le langage et comment mettre en scène le visuel. Et ça me sert dans l’écriture du scénario !

Coulissesmédias : La question que tout le monde se pose : va-t-on te revoir pour une nouvelle saison l’année prochaine sur Paris Dernière?

Philippe Besson : Absolument. A priori, je pars pour une troisième saison et je vous réserve encore quelques surprises. Je vais devoir me renouveler. Je vais me laisser guider par le désir et le hasard et je pense que ça marchera.

Interview : Romain Canot
Photos : DR. / ©Fabrice MILOCHAU/PARIS PREMIERE ©Maxime ANTONIN/PARIS PREMIERE

 

Retrouvez Philippe Besson dans « Londres Dernière » le 2 juin 2012 dès 23H15 sur la chaîne PARIS PREMIERE.

 

 

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