Jérôme Anthony : « J’aime mettre en valeur les gens »

A la veille de la diffusion sur M6 du premier prime d’ « Un trésor dans votre maison », Jérôme Anthony a évoqué pour coulissesmedias.com les raisons du succès de l’émission, son intérêt pour les brocantes ou encore ses meilleurs souvenirs d’animateur sur M6 et W9.

CHEZ MR BESOMBES LACROIX FALGARDE HAUTE GARONNE

Coulissesmédias : Après avoir présenté « Génération Hit » avec Sandra Lou ou « La France a un incroyable talent, ça continue », vous animez, toujours sur M6, depuis 2010 « Un trésor dans votre maison ». Est-ce une fierté d’avoir enfin votre propre émission ?

Jérôme Anthony : Ce n’est pas le mot. C’est certain qu’avoir une émission pérenne est agréable. Durant ma carrière, j’ai fait un peu de tout. Tout a fonctionné et a duré mais c’est la marque qui marche le mieux. J’en suis  fier car on a trouvé un bon ton mais ma plus grande fierté c’est d’être toujours là après toutes ces années.

Coulissesmédias : Il aura fallu plus de trois ans avant qu’M6 ne fasse confiance à « Un trésor dans votre maison » en lui accordant un prime alors que Valérie Damidot n’avait attendu que 6 mois avec « D&Co » en 2006. Comment expliquer cette longue attente ?

Jérôme Anthony : « D&co » s’est imposée vite car elle était seule sur le terrain dans ce style et puis Valérie a une très forte personnalité. Pour « Un trésor dans votre maison », c’était plus compliqué car le créneau était moins ouvert que la décoration. La marque s’est moins vite imposée.

Coulissesmédias : Le programme est diffusé le dimanche en fin après-midi. Craignez-vous l’affrontement avec les autres grandes chaînes en prime-time ?

Jérôme Anthony : Je ne crains pas les autres programmations même si ce n’est pas ce qui était le mieux mais tant pis, je ne suis pas patron de chaine ! J’anime des émissions et j’essaie de fournir le travail. Si la chaine décide de cette programmation, ce n’est plus trop mon problème.

« J’ai un petit côté candide qui plaît  »

Coulissesmédias : Comment s’est déroulé le tournage de cette émission spéciale ?

Jérôme Anthony : Il a fallu trouver une autre écriture. On garde notre marque principale de trouver des trésors cachés. Simplement, au lieu de passer de pièce en pièce, on va de ville en ville. On nous appelle et on arrive. On aura parcouru en 15 jours plus 4 000 km avec une petite équipe. Parfois les gens avaient des trésors, parfois non. Tout a été optimisé par rapport à l’émission hebdomadaire. On a beaucoup bougé et on a pu voir de très beaux objets. Notre objectif était d’en montrer un maximum.

Coulissesmédias : Ce prime pourrait-il être le premier d’une longue série en cas de succès ?

Dan notre état d’esprit, c’est sympa den faire un. S‘il marche, en tout cas il a plu à tous ceux qui ont pu le voir, l’émission pourrait revenir en prime.

Coulissesmédias : Avant « Un trésor dans votre maison », vous étiez connu pour animer des émissions musicales. Pourquoi M6 a tenu à vous proposer ce projet à l’origine ?

Jérôme Anthony : En fait j’aime beaucoup travailler avec les anonymes. Comme dans « La France a un incroyable talent », j’aime mettre en valeur les gens, artistes confirmés ou pas. J’ai une forme d’empathie et j’arrive à les mettre à l’aise facilement donc pour moi, faire cette nouvelle émission, c’était un peu la même chose. Je considère que le travail d’animateur est de mettre en valeur les gens. J’ai toujours la même manière de le faire et il y a un truc qui marche bien. J’ai un petit côté candide qui plaît.

Coulissesmédias : Comment expliquez-vous le succès de l’émission ?

Jérôme Anthony : Le succès n’est pas dû à moi mais plutôt aux connaissances d’Emmanuel (ndlr : Emmanuel Layan, le commissaire priseur co-animateur) dont on a vraiment découvert la corporation et au duo que nous formons. Les gens connaissent notre positionnement qui fonctionne et ils s’en amusent. Je pense que le premier ingrédient du succès, c’est l’objet, le cheminement et la vente. Sans fausse modestie, je ne suis pas pour que la personnalité des animateurs prenne le dessus. Ce doit juste être quelqu’un qui passe les plats de façon rigolote. On peut toujours travailler sur le concept mais il est dangereux d’en faire trop comme animateur alors je préfère mettre en valeur les protagonistes.

« J’ai horreur de m’encombrer chez moi ! »

LA FRANCE A UN INCROYABLE TALENT - SAISON 8

Coulissesmédias : C’est un programme très instructif. Vous êtes devenu incollable dans le domaine ?

Jérôme Anthony : Je suis bluffé ! Je n’étais pas un bon élève à l’école mais maintenant, j’ai le cerveau disponible pour apprendre des choses. Je n’arrive pas à tout retenir alors je demande souvent des éclaircissements à Emmanuel en voiture, des cours de rattrapages. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il est comme à la télévision, même si de temps en temps il regarde sur Internet pour confirmer ses estimations ou pour vérifier que les informations qu’il a en tête sont justes.

Coulissesmédias : Êtes-vous adepte du chinage ?

Jérôme Anthony : J’ai toujours beaucoup aimé ça, j’adore cette ambiance et j’accompagnais souvent des amis dans les brocantes. J’aimais bien me balader dans les vide-greniers, retrouver des objets de mon enfance. C’est  toujours attachant mais par contre, j’ai horreur de m’encombrer de trucs chez moi ! Les choses dont je me sers le plus sont mon téléphone portable et mon piano.

Coulissesmédias : Les caméras d’ « Un trésor dans votre maison » pourraient-elles tout de même dénicher la perle rare chez vous ?

Jérôme Anthony : Si je ne veux pas avoir de cambriolage la semaine prochaine je ne dirais rien (rires) ! J’ai un petit souvenir de brocante. Même si ça ne vaut rien du tout, je me suis acheté lors d’une vente à Drouot deux lithographies autour des chanteurs populaires suspendues dans le salon américain de Claude François à Dannemois.

Coulissesmédias : France 3 et France 2 préparent une émission sur les brocantes, l’une en hebdo avec Eglantine Émeyé et l’autre avec Charlotte de Turckheim. Après la cuisine et la déco, pensez-vous qu’un nouveau filon va être exploité ?

Jérôme Anthony : Je ne comprends pas qu’ils ne l’aient pas fait avant. Je pense que ça aurait dû être succès sur France 3 avant de l’être sur M6. A l’origine, j’avais peur que notre émission ressemble à du service public. Je suis fier qu’ils nous emboitent le pas, mais ce n’est pas tout à fait le même créneau puisque nous partons de la découverte de l’objet à l’estimation pour finir par la vente et puis on s’attache aussi aux gens.  Il y a un vrai enjeu dans l’émission. C’est le même public mais pas le même genre. Toutes ces émissions sont  complémentaires.

Coulissesmédias : Avez-vous peur de la concurrence ?

Jérôme Anthony : Non je n’ai pas peur. Plus on est, mieux c’est. C’est flatteur de voir qu’on a fait du bon boulot. J’espère que cela fonctionnera pour tout le monde.

« On me propose souvent des idées très sympas »

Coulissesmédias : Le téléspectateur vous connaît pour votre côté décontracté et blagueur. Êtes-vous vraiment comme cela au quotidien ou est-ce simplement un moyen de créer une proximité avec le public ?

Jérôme Anthony : Je me pose souvent la question mais je suis plutôt déconneur dans la vie. Je me sens encore mieux dans ma peau quand je tourne, ça me donne de l’adrénaline, on a envie de donner plus. Je ne mise pas du tout sur l’humour mais plutôt sur l’humeur mais si les gens le perçoivent ainsi, je suis ravi.

Coulissesmédias : Depuis plusieurs années, M6 est connue pour découvrir des talents qui quittent ensuite la chaîne (Benjamin Castaldi, Laurent Delahousse, Alessandra Sublet etc.). Cette idée vous a-t-elle traversé l’esprit ?

Jérôme Anthony : Oui, on me propose souvent des idées très sympas. Le problème c’est que je sais où je suis mais je ne sais pas ou je pourrais atterrir. Finalement je pense être passé à côté de pas mal de trucs mais je suis très fidèle. J’ai longtemps fait de la radio et on ne change pas de radio comme de chemise. Je me bats contre la concurrence et je m’entends très bien avec la direction. Je ne suis pas sûr que dans toutes les chaines, on ait accès aux patrons donc je ne peux pas me plaindre. Je n’ai rien à me reprocher.

Coulissesmédias : Vous a-ton déjà fait des propositions intéressantes ?

Jérôme Anthony : Pour tous les nouveaux jeux de TF1, oui. Je fais souvent partie d’une short-list et j’ai déjà été appelé par de grosses boites de production pour des émissions de variété. Il ne s’agissait pas de contrats mirobolants mais on m’a exprimé des envies. Si je m’étais senti délaissé je serais parti mais ce n’est pas l’argent qui me motive mais plutôt la volonté de durer.

Coulissesmédias : Entre Norbert Tarayre et Stéphane Plaza, découverts comme cuisinier et agent immobilier, M6 a fait de ses trouvailles des animateurs en leur confiant des émissions. Pensez-vous que cela se fasse aux détriments d’animateurs expérimentés ?

Jérôme Anthony : J’ai envie de dire oui, mais Plaza le fait très bien et puis ils ne l’ont jamais laissé tout seul. Il était avec Karine (ndlr : Karine Le Marchand). Il jouait le trublion et elle le recentrait. Je ne pense pas que ça se fasse plus au détriment d’un animateur dont c’est le métier que si l’on confiait une émission à un candidat de téléréalité. Cela ne me choque pas qu’ils mettent Stéphane en avant. Dans « Séduis-moi si tu peux », on met du coeur à l’ouvrage. Je me dis que je suis sur un beau plateau avec une belle production et que ça peut donner des idées à la chaine. J’avais pour objectif de faire des jeux depuis le début un peu comme Nagui qui arrivait à faire d’un jeu un divertissement mais mes modèles étaient plutôt Drucker et Foucault qui parviennent à durer. J’admire l’énergie de Nagui qui est un modèle de comportement. Il faut bien se comporter puisqu’on joue avec l’argent des actionnaires.

Coulissesmédias : Depuis votre arrivée sur M6 en 2003, vous avez animé de nombreuses émissions. Laquelle vous a le plus marqué ?

Jérôme Anthony : « Un air de star » m’a marqué récemment. Elle m’a donné beaucoup d’assurance et la possibilité de boucler ma boucle car j’ai fait le conservatoire il y a quelques années. Il y a aussi sur W9 « A la recherche du nouveau Claude François ». C’était une fausse bonne idée mais j’étais très enthousiaste car j’ai baigné dans un univers et j’ai pu y replonger. J’aime tout ce que je fais même si c’est parfois difficile comme lorsqu’on tournait les émissions de Noël avec Valérie Damidot dans le froid à Disneyland Paris de 22h à 7h.

Coulissesmédias : Lorsque vous avez débarqué sur M6, imaginiez-vous un jour faire un prime sur l’univers des brocantes ?

Jérôme Anthony : Non pas du tout. Je n’imaginais même  pas présenter de prime alors sur les brocantes, encore moins !

Coulissesmédias : Quel genre de sujets pensiez-vous alors animer ?

Je pensais plutôt me rapprocher du divertissement, du jeu ou de la variété mais « Un trésor dans votre maison » est une très très bonne surprise car j’ai pu ajouter une corde à mon arc que je ne soupçonnais même pas.  C’est une émission nouvelle, intelligente et drôle qui intéresse des gens haut de gamme et c’est inespéré pour moi mais ça ne m’empêchera pas de faire de faire de la variété ou du jeu de divertissement.

« Je n’ai pas du tout envie de participer à la guerre de l’access »

Coulissesmédias : M6 a souvent été la première à développer ce genre de format en matière de décoration ou de cuisine. Ces émissions auraient-elles pu naître sur d’autres chaines selon vous ?

Jérôme Anthony : Bibiane Godfroid (ndlr : la directrice des programmes d’M6) avait vraiment cela en tête depuis qu’elle était directrice de FremantleMedia. C’était une écriture très didactique abandonnée par les autres chaines qui permettait d’être plus proche des téléspectateurs. Aujourd’hui, cela représente vraiment l’identité d’ M6 et quand les autres essaient de le faire, ce n’est pas pareil, on n’y est pas vraiment.

Coulissesmédias : Votre émission est diffusée à 18h40, une case horaire très concurrentielle en semaine. Auriez-vous été tenté d’y animer une émission en access prime-time ?

Jérôme Anthony : Il y a une espèce d’angoisse qui s’est formée depuis la rentrée avec la nouvelle guerre de l’access. Je n’ai pas du tout envie d’y participer. Si j’avais l’idée du siècle, peut-être que je commencerais à me poser la question mais je n’ai pas cette prétention et je suis très bien là où je suis.

Propos recueillis par Olivier Sudrot

Photos : Aurélien Faidy/M6
Ulrich Lebeuf/M6