Il était une fois… Lost

Qu’on aime ou pas, Lost aura marqué le petit monde des séries télévisées et dessiné un tournant décisif dans la façon de raconter une histoire. Focus sur cette série qui a révolutionné le monde de la série.

Lost, mais ça raconte quoi ?

Lost-saison1

Lost, au départ, c’est l’histoire d’un groupe de rescapés d’un crash aérien. Survivants d’un accident hors du commun, ils vont tous devoir apprendre à vivre ensemble. Un défi de tous les instants au vu des personnalités de chacun. Grâce à un principe de flashbacks, les téléspectateurs découvrent le passé souvent trouble des personnages.

Lost entre drame et science-fiction

Lancée le 22 septembre 2004 ­  – jour supposé du crash du vol Oceanic 815 dans lequel se trouvent les personnages ­ Lost – est la série phare de la saison 2004-2005. Avec plus de 18 millions de téléspectateurs rivés à leur petit écran, le show fait une entrée remarquée dans le monde des grands. La suite sera moins rose. Oscillant constamment entre drame et science fiction, le public a du mal à s’y retrouver. Si la première saison laissaient présager un feuilleton aux intrigues dramatiques malgré quelques incursions fantastiques, la saison 2 change la donne et prend définitivement un virage science-fiction, ce qui lui a valu d’être désertée par une partie des fans de la première heure.

lost-season4

Pourtant, il faut voir en Lost, ni un drame, ni de la science-fiction ou du fantastique, mais bien un OVNI qui conjuguent les genres au gré de son humeur et de ses choix scénaristiques. Il faut la vivre comme une expérience à l’image du Projet Dharma, plus que comme un feuilleton. L’expérimentation est le maître-mot des afficionados de Lost. A tenter pour le fun, ça vaut le coup !

Une ode au mystère

Lost est avant tout une déclaration d’amour au mystère. Dès les débuts de la série, les jalons sont posés : des ours polaires se baladent en liberté sur l’île, une étrange fumée noire accompagnée d’un bruit de chaîne déambulent au gré de son humeur et terrifie tous les habitants du coin, la cabane d’Horace semble « posséder », les murmures sont constants et les gens malades guérissent comme par magie.

Damon Lindehof, Carlton Cuse et J.J. Abrams annoncent la couleur dès les premières minutes, Lost est un hommage à tous les films à la Hitchcock où les énigmes planaient en permanence autour de l’intrigue. Ainsi, très vite, le téléspectateur est pris dans une spirale infernale qui va le pousser à se poser sans cesse des questions… une habitude à laquelle il va prendre rapidement goût !

Qui est ce fameux Jacob ? Qu’est-ce que la fumée noire qui rôde telle une sauvage dans les bois et s’en prend aux rescapés ? Pourquoi les Autres sont-ils sur l’île ? Et surtout qu’est-ce-que cette île aux pouvoirs magiques et à l’électromagnétisme surprenant ? Autant de questions qui ne trouveront pas de réponses aussi facilement qu’en cliquant les doigts.

Une série sur les personnages

La valeur sûre de Lost est sans aucun conteste ses personnages. Torturés et complexes, ils forment le noyau dur de la série. Si très rapidement, Jack Shepard (Matthew Fox) se dresse comme le leader de la communauté, d’autres figures font rapidement surface. La rivalité grandissante entre un Jack, médecin de son état et homme de science, et de John Locke (Terry Quinn), homme de foi qui croit de nouveau en un « dieu » depuis que l’île lui a permis de remarcher, grandit au fur et à mesure jusqu’à atteindre son paroxysme dans la saison 5.

Mais Jack et John ne sont pas les seuls à captiver les foules : Juliet (Elisabeth Mitchell), gynécologue et parachutée de force chez les Autres, charme autant qu’elle écœure, Sawyer (Josh Holloway), beau gosse blessée et épris de littérature, cultive le mystère tandis que Claire (Emilie De Ravin), Shannon (Maggie Grace) et Boone (Ian Somerhalder) cachent tous des petits secrets peu avouables.

lost-saison4

A coup sûr, la palme du personnage le plus ambigu revient à Benjamin Linus (Michael Emerson). Impossible jusqu’au bout de savoir si l’homme est bon ou mauvais. Leader des Autres, il paraît fragile mais également sans pitié puisqu’il n’hésite pas à tuer sa fille en public suite à sa désobéissance. Dévoré par sa part obscure, il est lui-même victime de maitres-chanteurs qui savent flatter son orgueil. Demander à la fumée noire, elle pourrait vous parler de ses manigances envers Ben pendant des heures !

Fait peu commun pour une série, Lost met en scène des personnages atypiques : un irakien ayant servi pour le régime de Saddam Hussein, Sayid Jarrah (Naveen Andrews), un obèse, Hugo Reyes (Jorge Garcia) et un couple de coréens, Jin et Sun Kwon (Daniel Dae Kim et Yunjin Kim), s’exprimant la plupart du temps dans leur langue maternelle. Une première pour une série « grand public » qui a fait beaucoup parler à l’époque. Intégrer un personnage irakien apprécié du public alors que les troupes américaines se battent en Irak est alors un tour de force.

On note aussi les nombreuses homonymies dans les noms : John Locke, célèbre philosophe anglais du 17e siècle et père du Libéralisme, côtoie Rousseau, philosophe des Lumières. M. Eko (Adewale Akinnuoye-Agbaje) porte l’ancien nom de Lagos, la capitale du Nigéria dont il est originaire. Débarqué en début de saison 4, le physicien Daniel Faraday (Jeremy Davies), dont le nom fait référence à un célèbre physicien et chimiste du 19e siècle, apporte une nouvelle pierre à l’édifice.

Reste à savoir si les noms attribués aux personnages ont une quelconque influence sur les actions de ces derniers. Explications des producteurs plutôt indécises : certains pensent que oui, d’autres sont moins convaincus. Alors pourquoi donner des noms célèbres ? « Pour faire parler les bavards » ironise Abrams.

Cependant, le personnage le plus important et incontournable est sans aucun doute l’île qui joue un rôle déterminant dans le développement de l’intrigue. Tout à tour, intransigeante et conciliante avec les rescapés, elle tient leur destin entre ses mains, comme le prouvera d’ailleurs la grotte où sont inscrits les noms des survivants et dévoilée par Jacob à Jack dans la saison 6. L’île est omnisciente, elle sait tout sur tout, elle retient les êtres mauvais (la fumée noire) et cherche à protéger quiconque croit en ses pouvoirs.

Lost, des personnages en séries, rien n’est moins sûr !

Mais des acteurs sur la sellette

lost-season1

Toutefois, importance des personnages ne rime pas avec sécurité de l’emploi et c’est avec un certain plaisir que les scénaristes s’emploient à faire disparaître les protagonistes les uns après les autres sans aucun été d’âme. Ian Somerhalder alias Boone sera le premier à en faire les frais en fin de saison 1. Puis viendra le tour de Maggie Grace qui interprétait Shannon Rutherford. Une liste qui s’allonge de saison en saison : Dominic Monaghan, Charlie Pace à l’écran, Michelle Rodriguez, alias Ana Lucia et Cynthia Watros , Libby, se retrouvent tous sans emploi du jour au lendemain au gré des envies des scénaristes.

Cette technique mobilise les troupes et rend la série plus crédible car après tout, combien de rescapés peuvent survivre sur une terre aussi hostile que l’île ?

Conclusion

Sans aucun doute, Lost a révolutionné la télé. Huis clos angoissant, drame humain et événements surnaturelles rythment les épisodes. Il faut bien reconnaître que parfois (et même souvent dans mon cas ! ), on ne sait plus trop où on en est. Les scénaristes veulent intégrer trop d’histoires en même temps. Résultat : on patauge. Seule solution : s’isoler dans un coin et regarder la série d’une traite pour ne pas se mélanger les pinceaux. Les plus courageux prennent des notes et échafaudent des théories.

lost-saison3

Sur l’ensemble, Lost aura été un feuilleton passionnant ; intrigues amoureuses à suspense (le triangle Jake/Kate/ Sawyer puis le carré avec l’arrivée de Juliet est savoureux), histoires personnelles et antérieures recherchées (notamment celle de Sawyer et Jin et Sun) et mythologie fouillée. Mais Lost sera ternie par les longueurs qui auront raison d’elle : une saison 2 et 3 gâchées par des histoires sans grand intérêt (Nikki et Paulo en tête), et principalement, des intrigues personnelles qui empiètent sur la mythologie de l’île. Et les révélations du dernier épisode dans tout ça ? On est déçu, on pensait en apprendre plus mais finalement, la série se clôt, sur un clin d’œil intéressant au pilote de la série, en emportant avec elle ses mystères. L’île restera à tout jamais une énigme