Nathalie André : « On a eu beaucoup de chance qu’Amir accepte »

Alors que la finale de l’Eurovision se déroule ce samedi, Nathalie André, directrice des divertissements de France 2, s’est confié au micro de Coulissesmedias. Elle a notamment évoqué Amir, le représentant de la France, et les nouveautés de cette édition 2016.

Coulissesmedias : Cette année c’est Amir qui représente la France à l’Eurovision avec son tube « J’ai cherché ». C’était une volonté de moderniser la vision que l’on a du concours en France ?

Nathalie André : C’est avant tout la chanson qui nous est arrivé parce que l’année dernière on n’a pas eu ce genre de chanson. Ensuite, bien sûr, il y a une volonté de se moderniser car le show s’est modernisé, donc forcément on suit toute cette modernisation. On a eu beaucoup de chance qu’Amir accepte de faire l’Eurovision et d’avoir ce titre.

« C’est un travail d’équipe »

Coulissesmedias : Cela coïncide avec l’arrivée d’Edoardo Grassi à la tête de la délégation française ? C’est lui qui a trouvé ce titre ?

Nathalie André : Je vais remettre les choses en place. On cherche avec Edoardo des titres à partir du mois d’août, je vais chez Warner, il va chez Universal, donc ce n’est pas son arrivée qui a fait ça, c’est le travail qu’on a fait. Edoardo a apporté une modernité, il a apporté toute l’histoire des réseaux sociaux, il a trouvé ce titre, c’est formidable mais c’est un travail d’équipe l’Eurovision. Je dis toujours qu’aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès. Ce n’est pas une phrase de moi, elle est de Mandela, mais personne ne travaille seul, on travaille tous ensemble. Il se trouve qu’Edoardo a trouvé le titre et qu’il a convaincu Amir mais ensuite il faut convaincre tout France Télévisions. C’est un travail d’équipe.

Coulissesmedias : Le cosmopolitisme d’Edoardo a été un plus cette année, notamment du fait qu’il a été dans plusieurs pays pour présenter Amir ?

Nathalie André : Non, malheureusement, les autres années Fred (Frédéric Valencak, ndlr) avait fait ça aussi. C’est un travail obligatoire quand on fait l’Eurovision, il faut se balader et aller voir tout le monde.

Coulissesmedias : Avec Amir, c’est l’occasion ou jamais de bien figurer cette année ?

Nathalie André : Je ne me prononcerais pas là-dessus. L’année dernière, on est rentrés sur scène, on était cinquièmes chez les bookmakers, il y a quelques années Amaury Vassili était premier donc j’attends le 14 mai.

Coulissesmedias : Le fait qu’un extrait de sa chanson ait été diffusé pendant les demi-finales, ça peut être bénéfique ?

Nathalie André : C’est une guerre que l’on a mené avec France Télévisions à notre retour de Vienne. Il n’y a pas de raison que l’on puisse voir tous les candidats, sauf les cinq du Big 5.

Coulissesmedias : Organiser l’Eurovision en France, ce serait un honneur ?

Nathalie André : Évidemment, même si je suis fatiguée d’avance si ça arrive. Tous les pays préparent l’organisation au cas où. On est tous convoqués une semaine avant la cérémonie pour parler de ça donc il n’y a pas que la France. Tous les pays travaillent sur cette opportunité, ou en tout cas sur cette supposition.

« J’ai l’impression (…) que ça bouge un peu »

Coulissesmedias : C’est important d’arriver à changer l’image que les Français ont de l’Eurovision ?

Nathalie André : Quand les Français seront aussi fans que l’engouement que l’on vit sur place, et ça va être encore pire cette année parce que la Suède est le pays de l’Eurovision, on commencera à se dire qu’on peut organiser quelque chose d’intéressant. J’ai l’impression quand même que ça bouge un peu.

Coulissesmedias : Il y a un plus grand engouement déjà sur le nombre de chansons qui vous ont été proposées cette année ?

Nathalie André : Je pense que la modernité du show présenté par Vienne a fait beaucoup aussi pour que plus d’artistes aient envie d’y participer.

Coulissesmedias : Il n’y a pas encore une peur de la part de certains artistes de terminer dans les derniers ?

Nathalie André : Je crois qu’il y a des maisons de disques très intelligentes, Warner et Capitol par exemple, qui pensent avant tout qu’il y a 222 millions de téléspectateurs. Je pense que les artistes et les maisons de disques qui nous ont présentés des titres se sont dit ça. C’est incroyable pour un artiste d’être vu par 222 millions de personnes.

Coulissesmedias : Amir vient de « The Voice », sur une chaîne concurrente, cela ne vous a pas dérangé ?

Nathalie André : Je ne fais pas la guerre avec ces émissions-là. Il pourrait venir d’« Incroyable Talent » ou de « Nouvelle Star », ce serait pareil. Aujourd’hui, pour les artistes, c’est la possibilité de se faire connaître donc je n’ai pas de souci avec ça et ma direction non plus.

Coulissesmedias : Cette année, c’est France 4 qui a diffusé les demi-finales. C’est important pour populariser le programme ?

Nathalie André : C’est très important puisque c’est la première fois que la France diffuse les deux demi-finales.

Coulissesmedias : La finale est, elle, reconduite sur France 2, toujours avec le duo Stéphane Bern – Marianne James. Cela permet de fidéliser les téléspectateurs ?

Nathalie André : D’abord, c’est important d’avoir des animateurs qui sont suffisamment intelligents et intéressants pour passionner le public. Que ce soit Marianne avec sa culture musicale ou Stéphane avec sa culture politique et patrimoniale de chaque pays, on a la chance d’avoir deux animateurs passionnés et passionnants.

Coulissesmedias : Marianne James nous disait précédemment qu’elle était prête à parier que TF1 voudrait un jour récupérer le programme. Vous avez envie de le garder longtemps sur France Télévisions ?

Nathalie André : Pour l’instant c’est un programme qui est très service public donc, si je suis encore là à ce moment-là, je ferais en sorte qu’il reste chez nous.

« Être dans les dix premiers »

Coulissesmedias : Quel est l’objectif pour Amir ?

Nathalie André : C’est le même que dans tous les pays, j’imagine, quand ils sont sur place, c’est d’être dans les dix premiers.

Coulissesmedias : Il y a un candidat que vous voyez en favori de ce concours ?

Nathalie André : Oui, le mien. (rires)

Propos recueillis par Antoine Rogissard

Il a dit…

« J’ai tenu à ce que « J’ai cherché » sorte beaucoup de temps avant que le choix de l’Eurovision ne soit annoncé. Le jour de la sortie de la chanson, je savais déjà que je le ferais mais je ne voulais pas qu’on oublie que c’est un titre qui est tiré d’un album et qui est écrit pour celui-ci. Le fait de l’avoir sorti en janvier et d’avoir annoncé l’Eurovision le 29 février a permis au titre de faire ses tests et ses premiers pas en radio et on était déjà à 500 passages par semaine avant l’annonce. (…) Clairement l’importance médiatique est montée mais ça c’est compréhensible parce que c’est la chanson qui représente la France. Le titre en radio démarrait déjà bien et c’est ça que je voulais savoir parce qu’il m’a fallu vivre ces deux mois-là où le titre était indépendant, simplement rattaché à moi, pour savoir si on aimait cette musique, si on y adhérait. Les retours étaient au-delà de ce que j’aurais pu espérer donc c’était pour moi une première sérénité avant de me lancer dans l’aventure Eurovision. (…) Je pense que l’importance de l’Eurovision est très très grande et qu’en ces jours malheureux que vit l’Europe, on a besoin de ça. On a besoin aussi de redorer le blason de la France, pas seulement par rapport à l’Eurovision et aux difficultés qu’on a eu ses dernières années mais aussi pour rapporter un brin de fierté et de tête haute à notre peuple après les coups qu’on s’est ramassés. Je suis fier de représenter la France et j’espère que cette positivité que j’ai dans le cœur pourra se ressentir et qu’on sera tous très très fiers de notre prestation. »

Amir (représentant de la France à l’Eurovision)