Après deux semaines d’antenne et des résultats « satisfaisants et encourageants même s’il est encore trop tôt pour faire un bilan », « La Quotidienne – La Suite » s’apprête à passer au direct. L’occasion pour Farida de nous en dire un peu plus sur son émission, dont elle nous avait dévoilé les contours fin 2015. Véritable passionnée, la foodista a livré à Coulissesmédias ses conseils cuisine pour ce début 2016 mais aussi son ressenti sur France 5 et la télévision.
Coulissesmédias : Vous nous avez confié précédemment que « La Quotidienne – La Suite » n’est pas une émission de cuisine. Il y a un trop plein d’émissions de ce genre, selon vous ?
Farida : Il y en a beaucoup et je pense que beaucoup de gens sont en overdose d’émissions de cuisine. Moi j’en regarde, je ne le cache pas. « Top Chef » m’amuse, j’aime bien regarder « Le Meilleur Pâtissier » ou Julie Andrieu (« Les Carnets de Julie » sur France 3, ndlr) mais je pense qu’il ne fallait pas en faire une énième, ou alors une différente. J’ai d’autres projets en tête à ce sujet mais ça, c’est pour une autre vie.
« On a un webmaster très efficace »
Coulissesmédias : A côté de l’émission, il y aura aussi tout un dispositif numérique pour les téléspectateurs ?
Farida : Très important ce dispositif numérique. Les téléspectateurs vont être vraiment connectés à l’émission dans le sens où ils vont retrouver tous les jours les infos sur l’initiative anti-gaspillage et les sujets qu’on va avoir sur le site Internet, également la recette du jour du commis en fiche à télécharger mais aussi plein de références de livres. Et surtout, ils pourront nous envoyer toutes leurs astuces anti-gaspillage et leurs questions que je vais pouvoir lire mais aussi leurs recettes pour être sélectionné et venir la faire sur le plateau le vendredi. Il y a vraiment un relais Internet très important avec un compte Twitter, un compte Instagram et Facebook aussi. On a un webmaster très efficace et vraiment passionné par la bouffe (sic).
Coulissesmédias : Lundi, vous passez en direct, les téléspectateurs vont ainsi pouvoir réagir en temps réel à l’émission ?
Farida : Je vais avoir une tablette et je recevrai les questions SMS, Twitter, mail directement et je sélectionnerai celles qui me parlent.
Coulissesmédias : Les premières émissions étant enregistrées, comment avez-vous obtenu les avis des téléspectateurs ?
Farida : On a fait des sondages avant, ce sont des vraies questions.
Coulissesmédias : Mais, n’avez-vous pas peur que certains téléspectateurs soient frustrés de ne pas avoir pu réagir en direct au cours des premières émissions ?
Farida : C’est possible mais c’est le début et ça prend toujours tout doucement donc, je ne m’inquiète pas trop là-dessus. Comme ça, cela laisse le temps aux téléspectateurs de découvrir l’émission et tout leur est bien expliqué sur le site. Mais je comprends cette question.
Coulissesmédias : Vous vous décrivez comme une « foodista », c’est quoi pour vous ?
Farida : Une « foodista », c’est une nana qui aime à la fois la mode et manger, qui est hyperactive. Une femme d’aujourd’hui qui mène de front tous les combats tout en restant jolie et tout en faisant des bons petits plats à sa famille. Il y a des « foodistos » aussi, tout le monde peut l’être. Le « foodisto », c’est celui qui prend soin de lui tout en voulant cuisiner des bons petits plats et en étant actif. C’est essayer de mener de front tout ça parce que ce n’est pas parce qu’on est bonne cuisinière et qu’on aime bien régaler sa famille, qu’on est has-been, old school et qu’on est une maman au foyer. Je salue d’ailleurs celles qui sont mamans au foyer parce que c’est un boulot à 150%. Mais ce n’est pas parce qu’on aime cuisiner que tout le reste part à vau-l’eau, on peut mener tout de front.
« Cuisiner avec les moyens et le temps qu’on a »
Coulissesmédias : Cela permet aussi d’avoir un regard différent sur la cuisine ?
Farida : Comme je le disais, c’est une cuisine décomplexée. Tu rentres le soir du boulot, t’as quand même envie de cuisiner et ne pas acheter un plat tout prêt, tu prends des épinards surgelés, tu bats des œufs et tu fais une omelette avec. Tu n’as pas le temps mais tu a quand même cuisiné, c’est une approche décomplexée de la cuisine. Avec un reste de coquillettes, tu vas faire une galette, tu mets un peu de comté râpé, des petits cubes de jambons, de la ciboulette et des œufs et ça fait quelque chose de super bon. C’est aussi essayer de transformer les choses mais en même temps le dimanche j’aime bien faire un bœuf bourguignon ou une blanquette de veau, l’un n’empêche pas l’autre. Être « foodista », c’est cuisiner avec les moyens et le temps qu’on a.
Coulissesmédias : L’émission va se baser aussi sur cette idée et guider le téléspectateur pour qu’il puisse faire des plats bons mais originaux, qui sortent de l’ordinaire ?
Farida : Exactement et qu’ils puissent bluffer leurs hôtes. On a une commis qui nous a fait des wraps. En principe, c’est avec des galettes de maïs qu’il faut acheter et là, elle nous a fait une omelette très très fine aux fanes de carottes, les feuilles donc, et elle l’a garni de saumon fumé et de fromage frais. Elle la roule, elle coupe en tronçons et ça fait comme des petits makis japonais. C’est très bête mais c’est fait avec des restes de carottes et des œufs. J’aime bien quand le téléspectateur se dit : « Ah ouais !, Je n’avais pas pensé à ça ». Dans mes recettes du mardi sur « La Quotidienne », c’est pareil, j’essaie toujours de me creuser la tête pour essayer d’inventer un truc même si, en cuisine, on n’invente rien, on pioche à droite à gauche dans ce qu’on a écouté ou ce qu’on a vu. J’essaie de composer une recette pour que le téléspectateur se dise qu’il n’y avait pas pensé et que c’est une bonne idée. C’est ce que je recherche quand je regarde des émissions de cuisine, c’est ce qui me plaît. Comme dirait Cyril Lignac, que j’aime bien d’ailleurs, (elle prend l’accent du Sud) « C’est malin, c’est croquant, c’est gourmand » (rires).
Coulissesmédias : Vous nous l’avez dit, des commis sont là du lundi au jeudi, comment sont-ils choisis ?
Farida : Pour les commis, on a contacté toutes les écoles de France et on les choisit en fonction de leurs disponibilités parce qu’on les mobilise quand même une semaine donc on s’arrange comme ça.
Coulissesmédias : Il y a donc un commis par semaine ?
Farida : Tout à fait, il fait quatre jours, du lundi au jeudi, et le vendredi ça va être un téléspectateur qui va venir cuisiner.
« Ils nous laissent être nous-même »
Coulissesmédias : Cela fait quatre ans que vous êtes à France Télévisions, c’est une maison pour vous ?
Farida : Je m’y sens bien et c’est très paternaliste. Ils nous laissent être nous-mêmes et c’est très important. Ils ne cherchent pas à nous formater et c’est ce qui est très agréable. On n’a pas besoin de correspondre à une idée d’animatrice ou d’animateur qu’ils ont, ils vous prennent comme vous êtes. C’est comme dans la pub pour Mc Do, « Venez comme vous êtes », c’est exactement ça chez France 5. On ne cherche pas à vous façonner et même dans cette émission où je deviens animatrice et non plus chroniqueuse, on m’a juste dit de parler un peu moins vite mais c’est tout. On ne m’a pas donné de directives particulières. Je ne suis pas animatrice de formation mais on ne m’a pas dit il faut que tu fasses un stage de je ne sais quoi. C’est quand même une force et ça permet de développer ses qualités. Et puis, ils sont très dans l’expertise, c’est-à-dire que si je ne faisais pas de la cuisine, si ce n’était pas mon domaine, ils ne seraient pas venus me chercher. Souvent, sur les autres chaînes, même si tu ne fais pas de la cuisine, tu es amené à présenter des émissions de cuisine ou autres. Pour France 5, la légitimité est importante et pour moi, c’est essentiel.
Coulissesmédias : La télévision reste votre média de prédilection malgré votre expérience ailleurs, notamment à Radio Nova ?
Farida : J’y travaille encore un peu de temps en temps mais avec la télévision il y a le visuel et pour la bouffe (sic), c’est hyper important. La radio, c’est intéressant aussi, c’est un bel exercice parce qu’il faut trouver les mots, le ton pour susciter l’envie chez l’auditeur. En télévision, tu montres les produits et ça me plaît parce que tu transmets tout de suite l’idée que tu as envie de transmettre. C’est plus visuel.
Coulissesmédias : Vous fonctionnez à la passion ?
Farida : Ah oui, si la cuisine ne me plaisait pas, je n’aurais pas quitté mon travail pour ça. Je suis passionnée par la cuisine depuis que je suis petite et ça ne m’a jamais vraiment quitté. J’allais au marché avec mon papa quand j’allais en Algérie dans ma famille, je n’allais pas jouer avec mes cousins et cousines parce que je préférais rester avec mes tantes pour voir ce qu’elles cuisinaient et mes premiers cobayes ont été mon frère et ma petite sœur. Il y a vraiment un attrait et le jour où je ne serai plus passionnée, ce que je n’espère pas, ça s’arrêtera, tout simplement. Mais ce n’est pas prêt de s’arrêter, à la télé ou pas à la télé.
« La télé, ce n’est pas non plus une fin en soi »
Coulissesmédias : Donc même si l’aventure en télévision devait s’arrêter vous continueriez dans la cuisine ?
Farida : Oui parce que quand j’étais juriste, je cuisinais parfois dans des restos, je faisais des missions le soir et même des fois je posais des demi-journées de RTT pour aller cuisiner dans un resto. Je continuerai de toute façon de cuisiner pour ma famille et pour mes proches. La télé, ce n’est pas non plus une fin en soi, aujourd’hui c’est un moyen de communiquer sur mes idées, sur mes projets et sur mes envies. Là, ça fonctionne mais si demain ça s’arrête, ce ne sera pas la fin du monde.
Coulissesmédias : Vous avez déjà écrit des livres, il y en a d’autres en projet actuellement ?
Farida : On commence à y réfléchir. L’année est bien remplie donc, ça va être compliqué mais avec mon éditrice on y pense et pourquoi pas éditer un livre sur la lutte contre le gaspillage alimentaire ?
Coulissesmédias : En ce début 2016 et après la période de fêtes, quel est votre menu idéal ?
Farida : Ce sera un menu léger parce qu’on a bien mangé pendant les fêtes. En entrée, un velouté froid de betteraves, comme ça, ça à l’air compliqué mais pas du tout. Vous achetez vos betteraves sous-vide, vous les mixez avec un petit peu de crème liquide et une petite touche de citron et au milieu vous prenez du fromage frais que vous mélangez avec de la ciboulette et vous faites une quenelle. Pour l’entrée déjà c’est bien, en plat on va faire aussi léger. Je ferais donc un méli-mélo de courgettes et carottes au sésame, vous prenez un économe et vous faites pleins de rubans avec les courgettes et les carottes, vous les faites ensuite poêler dans un tout petit peu d’huile d’olive, un petit peu de sauce soja et les graines de sésame. En viande, je prévoirais du poisson, un petit morceau de saumon que vous faites mariner dans de la sauce soja et du saké. Donc vous avez le saumon un peu laqué et à côté votre méli-mélo de tagliatelles courgettes et carottes. En dessert, je me ferais encore plaisir quand même et je ferais ce que j’appelle des croustillants banane-chocolat. Vous prenez une feuille de brick, dedans vous mettez une demi-banane coupée dans le sens de la longueur, vous râpez du chocolat dessus, vous refermez la feuille de brique et vous faites dorer à la poêle. C’est juste délire, c’est tout simple mais c’est bon. Et en finition, un petit thé vert pour faire détox (rires), avec un petit peu de gingembre râpé dedans pour détoxifier son corps après les fêtes, c’est pas mal.
Coulissesmédias : Quel est votre pêché mignon ?
Farida : La cuisine thaïlandaise, j’adore. Tout ce qui est à base de lait de coco, coriandre, basilic thaï, les bouchées chinoises aussi j’adore ça. Je suis plus salé que sucré, le sucré ce n’est pas trop ma came. Je cuisine des cakes, des crumbles… J’adore le crumble ! Le crumble pomme-poire…mais je suis plus salé.
Coulissesmédias : Votre cuisine s’en inspire ?
Farida : Beaucoup mais je cuisine quand même un petit peu de tout, je peux aussi bien cuisiner des plats d’influence italienne, orientale, indienne, j’aime bien ça mais c’est vrai que ma cuisine est beaucoup inspirée de celle thaïlandaise et japonaise. Avec un reste de bœuf bourguignon, je peux faire des makis, je hache ça et je le mets dans des feuilles de riz qu’on peut faire frire ou pas et je coupe ça en tronçons. Je n’ai pas envie de me lancer dans des trucs de grands chefs, ça je les mange au restaurant. Il faut que je comprenne les recettes et comme j’écris mes propres recettes, que je les écris au fur-et-à-mesure, je comprends bien l’articulation de tout ça. Je m’inspire de recettes que je vois mais le final, c’est ma recette parce que j’ai besoin de comprendre les étapes.
« L’idée, c’est de mélanger les genres »
Coulissesmédias : C’est ça aussi être « foodista » ?
Farida : C’est ça. En fait, c’est comme en mode, assembler une belle ceinture Channel avec un t-shirt H&M et puis une breloque que j’ai achetée dans une brocante. En cuisine, c’est pareil, c’est mélanger des produits nobles avec des produits de standing moindre. Par exemple je peux faire des Saint-Jacques avec autour une jetée de chou. L’idée, c’est de mélanger des genres. Je fonctionne pareil en mode.
Coulissesmédias : Quels sont vos souhaits pour 2016 ?
Farida : Mes souhaits pour 2016, quand on est maman – ça fait un peu cliché – mais que mes enfants aient toujours autant de peps, toujours autant d’énergie et qu’ils me cassent toujours autant les pieds parce que ça veut dire qu’ils sont en bonne santé (rires). Pour moi, ce serait que je continue à m’éclater dans ce que je fais et qu’il y ait d’autres projets qui se profilent et que je mette en place des trucs parce que j’aime bien créer des choses. Ah et que j’ai du temps aussi pour faire des tableaux parce que je ne peins pas mais je fais des collages et des installations et j’aimerais avoir un peu plus de temps pour ça.
Propos recueillis par Antoine Rogissard
Avec Mickaël Roix
Photos : Matthieu Munoz – Coulissesmédias.
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