Animateurs de « La Quotidienne », premier magazine de consommation de France 5 diffusé depuis la rentrée, Thomas Isle et Maya Lauqué sont revenus pour Coulissesmedias.com sur les origines du programme et les valeurs qu’il transmet. L’ancienne journaliste d’I>Télé et celui qui officiait déjà sur France 5 dans « Médias le magazine » (le dimanche avec Thomas Hugues) en ont également profité pour mettre en avant la bonne humeur et la complicité qui lient les chroniqueurs.
Coulissesmédias : Vous connaissiez-vous avant l’émission ?
Maya Lauqué : On s’est connus quand on a préparé le pilote sur lequel on a travaillé avec le producteur qui était sur le projet dès le départ.
Thomas Isle : Je la regardais dans « Ca se discute » sur I>Télé. Je trouvais qu’elle était formidable parce qu’elle avait toujours le sourire en présentant et tout en étant avec des gens qui parlaient de choses très sérieuses. On s’est dit que c’était la personne idéale pour cela et on a fait le pilote ensemble. Comme on a la même manière de bosser, on s’est tout de suite bien entendus.
Coulissesmédias : Pourquoi la chaîne a-t-elle décidé de faire appel à vous à l’origine ?
Thomas Isle : Alors ça c’est un mystère incroyable. C’est fou, c’est complètement irresponsable de leur part ! (rires). Non, en fait, ils n’ont pas particulièrement pensé à nous.
Maya Lauqué : Ils ont pensé à toi parce qu’ils te connaissaient dans « Médias le magazine ».
Thomas Isle : Oui j’étais déjà sur France 5 avant mais ils ont fait faire le pilote à plusieurs boites de production et c’est en jugeant sur pièce qu’ils nous ont choisis mais, au départ, ils ont testé plein de gens. Il y a 57 boites de prod qui ont répondu à l’appel d’offre et il y avait énormément d’animateurs et d’animatrices qui voulaient participer à « La Quotidienne ». C’est aussi un ensemble de choses. C’est une bande qui est autour de nous. Le pilote tel qu’on l’a fait, c’est à peu près la même chose que le premier épisode. On avait les mêmes experts autour de la table. Ils ont voulu tout garder parce qu’ils ont senti tout de suite qu’il y avait une bonne ambiance.
Thomas Isle : « C’est une grande chance que m’a donné la chaîne ».
Coulissesmédias : Avoir votre propre émission, était-ce une envie de longue date ?
Thomas Isle : Forcément, j’étais chroniqueur dans une émission donc j’aspirais à faire un petit peu plus. C’était une hebdo, là ça devient une quotidienne. C’est une grande chance que m’a donné la chaine, une grande opportunité.
Maya Lauqué : Moi, c’était plus l’envie de découvrir un nouvel exercice avec un nouveau cadre et une nouvelle équipe même si je n’ai pas réfléchi en ces termes là. Je me suis plutôt dit que j’avais envie de bouger et que cela se ferait en fonction des rencontres et des occasions. Si l’idée ne m’avait pas plu, si avec Thomas on ne s’était pas entendus ou si cette espèce de petit miracle n’avait pas fonctionné, je serais partie.
Coulissesmédias : Imaginiez-vous présenter un jour une émission conso ?
Maya Lauqué : Je n’ai jamais eu de plan de carrière, je suis danseuse classique à la base donc quand on me demandait : « Tu te vois où dans dix ans ou même dans deux ans ? », je n’ai jamais été capable de répondre et je me suis toujours dit « On verra bien et j’espère en tout cas faire des choses les plus variées possible et ne jamais m’ennuyer ». Je ne m’étais pas forcément dit que je ferais une émission de conso mais, en même temps, je n’ai jamais dit que je ne le ferais pas !
Thomas Isle : Je savais que j’avais envie d’être dans quelque chose qui alliait le fond et la forme. Quelque chose de divertissant et instructif. On est dans un exercice où l’on va s’amuser avec Maya à faire des bandes-annonces ridicules et, en même temps, on bosse vraiment nos dossiers. On apprend beaucoup de choses tous les jours et cette complémentarité est géniale pour des animateurs parce qu’il y a un petit peu tous les exercices en fait.
Coulissesmédias : Thomas, vous êtes passé d’une chronique par semaine à une quotidienne. Le rythme a-t-il été difficile à suivre au début ?
Thomas Isle : Pas vraiment. En fait, je travaille moins qu’avant pour tout vous dire parce qu’avant je cumulais plusieurs boulots. J’étais en production avec Nagui, je m’occupais notamment de la production de « N’oubliez pas les paroles » et du développement de sa société et à côté de ça, je faisais « Médias, le mag ». C’est-à-dire que je passais mes soirées à regarder la télévision, à écrire mes chroniques et cela me demandait beaucoup de temps.
Evidemment, on bosse encore beaucoup parce qu’en plus, c’est la première année donc il y a forcément du rodage mais je m’y suis assez vite fait, passé les trois premiers jours où il y a un petit coup de stress parce que c’est le début et qu’on n’a jamais fait ça. Après, cela a été assez simple et assez agréable surtout.
Coulissesmédias : Comment « La Quotidienne » est-elle née ?
Thomas Isle : Cela faisait deux ans que la chaîne réfléchissait à la consommation notamment. Il y avait déjà « Le Doc du dimanche » autour de la conso et le midi c’est le dernier carrefour d’audience sur lequel ils ne s’étaient pas encore investis. Ils attendaient d’avoir les moyens pour le faire et voilà, cette année a été la bonne pour eux.
Maya Lauqué : « On véhicule des valeurs de solidarité »
Coulissesmédias : Quelle est sa principale force ?
Maya Lauqué : On tient à ce qu’à un moment de la journée où l’on veut se détendre, on soit là pour apporter avant tout de la bonne humeur et de la légèreté. Sur la forme, je crois que c’est indispensable et sur le fond, c’est une émission vraiment ancrée dans la réalité. On est conscient que le monde dans lequel on vit n’est pas forcément toujours facile. On n’est pas angélique mais on essaie vraiment d’être concret, de donner des solutions dans la vie de tous les jours pour économiser de l’argent, voire en gagner un peu. On véhicule ces valeurs de solidarité. Cette émission répond à une mission de service public. Elle a d’ailleurs trouvé sa place sur la chaîne et dans le groupe. Elle parle directement aux gens, elle va vous aider directement. C’est super une émission qui va aider le téléspectateur en lui répondant à la fois personnellement et au plus grand nombre, en essayant de l’aider tous les jours et de lui apprendre quelque chose !
Coulissesmédias : Comment s’est formée l’équipe ?
Maya Lauqué : A base de dîners…
Thomas Isle : …et de boissons. En fait, on est allé chercher progressivement les gens et on a fait d’abord des déjeuners, un par un et puis on s’est tous réunis pour des dîners, une fois qu’on avait constitué l’équipe. Valérie (ndlr : Valérie Durier) était déjà sur France 5 notamment dans « Les docs du dimanche » et elle a fait beaucoup de radio. Fabien Bordu, c’est parce qu’on voulait un spécialiste autour de l’argent. On a pensé au magazine Capital, on s’est dit qu’il devait y avoir de vrais experts dans ce domaine. On a commencé à se renseigner. On a trouvé cette grande gueule et on s’est dit que c’était vraiment l’idéal. Non seulement, il n’a jamais fait de télé mais en plus, il n’a pas de télé et donc ça donnait une certaine fraîcheur et puis Gérard Michel (ndlr : le chroniqueur avocat) avait déjà fait pas mal de télé et de radio. Il était déjà connu du public. Il a l’avantage d’être à la fois très pointu dans son domaine et en même temps truculent, très bon public, prêt à se marrer tout le temps.
Coulissesmédias : On sent une certaine complicité entre les membres. Vous fréquentez-vous en dehors du plateau ?
Thomas Isle : On se voit déjà beaucoup ! Avec Maya, on est toute la journée au bureau ensemble. On se voit en dehors bien sûr mais ce qui est compliqué avec les membres de l’équipe, c’est qu’ils habitent tous loin de Paris. Gérard vient d’Avignon tous les jours. Il fait la navette et part à 5h du matin pour faire « La Quotidienne ».
Maya Lauqué : Fabien habite près de Fontainebleau… Donc, ils sont quand même tous assez loin.
Thomas Isle : On se voit de temps en temps mais on se voit ici en direct tous les jours puisqu’on n’est pas comme beaucoup d’émissions à les enregistrer à la file.
Maya Lauqué : « France 5 ne nous a jamais mis la pression ».
Coulissesmédias : Cette émission aurait-elle pu débarquer ailleurs que sur France 5 ?
Thomas Isle : Je ne crois pas parce qu’une émission dans laquelle tous les jours, par exemple, on peut lancer un défi au téléspectateur en lui demandant de venir à l’aide d’une association qui a besoin d’un coup de main, je ne connais pas une autre chaine qui serait capable de la faire et en tout cas pas en dehors de France Télévisions, ça parait certain. Si ça se faisait, on aurait tendance à aller certainement vers des facilités comme des cas très difficiles que l’on va chercher à résoudre. Ce n’est pas du tout le cas de « La Quotidienne » qui est une émission de service, de conseil. On veut que ce soit au plus près des préoccupations des gens, on ne cherche pas à les choquer ou à les impressionner, à faire du spectacle ou du show autour de la consommation. On cherche juste à trouver de bonnes petites idées. Vous nous demandiez tout à l’heure « Pourquoi nous ? », on pourrait se dire « Pourquoi aussi toute cette équipe ? ». C’est parce tous les gens autour de la table, tous les experts, n’étaient pas forcément connus avant. Ils ont tous les pieds dans la réalité et ils connaissent les difficultés du quotidien. C’est pour ça qu’il n’y a pas de stars dans cette émission. France 5 voulait une émission qui ressemble aux gens et à leur vie quotidienne.
Coulissesmédias : Vous avez connu des débuts plutôt moyens dans les audiences. France 5 vous a-t-elle fixé un objectif à atteindre ?
Maya Lauqué : Ils ne nous ont jamais mis la pression. Ils nous ont plutôt dit : « Prenez le temps de grandir, de séduire et de conquérir votre public » parce qu’à midi, il y a quand même eu des dessins animés pendant 11 ans avant nous donc, on savait que c’était un public à renouveler complètement en lui proposant quelque chose de très différent par rapport à ce qu’il y a sur la chaîne et à ce qu’il y a ailleurs le midi où les habitudes de consommation de « téloche » sont hyper ancrées.
Thomas Isle : Là où ils ont toujours été très confiants, c‘est qu’il y a bien sûr les chiffres d’audience mais aussi les Qualimat avec des études sur un panel de téléspectateurs, et les retours étaient excellents. Les gens qui regardaient disaient qu’ils aimaient beaucoup l’émission donc, ça les a beaucoup encouragés à continuer, à tenir bon, et puis, ça a été payant puisque progressivement, chaque mois, on a grappillé un petit peu. Le rendez-vous s’installe vraiment aujourd’hui.
Coulissesmédias : TF1 a abandonné « Combien ça coûte ? » il y a plusieurs années. Selon vous, pourquoi aucune grande chaîne n’a aujourd’hui une grande émission autour de la consommation ?
Thomas Isle : Ah, il faut le leur demander ! Je ne sais pas. C’est vrai qu’il y a des points qui se ressemblent parce que dans « Combien ça coûte », ils étaient effectivement dans le conseil, ça marchait très très fort, ça a même été en prime pendant longtemps. Ils ont réessayé à une période de le faire en hebdo mais, cela marchait un petit peu moins bien. Nous ne sommes pas dans les mêmes ordres de grandeur non plus. Par exemple, les chiffres que demande TF1 aujourd’hui sont très importants. C’est une matière qui est extrêmement intéressante pour les gens. Il s’agit de leur quotidien donc, ils pourraient y revenir mais d’une autre manière. Peut-être avec un concours du meilleur consommateur (rires).
Maya Lauqué : Il faut trouver le temps pour en parler et c’est ce qu’on a réussi à faire. Il faut à la fois trouver un ton qui ne soit pas anxiogène, qui soit du conseil, quelque chose de positif et concernant pour les gens. « La Quotidienne » a sa place sur France 5, à ce moment-là de la journée. Elle a su trouver sa place et son ton.
Thomas Isle : « Il y aura de petits aménagements pour la saison 2 ».
Coulissesmédias : L’émission aurait-elle eu sa place en access ?
Thomas Isle : Je ne sais pas. Pas sur France 5 en l’occurrence puisque « C à vous » marche très bien. Il n’y aurait pas énormément de raison de la mettre en access. Là où ils avaient un problème, c’était surtout à midi et sur France 2 où c’est plus compliqué mais, on est très bien là où on est. On ne demande rien d’autre, tout va bien (rires) !
Coulissesmédias : Thomas, vous avez fait un peu de radio l’été dernier sur Europe 1 dans « Le grand direct des médias ». L’expérience sera-t-elle renouvelée cette année ?
Thomas Isle : J’aimerais bien refaire de la radio. Le problème c’est que je vais aussi avoir besoin de vacances (rires) parce que j’ai une petite famille et ça me plaît de les voir donc je pense que je vais prendre des vacances cet été. Ce sera plus raisonnable parce que ce qu’on fait toute l’année est assez intense. On ne s’arrête jamais. « La Quotidienne » va continuer tout cet été en version best-of. C’est chouette parce qu’on garde la case et on continue à faire découvrir l’émission à des gens mais c’est important aussi de se reposer, de ne pas vouloir tout faire et de revenir en forme à la rentrée.
Coulissesmédias : L’émission aura donc droit à une saison 2 ?
Maya Lauqué : J’espère…
Thomas Isle : C’est en discussion en tout cas, on va dire ça. On fait tout pour et normalement, on croise les doigts mais le patron des programmes de la chaîne a déjà dit qu’il souhaitait reconduire « La Quotidienne ».
Coulissesmédias : Quelles seront les nouveautés ?
Maya Lauqué : L’état d’esprit de l’émission et la « carcasse » resteront les mêmes (rires).
Thomas Isle : Il y aura des changements forcément, des petits aménagements à la marge. On réfléchit tout le temps. C’est l’avantage aussi d’une quotidienne. L’émission d’aujourd’hui n’est pas du tout la même que la première de l’année donc on change tout le temps par petits bouts.
Propos recueillis par Olivier Sudrot.
Super duo pour une superbe émission qui mérite d’être plus connue.