« Mes années de radio avec Jean-Luc, une période magnifique ! »
Elle était son assistante puis sa complice au micro pendant toutes ses années passées à Europe 1. Murielle Barrel se souvient aujourd’hui avec une vive émotion de cette belle aventure radio vécue avec Jean-Luc Delarue. Pour coulissesmédias, elle raconte ses « années Delarue ».
Coulissesmédias : Vous avez bien connu Jean-Luc Delarue puisque vous avez été son assistante et la voix qui l’accompagnait au micro d’Europe 1. Comment est née votre rencontre ?
Murielle Barrel : Je travaillais à Europe 1 au standard alors que j’étais encore étudiante et à l’époque, Jean-Luc animait « Parlez sans crainte » avec Olivier Dorangeon et il a choisi de m’accueillir dans sa bande. A l’origine, il y avait Jean-Luc, Olivier et Michel Morinière. J’ai été assistante, je faisais la programmation et beaucoup d’autres choses avant de devenir « meneuse de jeu » à ses côtés tout en gardant mon poste d’assistante.
Coulissesmédias : Votre complicité a été immédiate ?
Murielle Barrel : Elle s’est installée très rapidement. Jean-Luc a toujours été contre la barrière entre le travail et l’amitié. Elle était d’ ailleurs vraiment très fine à partir du moment où il appréciait les gens. C’est quelqu’un qui avait beaucoup de rigueur dans le travail et je dois dire que si nous aussi, nous étions comme ça, nous ne pouvions qu’être amis. Nous sommes devenus une bande de potes.
Coulissesmédias : Il vous surnommait Moneypenny…
Murielle Barrel : C’était un petit clin d’œil bourré d’amitié, de complicité parce que j’étais la seule fille de l’équipe et je faisais un peu de tout. Ce surnom en rapport avec James Bond se voulait très mignon. C’était un petit truc entre nous qu’il a gardé à l’antenne.
Coulissesmédias : Qu’est-ce qui vous fascinait chez lui ?
Murielle Barrel : Sa capacité à avoir une idée à la seconde et plutôt des bonnes idées ! Son acharnement au travail aussi. C’est quelqu’un qui bossait tout le temps et qui transmettait cette valeur du travail aux autres. C’était un bonheur de bosser avec lui. On ressortait toujours en ayant appris quelque chose. Il recevait beaucoup de personnalités, des artistes, des écrivains…et il s’impliquait totalement. Il lisait beaucoup, il préparait. Le travail a toujours été sa vie. Et toujours avec bonheur.
Coulissesmédias : C’était facile de travailler à ses côtés ?
Murielle Barrel : Pour moi, oui. Il y a peut-être d’autres personnes qui vous diront le contraire. Il faut rappeler que j’ai connu Jean-Luc à l’époque de ses débuts même s’il y avait eu TV6 avant la radio. Je dois dire que le média radio a été un vrai tournant pour Jean-Luc. C’est là où on l’a vraiment découvert et là où il s’est créé un personnage qui n’a cessé de progresser et de se révéler. Et travailler avec lui, c’était facile car il avait confiance.
Coulissesmédias : Est-ce qu’au fil des années, vous aviez détecté ce potentiel qui allait faire de lui une vedette quelques années plus tard ?
Murielle Barrel : J’étais jeune et je dois dire qu’on se laissait porter par ce qui arrivait. On avançait en vivant quelque chose de merveilleux sans toutefois trop penser à demain. Mais, il avait déjà quelque chose d’atypique ! Ce qu’il a fait sur la matinale et avec « Mon œil » laissait penser qu’il allait se passer quelque chose après. Quoi ?… Je n’en savais rien.
Coulissesmédias : Il évoquait des envies, des rêves ?
Murielle Barrel : Il avait des rêves de production. Il a réussi par la suite. Je pense qu’à un moment donné, il n’aurait fait que de la production même s’il était très attiré par le cinéma.
Coulissesmédias : S’il y avait une anecdote, un moment précis de ces « années Delarue » que vous pourriez nous faire partager…
Murielle Barrel : Des souvenirs de bonheur, il y en a plein parce qu’on se voyait tous beaucoup en dehors du travail. Je ne peux pas oublier le jour où il nous a dit que l’on allait faire la matinale. On était tous jeunes donc peut-être plutôt des gens de l’après-midi ou du soir et quand on nous a appris qu’on allait faire la matinale, on a tous rigolé… Mais c’est quelque chose qu’il voulait. C’était un vrai challenge. Il faut quand même préciser que présenter une matinale en radio, il n’y a rien de mieux.
Coulissesmédias : Quel souvenir gardez-vous de ces années en duo à la radio ?
Murielle Barrel : Des idées complètement nouvelles à chaque émission qu’il lançait. Concernant sa matinale, comment ne pas se souvenir de cette espèce de décontraction à l’antenne ? Il y avait un vrai mélange de sérieux et d’impertinence. Vous imaginez Jean-Luc Delarue arrivant en jean, avec sa casquette face à Elkabbach et les piliers de l’info de l’époque : Jean-François Rabilloud ou Olivier de Rincquesen ? Il fallait oser ! Tout s’est toujours fait dans la bonne humeur et la convivialité. Ces années de radio avec Jean-Luc, c’est une période magnifique pour tous ceux qui ont participé à l’aventure. C’était une bande. Nous avons bien rigolé. Il y avait cela dit, certainement moins de pression sur lui.
Coulissesmédias : Vous aviez gardé des contacts depuis qu’il avait arrêté la radio ?
Murielle Barrel : J’ai travaillé un peu sur Reservoir Prod. Je bossais la programmation d’une émission. Comme dans les familles, nos vies changent et on ne se voyait plus beaucoup. Il y a deux ans, j’ai assuré la voix de « Toute une histoire » sur France 2. Donc, on reconnaît sa fidélité la plus totale. On restait des amis pour la vie même si on ne se voyait pas tous les jours.
Coulissesmédias : Malheureusement, son déclin a été aussi rapide que son ascension. Etait-il trop pressé ?
Murielle Barrel : Pas du tout. J’ai entendu beaucoup de choses sur ce sujet mais je ne les crois pas. Par la force des choses, professionnellement, il a évolué notamment avec la création de sa boîte de prod.
Coulissesmédias : Avez-vous été choquée par ses dérapages et lorsqu’il a annoncé publiquement ses addictions ?
Murielle Barrel : Il n’a pas eu le choix de les rendre publiques puisque des gens s’en étaient chargés avant. Pour moi, ça ne me regarde pas. C’était sa vie et il n’a pas fait de mal aux autres.
Coulissesmédias : On a souvent dit que la plupart de ses amis faisaient semblant de ne pas savoir…
Murielle Barrel : Peut-être que des gens savaient. C’était son histoire.
Coulissesmédias : Comment avez-vous réagi lorsqu’il a été victime de moqueries et de critiques après son annonce ?
Murielle Barrel : Tout cela va avec une approche journalistique que je n’aime absolument pas en ce moment. On n’est hélas, pas toujours dans l’intelligence…
Coulissesmédias : Qu’auriez-vous aimé lui dire ?
Murielle Barrel : Merci. Pour le reste, je vais le garder pour moi si ça ne vous ennuie pas parce que ce qui vient d’arriver est très dur.
Coulissesmédias : Aujourd’hui, que ressentez-vous ? Un gâchis ?
Murielle Barrel : Oui, mourir à 48 ans, c’est un gâchis.
Coulissesmédias : Vous qui l’avez connu à ses débuts, est-ce que, selon vous, il avait atteint professionnellement ce qu’il rêvait de devenir ?
Murielle Barrel : Non, probablement pas. Je pense qu’il avait plein d’autres projets. On aurait très bien pu le retrouver très épanoui dans l’écriture. C’était quelqu’un de très intelligent, très réactif, avide d’infos, de culture et d’art. On aurait encore pu entendre parler de lui avec beaucoup d’autres projets.
Propos recueillis par Mickaël ROIX.
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