« Made in Franck » ou la photographie musicale d’un jeune homme dans le vent qui ressort de son sac des chansons d’hier, d’aujourd’hui ou de demain, le tout à la première personne. Cette semaine, sur le bûcher avec Lana Del Rey !
L’autre jour, je lisais un papier parlant des hispters sur un site de… hipsters, je me suis mis à penser à Lana Del Rey. L’article disait qu’ils sont les nouveaux bobos, version 2.0 remasterisés. A bien y réfléchir, j’avais dans mes amis (forcément parisiens) quelques bobos revendiqués. C’était eux qui m’avaient fait découvrir MGMT alors que leur démo de « Kids » venait à peine de circuler, eux qui m’ont traîné au concert des Last Shadow Puppets, eux aussi qui avaient fini déçus du marketing qui se cachait derrière la fraîcheur des Pipettes à l’époque où « Pull Shapes » ouvrait le Grand Journal… L’apparition de la réalité augmentée plus tard, mes bobos ont évolué en hipsters, encore plus sectaires, d’autant plus critiques et toujours plus barbus. Ou quand le bobo rencontre un geek, en Rayban of course. Bref, une nouvelle élite auto-proclamée avant-gardiste de la musique et précurseur de la mode (et des drogues, pas pour rien que le prochain album de Madonna s’appelle « M.D.N.A. » !). Cette nouvelle caste est « indé », « alter » et une fois que leur dieu devient populaire, il est aussitôt désacralisé. Et si pour la première fois les hipsters s’étaient fait avoir par une bombe à retardement populaire programmée par un génie du marketing ?
C’est au courant du mois d’Août 2010 que la bombe éclata sur mon Facebook, mon ami dénicheur de nouveautés « qui vont exploser » (comme ce fut le cas pour Foster The People) me poste « Video Games » de Lana Del Rey. D’une oreille, je surfe sur Internet en écoutant semi-attentif cette voix intrigante comme si elle cachait un passé sombre gardé tel un secret d’adolescente. Puis je regarde sa vidéo amateur et tombe sous son charme, sur ses lèvres boursoufflées comme au lendemain d’une nuit de galoches adolescentes. Le clip « fait maison » se répand et les millions de vues s’accumulent… Lana Del Rey reste quand même protégée comme un bijou rare et précieux. On sent que le « grand public » va se l’approprier même s’il l’a découvrait. Lana Del Rey reste mystérieuse mais sa partie de « Video Games » ne fait que commencer… « It’s you, it’s you, it’s all for you… Everything I do ». Envoûtante Lana, délivre-nous du mal. Une chanson d’ado bénie des trentenaires qui ne veulent que la consoler. Moi y compris.
Quelques mois plus tard « Blue Jeans » atterrit sur la toile comme un pavé dans la marre et sans crier gare. Sorte de « Video Games »bis, gardant la même recette : un clip fait maison, une Lana mystique, et une chanson langoureuse et mélancolique tenue par une voix profonde. « I will love you to the end of time »… D’accord Lana, nous aussi. Le monde entier s’émeut pour cette mystérieuse idole aux airs effrayés telle une biche surprise par les phares d’une voiture. Les blogs en parlent, les sites spécialisés le relaient, la presse s’enflamme. Lana Del Rey, en 2 titres postés sur Youtube se voit propulsé en icône hipster. Mi lolita -mi pinup, la jeune fille botoxée semble débarquer tout droit des années 50 dans un monde 2.0. Ses vidéos passeraient presque pour de la propagande pro-ricaine. Le drapeau flotte, Hollywwod brille.
Mais voilà, tout le monde en parlait et Lana Del Rey dévoilée au monde entier comme Lizzie Grant fut sacrifiée sur le bûcher des hipster. Leur vierge n’en était pas à son coup d’essai et de nez, ça sentait le coup marketing, le buzz nouvelle génération. Ceux qui, en un titre, l’ont hissée haute ont aussi vite que « L’opportuniste », brulé le drapeau étoilé. Malgré ce qu’on disait, je restais envoûté. M’écoutant en boucle ses 2 titres si mystérieux et hypnotiques. Je lisais les articles mais ne me plongeais que dans sa voix oscillant entre la jeune fille et la jeune femme. Ambiguïté qu’elle a entretenue lors de ses (devenus trop nombreux) passages télé. Mal à l’aise mais féline jusqu’au bout des (faux) ongles. Malgré l’exposition médiatique, le secret musical demeurait. Un nouveau titre « Born To Die » au clip sur-produit réalisé par un hipster français – Woodkid – avait été officiellement dévoilé. Mais « vu la forte demande », la maison de disques se refusait d’envoyer toute copie avant la sortie dans les bacs le 30 janvier. Pas de bol, chanteuse 2.0 sur jusqu’au bout, l’album du même nom a filtré 5 jours plus tôt.
Par ce symbole, Lana Del Rey est un peu comme une artiste « morte-née » mais qui aura laissé derrière elle le temps de sa venue sur terre, un petit bijou musical, un premier album imparfait mais réussi. Lizzy aura, elle, réussi à devenir une légende digne de ses scénarios américains. Comme quoi cette fois, il s’agit plutôt d’un travail d’orfèvre de la part de son équipe marketing. Une stratégie qui mériterait d’être étudié dans les écoles (bah quoi, on donne bien des cours sur Lady Gaga !)… Parce qu’après tout, peut-être que cette pin-up bling bling échouée des années 50 dans on monde qu’elle ne maîtrise finalement pas toujours -jusqu’à devoir annuler sa promo française- peut-être qu’elle n’a jamais existé. Peut-être qu’au-delà d’une « artiste 2.0 », Lana Del Rey aura été la première artiste virtuelle… Et si Lana Del Rey était un hologramme ? Y en a bien qui théorise le fait qu’elle soit un robot ! Ce qui est bien avec le 2.0, c’est qu’en ne sachant rien de l’origine d’une nouvelle artiste, on peut le fantasmer et écrire presque ce que l’ont veut… Voyez. Alors en dehors du personnage, fermez les yeux et soyez prêts avec ou sans elle à « Born To Die ».
Texte : Julien Franck
Photos : Mickael Komer
oh la gueule ! le mec il découvre The Kills alors qu’il est biberonné à Jennifer, Indochine et Madonna ! mdr
encore un bouffon qui se prend pour un chroniqueur émérite…
siouplé les gars, vu votre site évitez de traiter de bobos les abonnés des Inrocks qui connaissent MGMT, c’est du réchauffé…
pitié laissez donc tranquille les artistes qui ont du talent et continuez de jouer dans votre bac à sable avec les bouzes que vous envoie NRJ et autres radios à trois lettres…