MADE IN FRANCK : The Kills ou l’odeur du “garage rock”.

« Made in Franck », ou la photographie musicale d’un jeune homme dans le vent qui ressort de son sac des chansons d’hier, d’aujourd’hui ou de demain, le tout à la première personne. Cette semaine, rock-attitude avec The Kills.

Comment j’ai pu passer à côté ? Sous l’avalanche incessante ces 10 dernières années de groupes à « THE », je suis passé à côté du dernier album en date de THE KILLS, sorti en avril 2011. A vrai dire, mes oreilles et mon cœur battant s’étaient surtout arrêtés sur « Midnight Boum », leur troisième album qui fut la bande son de mon été 2008. Le disque qui s’est vu extraire le plus de singles. Mais en fin de semaine dernière, la sortie virale de leur dernier clip « The Last Goodbye » réalisé par Samantha Morton m’a rappelé à l’ordre. Même Nicola Sirkis l’a élu « clip de la semaine » sur indo.fr ! La vidéo, tournée en plan séquence façon photomaton (concept cher à leur image depuis leur début) immortalise leurs–déjà-10 ans de carrière.

The Kills, c’est la rencontre improbable dans un appartement londonien entre Alison Mosshart, américaine de son état, et du dandy anglais Jamie Hince. Deux personnalités, deux personnages devenus VV et Hotel qui, réunis, font des étincelles noires et blanches. Le duo d’amis forme un duo sur scène, comme si Bonnie & Clyde avaient été un groupe de rock, des âmes-sœurs musicaux. Une évidence qui transperce leurs disques. Et « Midnight Boum », l’album qui m’a transpercé l’été de mes 20 ans. Un vrai disque de garage rock, porté par la voix forte, puissante, grave et enrayée de miss Mosshart. Une lionne sans cage qui tourne compulsivement autour de son micro, dont l’intensité avait mis en transe la salle de 500 personnes où je les ai vus en live la première fois. Accompagnée d’un Jamice Hince so british, proprement rock et concentré dans ses notes. A eux deux, ils forment l’esprit du ROCK, celui dont les 4 lettres font sens. Dansant, romantique, et toujours électrique.

Pourtant, pour les avoir rencontrées à plusieurs reprises, nos deux icônes rock propulsées égéries The Kooples sont de simples humains (si si !), qui boivent de la bière (ou du champagne, c’est selon) et se masquent d’une timidité encore plus grande que la mienne au moment de leur demander de poser pour une photo avec moi. L’attitude rock, originelle, c’est ça, c’est eux. Se donner sur scène, sur son instrument, dans son micro. Porter une chemise de cowcheron (voir définition dans l’article précédent), un jean slim usé, des bottes esquintées et avoir toujours une cigarette allumée au coin des lèvres –surtout là où c’est interdit. Malgré leur côté hype acquis malgré eux ces dernières années par monsieur Kate Moss et Miss Mosshart icône de mode, les deux Kills ne se sont pas perdus dans leurs personnages de VV et Hotel. Le contraire d’une Amy Winehouse victime de son propre personnage jamais sans eyeliner, sa choucroute capillaire et sa bouteille de sky… La fine différence entre une rockstar et la rock-attitude.

Alison Mosshart est explicitement une nana qui a des couilles, et Jamie Hince est clairement un rockeur anglais. C’est leur essence. Et notre essence à nous, auditeurs, ce sont leurs albums qui marquent le rock anglophone d’aujourd’hui en lui redonnant ses lettres de noblesse. Il font le Rock, le vrai, sans chichi ni fioriture, en jouant eux-mêmes de tous les instruments, tel un vrai duo qui ne se cachent pas derrières des musiciens d’emprunts et des arrangements de gros producteurs histoire de vendre un nom devenu une marque… The Kills ça s’écoute à tout moment : énervé (« Last Day Of Magic »), pour danser (« What New York Used To Be »), pour pleurer (« Goodnight Bad Morning »), pour crier (“Tape Song”), avant, pendant, et après une fête. Prenez n’importe quel de leurs 4 albums, montez le son, appuyez sur play, et sentez l’odeur du garage rock que dégagent leurs chansons et prenez goût à l’attitude rock…

Texte : Julien Franck
Photos : Mickael Komer + photos BONUS