Yan Proefrock : « Trois jours pour faire un 52′ c’est très court » (2/3

Réalisateur de « Gulli à l’Elysée », Yan Proefrock s’est confié au micro de Coulissesmédias sur les conditions de tournage qui ont souvent été difficiles du fait de nombreuses contraintes. Le documentaire, diffusé jusqu’à vendredi par tranches de cinq minutes à 20h45, sera dévoilé ce dimanche à 19h30 dans son intégralité.

(c) Présidence de la République - J. Bonnet

(c) Présidence de la République – J. Bonnet

Coulissesmédias : Dans la séquence de la voiture avec Najat Vallaud-Belkacem, toutes les places de la voiture sont occupées, comment avez-vous réussi à filmer ? Cela a été compliqué ?

Yan Proefrock : Il a fallu négocier en amont. Ça a été compliqué, effectivement, car le protocole en temps normal veut que le Ministre soit placé à un certain endroit par rapport à son garde du corps. On a du demander une exception pour pouvoir tourner, on nous a dit non, on a dit « si, si, il faudrait ». Finalement, on a eu gain de cause et heureusement, sinon ça aurait été beaucoup plus compliqué, on n’aurait pas eu Liona à côté de Najat et cet échange aussi direct. Donc comme tout tournage, beaucoup d’improvisation, beaucoup de culot et comme tout le monde avait envie que ça se fasse bien, tout le monde a joué le jeu. Ils sont sortis un peu des sentiers battus pour nous aider à le faire.

 

« Il fallait qu’on soit très réactif »

 

Coulissesmédias : Vous aviez de gros moyens techniques ? Une grosse équipe de tournage ?

Yan Proefrock : Non,c’était une petite équipe, il fallait qu’on reste léger justement pour rester discret, le plus discret possible tout du moins. On n’avait pas le droit en plus de spliter l’équipe, j’avais deux cameramen, un steadycamer et un cameraman à l’épaule, et il fallait qu’on reste tout le temps ensemble. Je ne pouvais pas en envoyer un à un autre endroit le temps qu’on tourne une séquence. C’était complexe parce que déjà trois jours pour faire un 52′ c’est très court et en plus il fallait qu’on reste tout le temps ensemble et accompagnés par les services de communication donc pas le droit de se balader librement. J’avais aussi un service qui me permettait de communiquer avec les deux cameramen en situation de direct parce que c’était des conditions de tournage en direct, et un ingénieur du son qui installait effectivement les micros HF aux enfants et aux personnes à qui on avait le temps d’installer un micro, sinon on perchait. C’était vraiment quelque chose de très instantané et il fallait qu’on soit très réactif.

 

Coulissesmédias : Qu’est-ce qui vous a paru le plus difficile à gérer pendant ces quelques jours de tournage ?

Yan Proefrock : Quand on a démarré le projet, on devait avoir quatre jours de tournage puis finalement on n’en a eu que trois et on a failli n’en avoir que deux. Pour un 52′, c’est mince mais on connaissait les contraintes puisqu’on parlait tous les jours avec les services de communication qui nous disait on va pouvoir faire ci, faire ça et finalement rien n’était sûr. On n’avait un planning de tournage assez cadré mais d’un autre côté tout pouvait s’annuler au dernier moment. Il y a pleins de choses qui n’étaient pas prévues et dont j’avais absolument besoin et que j’espérais pouvoir faire au dernier moment, entre deux séquences. Quand on est arrivé, on avait de grandes chances de se planter sur plein de trucs, il a fallu pousser mais tout s’est bien goupillé. On ne pouvait pas se blinder en amont et être sûr qu’on allait avoir tout ce qu’on voulait, de la façon qu’on le voulait et pour moi ça a été compliqué parce que je ne pouvais pas avoir une idée très précise de ce que je voulais mettre en image et de ce que j’allais réellement avoir. C’est toujours le cas mais jamais à ce point-là.

 

(c) A Prime News / MS Barthout

(c) A Prime News / MS Barthout

Coulissesmédias : Il y avait une promesse mais qui n’était pas garantie ?

Yan Proefrock : J’étais garant d’un cahier des charges, d’une demande et j’ai dit que j’allais le faire mais je n’étais absolument pas sûr d’en avoir les moyens. L’obligation de résultat était difficile à promettre.

 

« On avait besoin de garder cette intensité »

 

Coulissesmédias : Vous aviez quand même une matière suffisante pour le montage ?

Yan Proefrock : Il y avait la matière pour faire quelque chose de plus large mais il fallait rentrer aussi dans ce format de délai du 52′ et puis on avait besoin de garder cette intensité. On est en prime-time sur une chaîne pour enfant, il fallait qu’il y ait du rythme pour ne pas qu’ils s’endorment. A nous de donner du peps ! On aurait pu pousser un peu plus dans le format mais c’était peut-être pas nécessaire. On avait quand même une belle matière malgré le temps de tournage, ça a été du tournage utile, d’où le choix du steadycam qui permettait de faire du plan séquence. On avait quasiment pas de temps pour illustrer donc il fallait que les séquences soient en temps réel.

 

Coulissesmédias : Pour garder l’énergie des enfants, trois jours c’est beaucoup ?

Yan Proefrock : Les enfants étaient fatigués et heureusement que Joan (Faggianelli, ndlr) était sur ce point-là en connivence avec les enfants, qu’il n’est pas trop passé du côté adulte. Moi, seul avec les enfants, j’aurais eu plus de mal à garder cette énergie alors que lui avait toujours le petit mot pour relancer la sauce. Ça a vraiment été un partage entre lui et les enfants et c’était super important.

Propos recueillis par Antoine Rogissard et Mickaël Roix