Muriel Montossey : «  Le quatrième âge à la télé, c’est l’Académie française »

A l’affiche de « Œdipe à la folie » depuis le 4 juillet au festival d’Avignon, Muriel Montossey a répondu aux questions de coulissesmedias.com. Celle qui a explosé aux yeux du grand public dans « La Classe » s’est livrée à notre micro. Avec toute la franchise et le naturel qu’on lui connaît, elle aborde sa nouvelle pièce et son rapport aux médias, sans concession.

 Crédit photos : John Shaft.

Crédit photos : John Shaft.

Coulissesmédias : Vous vous apprêtez à faire « Le Off » d’Avignon avec la pièce « Œdipe à la folie », parlez-nous de votre personnage et de la pièce?

Muriel Montossey : Ce qui m’a intéressé dans cette pièce c’est que, d’une part, elle est écrite par un psychanalyste et que, justement, c’était une espèce d’autopsie psychologique de la mère d’Œdipe de savoir son cheminement à partir de l’abandon de son premier enfant jusqu’au moment où elle va découvrir finalement, plusieurs années après, que l’homme qu’elle aime à la folie est en fait l’enfant qu’elle avait abandonné.

« Je suis (…) une grande Emma Bovary. »

Coulissesmédias : Cette pièce parle d’amour, un thème qui vous est cher, jusqu’où iriez-vous par amour ?

Muriel Montossey : Je suis une femme, donc les femmes elles sont toujours un peu plus fleurs bleues que les garçons. Donc, oui je suis une grande passionnée, une grande amoureuse, une grande Emma Bovary (rires).
Maintenant, avec l’âge, ça devient plus difficile, on ne me pose plus trop la question. Je suis prête à aller jusqu’au bout du monde, si j’aime, si j’aime.

Coulissesmédias : Etre seule en scène vous fait peur ?

Muriel Montossey : J’ai déjà fait un « seule en scène ». Là, là ce qui me rassure c’est qu’on a fait une avant-première et donc, le but de cette pièce, en fait qu’on on ne joue pas le divertissement, c’est d’être un peu serpent à sonnette, c’est-à-dire d’hypnotiser le public au départ et il ne faut pas le lâcher, ne pas les lâcher jusqu’à la mort (rires). C’est vraiment un jeu d’hypnose en fait, il faut les ensorceler, les captiver, les faire rentrer dans l’histoire, tenir votre regard dans vos intentions jusqu’au bout. En fait, quand on joue une pièce comme ça seule, c’est un peu comme un suspense, il faut les captiver tout le temps.
Coulissesmédias : Joseph Agostini, le metteur en scène, vous voulait dans cette pièce et, pur hasard, vous vous êtes rencontrés… à Avignon !

Muriel Montossey : Je jouais « Le Choc d’Icare » à Avignon et, je me promenais dans la ville quand, tout d’un coup, au passage d’une terrasse de café, il me semble entendre mon nom. Je me retourne et Joseph dit : « c’est incroyable, j’étais justement en train de parler de vous avec mon copain et vous passez à ce moment-là ». Donc, c’est vraiment le hasard total.
Coulissesmédias : Vous êtiez pressée de revenir sur les planches d’Avignon ?

Muriel Montossey : Oui parce que je ne l’ai pas fait l’année dernière, je n’avais pas envie de le faire. Avec toutes ces histoires d’intermittents du spectacle, je me suis dit ça va être le bordel et effectivement, je ne me suis pas trompée. Je suis contente, j’aime beaucoup la ville d’Avignon. Je suis du Sud, j’ai vécu longtemps dans le Sud que j’aime beaucoup, j’adore Avignon et j’adore le fait de jouer à Avignon. En plus, cette année, j’y vais avec mon fils qui travaille pour un journal culturel sur le théâtre donc, je suis très très contente.

« Un comédien sur scène est un comédien heureux. »

Coulissesmédias : On vous a découvert dans « La Classe » puis vous avez quittez le monde du spectacle pendant de plusieurs années mais vous y revenez progressivement, la scène vous manquait ?

Muriel Montossey : Disons que c’est quand on recommence qu’on s’aperçoit que ça nous a beaucoup manqué. J’avais disparu pour des raisons un peu dramatiques mais je vivais dans un autre monde : je m’occupais d’enfants défavorisés, je m’occupais des animaux. J’étais bien. Mais, à partir du moment où j’ai recommencé, je me suis rendue compte que ça m’avait vraiment manqué et que c’était ce que j’aimais. Un comédien sur scène est un comédien heureux et tout ce qu’il nous faut, c’est jouer pour être heureux.

 Crédit photos : John Shaft.

Crédit photos : John Shaft.

Coulissesmédias : Vous avez aussi par le passé joué dans plusieurs films, le cinéma vous attire toujours ?

Muriel Montossey : Non, je n’ai fait que des merdes au cinéma, c’est vraiment sans intérêt. Je ne sais pas, je n’ai pas eu vraiment d’amour pour le cinéma. Sinon, même si j’ai tourné beaucoup de films de Série B, c’était pour moi un métier comme les vendeuses qui font ça pour payer leurs études mais j’aimais beaucoup partir. Et puis, un jour, j’ai gagné un jeu télévisé et comme j’avais tenu longtemps j’ai gagné une pièce avec Jean Lefebvre. J’ai joué pendant trois ans avec lui et ça a été le départ d’une carrière. « Pas mal », on va dire.
Coulissesmédias : Vous avez récemment tenté un retour à la télévision dans « On n’demande qu’à en rire ». Vous avez envie de revenir régulièrement sur le petit écran ?

Muriel Montossey : Bien sûr. Quelqu’un qui vous dirait non, ce serait une grosse menteuse, mais je vais avoir 60 ans samedi (le 27 juin, ndlr) (rires). Ce n’est pas la même chose quand on a 60 ans, s’ils cherchent une jolie mamie pleine d’humour peut-être mais ce n’est pas tellement ça dans les grilles de programmes. C’est un peu comme les Académiciens, il faut attendre qu’il y en ait une qui meurt (rires), le quatrième âge à la télé c’est l’Académie française, il y a très peu de fauteuils.

« Les gens ne pensent pas à moi. »

Coulissesmédias : Dans quelle émission ou quelle série aimeriez-vous vous faire une place ? De quelle émission êtes-vous la plus proche ?

Muriel Montossey : Alors, moi je suis un peu comme mon fils, j’adore Hanouna dans les émissions « sympatoches » comme ça. J’adore cet animateur, il me fait vraiment marrer, j’aimerais bien me retrouver là. Il me fait rire quand je l’entends à la radio ou que je le vois. Je comprends que les jeunes aiment bien cette émission mais il n’y a pas beaucoup d’émissions où ils prennent des vieux. J’aimerais bien passer le casting pour « Scènes de Ménage », ça aussi ça me fait marrer. En plus, je connais très bien Gérard Hernandez et Marion Game et c’est marrant parce que Marion, je l’ai remplacée dans une pièce de théâtre y a une dizaine d’année dans laquelle je jouais la femme d’Henri Guybet. Maintenant, les gens ne pensent pas à moi, beaucoup de gens ont pensé que j’avais arrêté. Si on leur rappelait mon nom, ils diraient « Ah oui elle était marrante cette fille ! », c’est un peu la réaction des gens qui me croisent, dont Bernard Montiel, que je n’avais pas vu depuis 25 ans. Après, j’adore « Koh-Lanta », vous voyez je suis très midinette encore. J’adore « The Voice », je suis tous les épisodes. J’adore le divertissement en prime-time et après je me mets au fond de la couette et je regarde des thrillers, de la violence, du sexe, de l’amour.
Coulissesmédias : Vous avez des projets de retour à la télévision ?

Muriel Montossey : Non pas trop, pas trop. J’aimerais bien faire une petite reprise marrante style la revue « Notre Temps », un conseil pour les dames qui ont un peu mal partout, qui commencent à avoir des cheveux blancs et qui sont encore pleine de vie, qui ne font pas leur âge et qui ont envie encore de s’éclater quoi. C’est ça qui est dur en fait, c’est très dur de pas faire son âge, parce qu’à l’intérieur on l’a quand même mais ça ne se voit pas alors les gens ne se rendent pas compte. Et alors je suis super contente parce que samedi (le 27 juin, jour de ses 60 ans, ndlr) je vais avoir la carte sénior, c’est génial (rires).
Coulissesmédias : Quel regard portez-vous sur la télévision d’aujourd’hui et notamment les programmes à vocation humoristique ?

Muriel Montossey : Maintenan,t il n’y a plus trop d’émission d’humour puisque « On n’demande qu’à en rire » qui est une émission moyenne on va dire, s’est arrêtée. Il n’y a pas grand-chose pour les humoristes. La différence avec « La Classe », déjà c’est que ça passait à un très bon horaire et c’était bon enfant. Fabrice était adorable et il n’y avait pas d’enjeux. Les gens ne connaissaient pas leur destin. Maintenant, « On n’demande qu’à en rire » c’est vraiment « Je veux devenir une star », quand on fait de la télé, il ne faut pas en oublier le côté gentil. Voyez pour Hanouna, les gens sont fous de cette émission parce que c’est adorable, ce n’est pas de la méchanceté pour dire de la méchanceté. Même si ils disent quelque chose d’un peu vachard ça va être tourné à la dérision ou adouci par un autre. Quand c’est méchant pour être méchant, ça ne dure jamais bien longtemps.

« Quand vous voyez que Michel Drucker va faire un one-man show, c’est grave quand même ! »

Coulissesmédias : Pensez-vous qu’avec la montée en puissance d’internet, il est maintenant plus facile de se faire connaître en tant que comédien ?

 Crédit photos : John Shaft.

Crédit photos : John Shaft.

Muriel Montossey : Je pense que c’est plus difficile maintenant contrairement à ce qu’on pourrait penser parce qu’il y en a beaucoup plus. Les gens mélangent un peu humour et télé-réalité. En fait, ils veulent passer à la télé. Maintenant, s’ils savent chanter, on leur demandera de chanter, s’ils savent jouer la comédie, on le leur demandera. Quand vous voyez que Michel Drucker va faire un one-man show, c’est grave quand même ! Comme il y en a tellement, pour sortir du lot, c’est un peu dur et la télé, c’est encore la boîte magique dans la maison que tout le monde regarde, l’ordinateur, c’est personnel, les gens regardent le web sur leurs ordinateurs mais c’est perso. C’est rare qu’on se mette à cinq ou six pour regarder un truc. La télé, c’est encore un peu à plusieurs, on parle, on mange des cacahuètes, on donne son avis. Moi, je crois encore plus à la télé qu’au web. Peut-être que ça changera mais pour l’instant, pas encore. Sur le web, les gens ils cliquent sur « j’aime », ils n’ont même pas regardé. La télé, on la regarde plus, je crois d’ailleurs que la télé a encore une longue vie. La force de la télé, contrairement à l’ordinateur qui est petit, s’agrandit de plus en plus. Avant on avait des petites télés, maintenant tout le monde a des grands écrans.

Coulissesmédias : La radio vous tente ?

Muriel Montossey : Oui, j’ai fait beaucoup de voix pour des doublages, des voix-off. J’ai une voix très personnelle, qu’on reconnaît tout le temps. J’aimerais bien faire une émission comme Pierre Bellemare, raconter des histoires. J’aimerais beaucoup raconter des histoires à la radio. J’ai déjà fait une émission de radio mais c’était une radio un petit peu « Radio Méditerranée », une branche de Radio France et j’étais voyante. Vous savez, quand vous avez le vent en poupe on vous demande de tout faire, j’ai même fait voyante et ça marchait très très bien en plus. Je ne connaissais rien aux carte mais j’ai bien aimé.

« Je pars en tournée avec Jean Sarrus. »

Coulissesmédias : Vous avez des projets pour l’après « Œdipe à la folie » ?

Muriel Montossey : Je pars en tournée avec Jean Sarrus qui était dans Les Charlots, le petit moustachu très rigolo, il va faire mon mari à partir du mois de septembre.

Coulissesmédias : Et d’ici là, à quoi ressemblera votre été ?

Muriel Montossey : Juillet, je suis bookée à Avignon et je vais vous étonner mais au mois d’août je vais à Lourdes pour le 15 août. Je fais partie d’un groupe de prières « Les médias et la religion » et donc, on part à Lourdes, avec des gens de TF1 notamment.
Propos recueillis par Antoine Rogissard
Avec Mickaël Roix.