Marc Toesca : « Je me rends compte vraiment aujourd’hui de ce que représente le Top 50 »

Avis aux fans, le « Top 50 » revient ! Non, l’émission ne va pas revenir sur la chaîne cryptée mais elle part dès le 25 février en tournée à travers toute la France. « Top 50 – Partez en live » ce sont des groupes et chanteurs qui ont marqué la musique des années 80 et 90, un groupe en live, des extraits, des clips, des anecdotes et… Marc Toesca. Pour vous, Coulissesmedias est allé à la rencontre du présentateur emblématique du « Top 50 ». Entre ses premières impressions sur la tournée, ses souvenirs des 80’s, sa relation avec les médias et sa vision du monde musical actuel, l’animateur se dévoile… juste avant de partir sur les routes de France.

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Coulissesmedias : Dès le 25 février, le spectacle « Top 50 – Partez en live », dont vous assurez la présentation, part en tournée. Comment est née cette idée ? Quel a été le déclic ?
Marc Toesca : Je n’en suis pas responsable (rires). L’idée est venue de gens qui ont grandi avec le « Top 50 », des ados de l’époque qui m’ont demandé de raconter l’histoire de l’émission entre 84 et 92 et aussi de raconter mes années 80. Ils ont envie de ce rendez-vous qu’on se fixe le 25 février, qui va nous permettre de retourner en adolescence.

Coulissesmedias : L’idée vous a tout de suite séduit ?
Marc Toesca : C’est séduisant, oui, mais je voulais voir à quoi pouvait ressembler le spectacle parce que ce n’est pas évident. Ce n’est pas un concert avec une succession d’artistes des années 80 qui vont chanter. Il y a une histoire, il y a un écran géant, il y a une interaction entre les images sur écran géant, les extraits de clips, les images d’archives et ce que, moi, je raconte de l’époque, et puis des artistes qui seront en live. Il y aura aussi un groupe en live qui soutiendra les artistes et les karaokés avec le public.

« On est tous là un peu pour rigoler de nous-mêmes »

Coulissesmedias : C’est ce qui va permettre à cette tournée de sortir du lot ?
Marc Toesca : Oui, je pense que c’est vraiment un spectacle à part. Les années 80 et le « Top 50 » sont très liés à l’image. En France, c’est le début du clip, on en diffusait très peu à la télé et on en était à un point où, pour le premier « Top 50 », le 4 novembre 1984, sur tous les artistes français, il n’y en avait que quatre qui avaient un clip scénarisé. Le reste, c’était des images qu’on avait récupérées sur les tournages d’émissions de télé de Michel Drucker, de Denisot ou autre. On se débrouillait pour avoir des images mais on n’avait pas la culture du clip. Aujourd’hui, lorsqu’on se replonge trente ans en arrière, c’est la puissance du clip, vous entendez une chanson et forcément il y a des images qui viennent dans la tête. Ce spectacle, c’est ça. C’est la chanson, l’image, l’ambiance de l’époque. Et puis, on est tous là un peu pour rigoler de nous-mêmes, de ce qu’on écoutait il y a 25 ou 30 ans, comment on s’habillait, pourquoi on était fan de Madonna ou de Peter et Sloane. L’idée est là, c’est une forme d’autodérision.

Coulissesmedias : Il y aura des extraits de l’émission ?
Marc Toesca : Alors, je sais que la production a retrouvé quelques extraits de l’émission, je crains le pire (rires). Il y a un truc qui est drôle, c’est qu’ils ont trouvé bien sûr le tout premier « Top 50 » dans lequel j’avais un pull à vomir et je l’ai retrouvé dans mes cartons. C’est un scoop (rires) !

Coulissesmedias : Vous allez le porter ?
Marc Toesca : Il faut voir si je rentre dedans mais normalement oui. Je ne dis pas qu’il est immonde mais c’est préhistorique.

Coulissesmedias : Comment vous sentez-vous à l’approche du début de la tournée ?
Marc Toesca : Excité. Maintenant, il me tarde que ça commence parce que c’est génial de pouvoir faire ça. Monter sur une scène du Zénith, être face à 5 ou 6 000 spectateurs et à la fois raconter une histoire, présenter des groupes. En plus, ce sont des retrouvailles avec les Négresses Vertes, les Pow Wow, Les Avions, Zouk Machine. Ce sont des gens que j’ai perdu de vue depuis 20 ans et là, on va se retrouver en live, c’est drôle comme tout. On est tous surexcités de faire ça, c’est une chance et une expérience unique.

« Tout est revenu instantanément »

Attachment-1Coulissesmedias : Vous êtes un peu le Google du « Top 50 », vous avez refait vos fiches pour la tournée ?
Marc Toesca : Ou le Wikipedia (rires). Je n’ai pas refait mes fiches mais tout est revenu instantanément. Pourtant, c’est une période que j’ai un peu oublié puisque j’ai fait d’autres choses après mais il y a des petits trucs qui sont revenus instantanément. J’ai réécouté Alphaville, « Forever Young », j’ai plein de souvenirs qui remontent. Ce qui est le plus bizarre dans l’histoire c’est que j’ai laissé le top en 91 et j’ai laissé des adolescents que je retrouve adultes aujourd’hui. C’est ce rapport qui est assez hallucinant : à l’époque des débuts de Canal, on n’a pas été élevés dans le culte de la personnalité, de la vedette. Là, aujourd’hui, me retrouver face à des gens qui me disent « Vous étiez toute mon adolescence », c’est vachement touchant.

Coulissesmedias : Vous êtes incollable au blind test ?
Marc Toesca : Je ne sais pas mais le « Top 50 », c’était quand même 50 titres classés toutes les semaines, c’était 50 albums, 6 à 8 nouveautés par semaine donc il y a peut-être des trucs que j’ai un peu oublié. Mais, on peut toujours essayer (rires).

Coulissesmedias : Comment ont été sélectionnés les artistes qui vont vous accompagner sur la tournée ?
Marc Toesca : L’idée de la tournée c’est de représenter les musiques qui ont été présentes dans les années 80. Dès qu’on parle de musique des années 80 et de « Top 50 », on pense aux gros hits bien à paillettes qui ont été numéro 1. Le « Top 50 », c’est bien plus que ça, c’est les Cure à « Champs Elysées » à 20h50 chez Michel Drucker. Robert Smith qui arrive en baskets défaites, coiffé comme d’habitude et en tablier de soubrette espagnole, maquillé comme une voiture volée à 20h50 sur la télévision française en 86, c’était impensable deux ans avant. Le « Top 50 » c’est cette force-là, des musiques qui semblaient destinées à un public restreint et qui, tout à coup, deviennent très populaires. On a voulu représenter tous ces styles musicaux avec, en live, Alphaville, qui est pour moi le groupe symbole du pop synthé des années 80, il y en a eu d’autres mais Alphaville, ça a vraiment été un groupe qui a occupé le terrain pendant un bout de temps. Zouk Machine pour se souvenir un petit peu de la période zouk et Caraïbes de la fin des années 80. Il y aura le groupe Pow Wow qui a été quand même le premier groupe vocal numéro 1 d’un hit-parade ou d’un top avec « Le Chat », c’était en 92. On a voulu faire un clin d’œil aussi au rock indépendant et bien déluré avec Stéphane Mellino des Négresses Vertes, qui faisait partie du mouvement avec les Pigalle, les Garçons Bouchers et toute la bande. Et puis, les tubes que j’appelle flashy et paillettes des années 80, comme « La Ouate » de Caroline Loeb et « La Nuit est chaude » des Avions. On a voulu que toutes ces musiques soient représentées sur le live et il y a aussi la présence de l’écran géant et des extraits de clips. Toute la bande originale des années 80 sera présente.

« C’est un rendez-vous qu’on s’est tous fixés il y a 25 ans »

Coulissesmedias : La plupart des vedettes de la tournée sont restées assez discrètes ces dernières années. Comment appréhendent-elles le show ?
Marc Toesca : Ce sont des gens qui, malgré tout, ont beaucoup tourné et qui existent. Ils ne tournent plus en bus et ils ne font plus le tour du monde comme ils ont pu le faire à l’époque mais Stéphane Mellino gratte toujours la guitare et chante toujours même si c’est dans des salles plus petites. Alphaville et les Zouk Machine existent toujours. On est surtout tous excités de se retrouver dans un Zénith mais il n’y a pas cette crainte face au public parce qu’on a tous l’impression de faire des retrouvailles. Le public de la tournée, c’est des ex-ados qui nous regardaient quand ils avaient 14-15 ans et pour qui on était des stars. J’ai l’impression que c’est un rendez-vous qu’on s’est tous fixés il y a 25 ans quand j’ai arrêté le « Top 50 ».

Coulissesmedias : L’image de marque du « Top 50 » vous surprend toujours ?
Marc Toesca : C’est quand même assez étonnant. On me demande toujours « Comment vous expliquez ça ? », je n’en sais rien mais c’est vrai que l’époque était quand même beaucoup plus délurée, beaucoup plus libre, attachante. Mais, je pense surtout que le public a besoin d’un retour en adolescence. Les gens qui m’abordent dans la rue pour me parler du « Top 50 », ils me parlent d’abord d’eux-mêmes, de ce qu’ils ont été, de ce qu’ils ont ressenti, de ce qu’ils ont aimé et c’est peut-être ces retrouvailles-là qui sont le plus importantes.

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Coulissesmedias : Le « Top 50 », ça n’a pas été qu’une émission. Il y a eu notamment un magazine et d’autres choses à côté qui ont pu aider à le populariser ?
Marc Toesca : Oui, ça a été une énorme machine. Ça a été le magazine hebdomadaire, ça a été une émission de radio, ça a été une émission de télé. J’ai vécu ça à fond pendant près de sept ans et le jour où j’ai décidé d’arrêter, j’ai mis tout ça de côté et j’ai essayé d’oublier. Même dans la tête des gens, c’est tellement important que Toesca ne pouvait être qu’un présentateur de « Top 50 ». Ça a été un truc énorme mais, moi, comme je n’ai pas été élevé avec Canal +, le côté du « + », ce côté succès, carton, je l’ai un peu zappé. Je me rends compte vraiment aujourd’hui de ce que représente le « Top 50 » aux yeux des gens.

Coulissesmedias : Vous pouvez nous confirmer que ce sera 100% live, 0% play-back ?
Marc Toesca : Oui ce sera 100% live, il y a un groupe qui sera là et les gens vont chanter. Pour ce qui est du live parce qu’après, les clips, ce seront des clips (rires). Et aussi, il y a un concours tous les soirs. Les villes dans lesquelles on passe vont élire leurs chansons numéro 1 du « Top 50 » et il y a des candidats qui se présentent sur le site du « Top 50 – Partez en live ». Le gagnant viendra chanter en live avec le groupe le tube numéro 1 du « Top 50 ». Je peux déjà vous dire qu’à Rouen, ce sera « Trois nuits par semaine » d’Indochine mais je n’ai pas encore le nom du gagnant, je m’attends au pire (rires).

« J’avais besoin d’enterrer toute l’histoire »

Coulissesmedias : Quand vous avez arrêté le « Top 50 », vous vous imaginiez replonger dedans ?
Marc Toesca : Non, pas du tout. Pas du tout mais alors, pas du tout. Je pensais vraiment que c’était quelque chose qui était derrière moi. J’avais besoin d’enterrer toute l’histoire pour passer à autre chose, ce qui est un peu normal. Et que ces chansons, trente ans après, ressortent comme elles ressortent, que ce soit la musique ou les images, je pense que c’est exceptionnel. On a la chance de vivre quelque chose de vraiment exceptionnel.

Coulissesmedias : L’émission marchait pourtant très bien quand vous avez passé le relais à Cécile Tesseyre puis à Yvan Le Bolloc’h et Bruno Solo. Vous n’avez absolument pas regretté ce choix ?
Marc Toesca : Pour moi, c’était indispensable d’arrêter. Quand j’en ai parlé aux patrons de Canal de l’époque, Lescure et De Greef, ils m’ont dit « Mais pourquoi tu arrêtes ? Ça marche. ». Je leur ai dit « Je préfère arrêter parce que ça marche. » mais de toute façon, j’étais arrivé au bout d’un cycle. J’ai commencé la radio en créant une radio pirate avec des copains, ensuite j’ai bossé sur des radios FM puis des grosses radios et la télé, c’est venu avec Canal +. J’ai toujours été élevé et j’ai grandi dans cette liberté-là. La musique des années 80 et le « Top 50 », c’était le reflet de ce que diffusaient toutes les radios FM et quand j’ai arrêté, au tournant de la décennie 90, c’est l’époque où les gros réseaux se sont constitués et les petites radios FM ont commencé à disparaître. On avait une musique beaucoup plus standardisé déjà à l’époque donc moi, je me suis arrêté à ce moment-là. Le courant de musique que j’ai soutenu était terminé. Il fallait que j’arrête.

Coulissesmedias : Il y avait une certaine fatigue aussi de votre côté ?
Marc Toesca : Six émissions par semaine, ça use malgré tout. Le public était un public adolescent et je commençais à me sentir vieux aussi. Je me sentais un peu décalé par rapport au public.

Coulissesmedias : Pour en revenir à Canal +, vous disiez en novembre dernier au Figaro que vous n’aviez pas fait de télé, vous aviez fait Canal +. C’est-à-dire ?
Marc Toesca : Je pense que c’est l’impression qu’on a tous eu à l’époque. On n’avait pas les audiences affichées tous les jours dans l’ascenseur par exemple, ce qui était important, c’était le taux de satisfaction de l’abonné. On était noté de 5 à 8 donc, on n’était pas du tout dans la course à l’audimat. Et puis, c’était artisanal ! Le « Top 50 », au départ, c’était très artisanal, on n’avait pas un budget de 600 millions de dollars pour faire l’émission. On était une petite équipe, on travaillait tous ensemble, les portes étaient ouvertes, il y avait de la musique constamment dans les couloirs, ça rigolait, ça parlait, ça tchatchait et en plus ça cartonnait (rires). Il y avait cette liberté qu’on a peut-être perdue aujourd’hui.

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Coulissesmedias : C’était vraiment un monde à part, Canal + à l’époque ?
Marc Toesca : C’était un monde complètement à part oui. Complètement à part.

Coulissesmedias : Comme a pu l’être celui de la musique dans les années 80 ?
Marc Toesca : Je crois que c’était toute la création des années 80 qui était comme ça. Même le cinéma ou le théâtre, il y avait pleins de choses qui étaient tentées, expérimentées. A l’époque, vous arriviez avec une idée, généralement on vous disait « ben on va essayer, on va tenter le truc et on verra ». Aujourd’hui, si le lendemain vous n’avez pas fait 50% de parts de marché, on gicle tout. Avant, on laissait peut-être le temps aux choses de s’installer, ce qui n’est plus possible aujourd’hui. Prenez la musique, les gens qui occupent le terrain sont essentiellement des gens qui sortent de « The Voice », de « Nouvelle Star » … Il n’y a plus la remontée des gens qui galèrent dans les petites salles, on a des produits qui sont bien proportionnés et calibrés avant.

Coulissesmedias : Concernant la tournée, la date du 9 avril au Zénith de Paris s’annonce comme le point d’orgue de la tournée. C’est une date marquée d’une croix rouge sur votre calendrier ?
Marc Toesca : Sincèrement, j’ai coché toutes les dates. Toutes sont importantes mais, c’est vrai que Paris ça va être particulier parce qu’il y aura les copains qui seront là (rires). Il y aura plus de gens connus dans la salle mais je pense que toutes les dates vont être hyper importantes et je pense que toutes les dates vont être différentes. Chaque soir va être un soir totalement différent.

« C’est un vrai show »

Coulissesmedias : La tournée débute alors que « Stars 80 » cartonne toujours. C’est un pari risqué ?
Marc Toesca : Non car on n’est pas du tout sur le même créneau, mis à part la référence aux années 80. On est plus dans un spectacle qui raconte une histoire et dans un spectacle interactif avec le public. Un spectacle avec des images, avec un écran géant, avec un groupe en live sur scène. Ce n’est pas uniquement un spectacle avec des groupes ou des chanteurs qui vont se succéder et moi je ne suis pas là juste pour présenter un tel ou un tel. La différence elle est là, c’est un vrai show.

Crédit: Vente privée

Crédit: Vente privée

Coulissesmedias : Mais vous ne craignez pas un ras-le-bol des spectateurs vis-à-vis des tournées nostalgiques ?
Marc Toesca : On va voir. Pour l’instant, l’accueil est plutôt positif et les gens que je rencontre sur les plateaux télés ou les journalistes dans les salles de rédaction sont tous heureux du projet et sont curieux de venir voir. Je pense que le public aussi. Après, c’est une fête, le « Top 50 – Partez en live », tout est dans le titre, ça va être une méga boum chaque soir donc on part dans cette optique-là.

Coulissesmedias : Vous vous lancez dans le spectacle vivant et on vous retrouve tous les jours à la radio. Mais la télévision, plus jamais ?
Marc Toesca : Ce n’est pas « plus jamais ». Je suis ravi d’aller sur les plateaux télé, de dire des bêtises, de rencontrer des gens et de passer un moment dans une émission. De là à reconstruire une émission, je ne sais pas. Je ne me pose pas la question. Pour l’instant, je ne suis pas dedans et ce n’est pas une priorité. J’ai fait plein de choses après le « Top 50 », j’ai monté une boîte de prod, j’ai fait des émissions de sports extrêmes, j’ai bossé deux ans avec Florence Arthaud, j’ai fait des documentaires mais c’est vrai que, depuis un certain temps, ce n’est pas une priorité et je n’y pense même pas.

Coulissesmedias : Vous êtes avant tout un homme de radio ?
Marc Toesca : J’aime la radio. C’est plus facile à faire et surtout, aujourd’hui, j’ai juste d’autres envies. Mais bon, demain, on peut me proposer une idée géniale en télé que je ne refuserai pas. La télé, c’est à l’envie, comme la radio d’ailleurs. Il faut avoir envie, on ne fait pas les choses à reculons et puis on ne fait pas de la télé pour faire de la télé, il faut apporter quelque chose. Si on me propose un projet qui m’amuse, qui m’intéresse, c’est sûr que je fonce, je ne dirais pas non mais, moi-même, je ne suis pas en train de plancher sur un projet télé.

« Je venais de faire mon émission fantasme »

Coulissesmedias : Quand vous avez quitté Europe 1, cela a été un moment compliqué pour vous ?
Marc Toesca : Non, pas du tout parce que, quand j’ai quitté Europe 1, la radio changeait et je venais de faire mon émission fantasme (sic), l’émission que je voulais faire à tout prix, qui s’appelait le « Top Live ». Tous les jours entre 20h et 22h, on recevait des gens en live et c’était sans filet parce qu’on avait tous les soirs du public. On a eu jusqu’à 300 personnes dans un studio de radio et on a reçu je pense tout le gratin de la musique des années 90, d’Oasis en passant par Stéphane Eicher, Lavilliers… tous les gens qui ont comptés dans ces années-là. C’était à 150% en live et pour moi, c’était l’émission de radio que je voulais faire un jour. On a fait ça deux ans, on a tous fini épuisés et puis, il fallait passer à autre chose encore. Aujourd’hui, je fais la chronique « Pop Story » sur France Bleu qui est diffusée en national tous les soirs à 19h35. Comme je suis un enfant de la radio, je raconte mon histoire des hit-parades, des tops et des charts en Angleterre, aux Etats-Unis et en France.

Coulissesmedias : Pour l’occasion, vous retrouvez plusieurs tubes qui ont eu leur heure de gloire dans le « Top 50 » ?
Marc Toesca : Bien sûr parce que le « Top 50 », ça reste quand même la référence de ventes de disques en France. Avant ça, c’était des hit-parades, des sortes de combines entre maisons de disques, éditeurs et producteurs qui s’arrangeaient avec les radios pour avoir X nombre de diffusions aux heures de grandes écoutes et puis un classement dans les hit-parades. Le « Top 50 » c’était le vrai classement des ventes, donc une autre dimension, un autre univers.

« Le métier de la musique va droit dans le mur »

Coulissesmedias : Depuis Canal +, le « Top 50 » a pas mal voyagé et il se retrouve aujourd’hui sur MCM. Mais l’émission peut-elle encore vraiment exister en 2016 ?
Marc Toesca : Oui bien sûr, le « Top 50 » est quand même fait par le SNEP (Syndicat National de l’édition Phonographique, ndlr) et les gens de maisons de disques qui surveillent donc on ne peut pas trop bidonner. Aujourd’hui, je ne sais pas comment cela fonctionne entre le streaming, le téléchargement, les disques physiques et les clips sur YouTube ou Dailymotion. Je ne sais pas comment se passe le comptage des titres mais je pense qu’avoir une référence de vente et de ce que les gens écoutent, c’est utile. Après, ce qui est plus discutable, c’est le développement des jeunes artistes où je crois que le métier de la musique va droit dans le mur. Le développement des jeunes artistes aujourd’hui, c’est un vrai casse-tête parce que, pour moi, les gros médias ne jouent plus le jeu comme ils le faisaient il y a trente ans._DSC6195

Coulissesmedias : Il vous est arrivé de regarder des émissions du « Top 50 » sur MCM ?
Marc Toesca : Non, je continue à suivre les classements mais je ne regarde plus l’émission.

Coulissesmedias : Dans votre playlist, actuellement, qu’y a-t-il ?
Marc Toesca : Je vais beaucoup piocher sur internet et je vais aussi dans des petites salles écouter des jeunes groupes ou chanteurs. Je pense que ce qui est intéressant, c’est de voir comment les nouvelles générations ont pu digérer ce que j’ai aimé moi. Ecouter aujourd’hui un mec qui joue et chante comme Prince ou Bowie, je m’en fous. Donc, en ce moment, j’écoute un jeune groupe qui s’appelle Bagarre, que j’ai découvert il n’y a pas longtemps et un autre groupe, Paradis. Sur internet, je suis tombé aussi sur un groupe de rock de jeunes mecs de 20-21 ans qui s’appelle Miss America Band et ces gamins je voulais savoir qui ils étaient parce que je les trouve hyper intéressants. Les guitaristes ont digéré le rock des Ramones, aux Clash en passant par Greenday et les SexPistols et c’est hallucinant de voir la culture musicale, j’ai envie de dire de ces gamins mais non, de cette génération-là. C’est une chance inouïe d’avoir accès à toutes ces archives grâce à internet pour les gens qui s’intéressent à la musique.

Coulissesmedias : Cela vous plairait d’avoir une émission, radio ou télé, qui puisse permettre à des jeunes de se faire connaître ?
Marc Toesca : Si je dois faire ça, je le ferais sur ni à la radio, ni à la télévision mais sur internet. C’est un truc que je ferais volontiers et ce n’est pas impossible qu’un de ces quatre on s’y lance avec des potes. Je pense que ce genre d’esprit-là, de ce qui se passe sur internet, c’est ce qui se passait il y a trente ans sur les radios FM et les premières radios libres et pirates. Je retrouve aujourd’hui sur internet ce que j’ai connu quand j’ai fait ma radio pirate.

« On avait trente ans de retard sur tout le monde »

Coulissesmedias : Dernière question, vous allez envoyer un carton d’invitation à Philippe Gildas, Yann Hegann et Albert Emsallem ?
Marc Toesca : Je pense que les cartons sont partis oui. Philippe Gildas, c’est notre père spirituel, c’est le créateur. C’est lui qui a réussi à imposer aux syndicats d’édition phonographique l’idée du « Top 50 » dont personne ne voulait à l’origine parce qu’on a quand même été très secrets sur les ventes de disques. Ce qui a mis la puce à l’oreille à Philippe Gildas, qui était patron d’Europe 1, c’est que tout le monde disait « C’est mon artiste qui vend le plus de disques ». Ce qu’il faut savoir, c’est que le « Top 50 », il existe en Angleterre depuis 1958 et aux Etats-Unis depuis 1953 donc, on avait trente ans de retard sur tout le monde. En tout cas, j’espère qu’ils seront là.

Propos recueillis par Antoine Rogissard
Avec Mickaël ROIX.
Photos : Matthieu Munoz/DR.