Judith Soula : « L’équipe de France de rugby peut aller loin »

Première femme à signer son arrivée sur les bords des terrains, Judith Soula s’apprête à vivre sa première Coupe du Monde de rugby à la radio. Coulissesmedias.com a rencontré pour vous une femme, et fan, passionnée qui a su se faire une place au milieu des hommes.

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Coulissesmédias : Vous vous apprêtez à vivre votre première Coupe du Monde de rugby sur Sud Radio. Que ressentez-vous ?

Judith Soula : C’est ma première Coupe du Monde sur Sud Radio mais ma cinquième aux commentaires. J’ai eu la chance de participer à celle de 1999 et 2003 pour Canal, 2007 pour TF1 et 2011 pour l’Equipe TV, donc là effectivement c’est ma première pour Sud Radio.

 

« On est beaucoup plus dans le show »

 

Coulissesmédias : Cette fois, c’est à la radio que ça se passe. Qu’est-ce qui différencie ces deux médias en terme de journalisme sportif ?

Judith Soula : Il faut tout le temps parler en radio (rires), il n’y a jamais de temps mort. Je dirais le rythme de la voix.  À la télévision, on a un temps de respiration qui est l’image mais là, il faut vraiment tout commenter. Je précise que je ne commente pas les matchs, je fais vraiment ce qu’on appelle l’enrobage, la présentation, mais même pour une cérémonie d’ouverture, je pense que ce ne sera pas la même chose qu’en télé. Je m’apprête à devoir parler sans arrêt, à décrire tout ce qu’on voit. C’est un autre rythme, c’est complètement différent, on est beaucoup plus dans le show aussi, il faut faire passer l’émotion alors qu’à la télévision on renvoie à une image donc on peut avoir des expressions. En radio, il faut que tout passe par la voix, ce qui est beaucoup plus compliqué.

 

« Je n’ai jamais senti ni un côté macho, ni un côté viril »

 

Coulissesmédias : Vous allez être la femme forte de Sud Radio pour cette Coupe du Monde. C’est important, dans un sport qu’on peut qualifier de « viril », d’avoir une touche féminine, qui plus est au commande ?

Judith Soula : Ça a été le cas pour moi depuis toujours. J’ai été vraiment la première sur les terrains de rugby, Michel Denisot m’avait donné cette chance-là en 99 donc je pense avoir essuyé les plâtres déjà en ayant fait beaucoup de terrain à l’époque puisque je faisais les présentations. Ce que fait Isabelle (Ithurburu, ndlr) aujourd’hui, je le faisais en 99 donc le milieu était moins ouvert peut-être mais je n’ai jamais senti ni un côté macho, ni un côté viril, je ne me suis jamais pas sentie à ma place. Je pense qu’aujourd’hu,i on est journaliste avant tout, après c’est important d’avoir des voix féminines, ça donne une autre saveur et ça apporte un petit plus. On a peut-être une sensibilité un peu différente d’un journaliste masculin mais, on fait le même métier, il n’y a pas trop de différence à faire et je me bats là-dessus. Et puis,  c’est sympa d’avoir une voix féminine à côté d’une bande !

 

Coulissesmédias : Vous parlez de bande, pouvez-vous nous présenter celle qui va vous accompagner ?

Judith Soula : Il y aura Daniel Herrerro qui est le consultant emblématique de Sud Radio et qui a déjà partagé l’aventure avec la radio pendant près de dix ans. Ça s’est arrêté parce que Sud Radio était en train de mourir, avant d’être relancée par Fiducial il y a deux ans et je suis ravie qu’il revienne dans la maison en fin de compte parce que pour moi c’est « la voix du rugby ». Je me rappelle, on coupait le son du poste pour entendre les commentaires de Daniel sur les matchs de l’équipe de France. Pour moi, c’est un poète, c’est la voix, c’est Daniel. Il a quelque chose que les autres n’ont pas pour faire vivre un match. Je suis ravie d’être à ses côtés. On a complété l’équipe avec Yann Delaigue et Aubin Hueber  parce qu’ils étaient consultants chez nous depuis un an et-demi. C’est marrant parce que ça fait une team de Toulonnais mais effectivement ce sont des anciens internationaux, ils ont vécu une Coupe du Monde donc ils savent exactement de quoi on parle même si en 95, c’était les débuts du professionnalisme. Un autre temps, une autre époque mais comme ils sont toujours restés en contact du milieu, que ce soit Aubin en tant qu’entraîneur, Yann en tant que consultant pour Canal. Aujourd’hui, pour nous, ils ne se sont pas déconnectés et ils sont proches des joueurs actuels. Je pense qu’ils vont pouvoir apporter à la fois leur analyse mais aussi leur passion, leur générosité parce que je pense que leur point commun c’est leur générosité. Ensuite, il y aura David Gérard, ancien international aussi qui a joué au Stade Toulousain et qui surtout avait joué en Angleterre, à Northampton, donc qui connaît bien le championnat anglais. Je pense qu’il pourra bien nous éclairer sur l’équipe d’Angleterre et les équipes anglo-saxonnes. Par contre, lui ne sera pas sur place à Londres, il sera en studio à Toulouse mais il nous éclairera beaucoup sur les équipes anglo-saxonnes.

 

« Canal + a fait énormément pour le rugby »

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Coulissesmédias : Ce sera seulement la 8e édition de la Coupe du Monde. Comment expliquez-vous la popularité et la médiatisation du rugby, passé au professionnalisme il y a peu, par rapport à d’autres sports ?

Judith Soula : Cela fait vingt ans que le rugby est professionnel, c’était en 1995 et effectivement ce n’est que la 8e édition mais il faut rappeler que la Coupe du Monde a lieu tous les quatre ans contrairement à d’autres sports où c’est tous les deux ans. Le rugby est devenu populaire et a gagné sa place de deuxième sport derrière le football parce qu’il y a eu une très belle médiatisation télé. Canal + a fait énormément pour le rugby, aujourd’hui BeIn Sports s’est aussi lancée dans la bataille donc je pense que la médiatisation de ce sport a fait qu’aujourd’hui il a doublé le basket et il a doublé le hand, qui est pourtant le sport collectif le plus titré. Le rugby est devant parce qu’en plus il véhicule des valeurs qui sont l’amitié, le courage, la fraternité et ce sont des valeurs auxquelles les gens  veulent se rapprocher. Le rugby c’est ça avant tout, c’est une famille, c’est un sport traditionnel donc je pense que c’est aussi ce qui a fait qu’il est devenu aussi populaire et pourtant on souffre aujourd’hui en France d’un manque de stars. Depuis Sébastien Chaba,l on n’a pas de star dans cette équipe de France, on a aussi Frédéric Michalak. Ce sont d’ailleurs les plus souvent cités.

 

Coulissesmédias : L’équipe de France a les moyens, quand même, d’aller loin ?

Judith Soula : j’y crois parce que de toute façon, à chaque Coupe du Monde, elle déjoue tous les pronostics donc, j’ai envie de dire qu’elle peut aller loin parce qu’elle est imprévisible. Elle a eu deux mois de préparation et je pense qu’il ne faut pas se fier aux quatre ans qu’on vient de vivre. Il faudra passer le quart de finale parce que ce sera soit les Blacks, soit les Argentins mais après pourquoi pas ?

 

Coulissesmédias : Jusqu’à la victoire ?

Judith Soula : On est capable. Rappelez-vous, en 2011 on devait gagner ce match, on a fait une Coupe du Monde pas terrible, on a perdu deux matchs de poules, ce qui n’était jamais arrivé, on est arrivé en finale et on est passé à rien de battre les Blacks puisqu’on a perdu d’un point, 8 à 7. Après, ça reste l’équipe de France, on est imprévisible. Impossible n’est pas Français on m’a souvent répété donc je me dis oui, pourquoi pas.

 

« 37 matchs en direct et en intégralité »

 

Coulissesmédias : Pour cette Coupe du Monde, Sud Radio a prévu un gros dispositif qui commence dès le 14 septembre ?

Judith Soula : Du 14 septembre jusqu’au 31 octobre, nous serons en direct de Londres. Il y aura des points quotidiens dès qu’il se passera quelque chose, un journal de la Coupe du Monde tous les soirs de 19h30 à 20h. Et un dispositif spécial chaque jour de match, on prend l’antenne une heure et-demi avant, on le débriefe derrière et à la mi-temps on reste sur place, avec au total 37 matchs en direct et en intégralité.

 

Coulissesmédias : Et une grosse journée prévue pour l’ouverture de la Coupe du Monde ?

Judith Soula : Ce sera le 18 septembre puisqu’on commencera à 7h45 dans la matinale. Je serai déjà en direct de Londres avec Daniel Herrerro et on vous fera vivre toute la journée avec différents points horaires, midi et 18h, puis ensuite évidemment 19h, la Cérémonie d’Ouverture avec pleins de reportages sur la semaine des Bleus puisqu’ils sont là depuis le 12 septembre. On évoquera aussi la semaine des Anglais, la semaine des Blacks et il y aura un documentaire aussi sur la première édition de 87, préparé par Alexandre Mognol, avec tous les témoignages des joueurs de l’époque, dont Serge Blanco, qui nous referont vivre cette Coupe du Monde à l’autre bout du monde avec le sacre des All Blacks.

 

Coulissesmédias : C’est toujours une émotion particulière de présenter une Coupe du Monde ?

Judith Soula : Pour une Coupe du Monde, les joueurs sont quatre mois ensemble, nous les journalistes et consultants,  on est deux mois ensemble. Donc, pour nous aussi c’est une vraie aventure humaine. Là, Londres c’est différent parce qu’on est proche mais quand on était en Nouvelle-Zélande, on était coupés du monde, on vivait en décalage, c’est vraiment un événement à part.

 

Coulissesmédias : Après la Coupe du Monde, ce sera la reprise du Top 14 sur les ondes de Sud Radio, ce sera également le cas de la Pro D2 ?

Judith Soula : Concernant le Top 14, il y aura tous les matchs en direct et en intégralité, multiplex compris et débriefing tous les week-ends. Sur la Pro D2, on n’a pas encore décidé si on retransmettait des matchs ou pas. En revanche, il y a le débriefing tous les dimanches dans l’émission « Sud Radio Sports », de 15h à 19h. Ensuite, toute l’année, l’émission en quotidienne de 19h à 20h, l’équipe de France est suivie, avec notamment le Tournoi des 6 Nations évidemment, et tous les matchs de Coupe d’Europe des équipes françaises.

 

« Les J.O, j’espère y être »

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Coulissesmédias : La quotidienne laissera également place aux autres sports ?

Judith Soula : C’est pour ça qu’on a changé le nom de « Rugby et Cie » en « Sud Radio Sports » parce que l’émission sera multisports. On aura tous les mercredis, un débat foot, tous les jeudis, le journal du tennis d’une demi-heure, donc ça on est une des rares radios à le faire et le mardi moi je ferai un entretien « confidences » avec une star. Et puis, le lundi et le vendredi, on fera le débriefing ou l’annonce des temps-forts du week-end et on parlera foot, basket, rugby et même tous les autres sports parce qu’il ne faut pas oublier qu’on va être dans une année de jeux olympiques et qu’on va s’intéresser à tous les sports olympiques.

 

Coulissesmédias : Sud Radio sera aux Jeux Olympiques ?

Judith Soula : J’espère, j’espère y être.

 

Coulissesmédias : D’autant plus avec l’arrivée du rugby à VII au programme ?

Judith Soula : Pour cette raison, je pense qu’on y sera. On n’aura pas un dispositif de cette envergure mais on partira peut-être à deux envoyés spéciaux pour les Jeux. Je pense qu’on y sera !

 

Coulissesmédias : Vous avez envie de découvrir le Brésil ?

Judith Soula : J’ai envie de découvrir le Brésil parce qu’effectivement je n’avais pas fait la Coupe du Monde de foot. J’y suis allée en vacances mais c’est vrai que les Jeux Olympiques, j’en ai fait trois déjà, dont les derniers à Londres en 2012, c’est un événement plus condensé, seulement quinze jours mais intenses. Intenses en termes d’émotions parce que je pense que les Olympiades, c’est encore autre chose pour les sportifs.

 

« Quand on vieillit, c’est bien la radio »

 

Coulissesmédias : Vous êtes maintenant bien installée en radio, vous vous voyez un jour revenir en télévision, votre premier amour ?

Judith Soula : Non. Pour le moment je suis à fond dans mon aventure Sud Radio et je ne pense pas à autre chose. Pour l’instant, je suis très bien à Sud, j’ai élargi aussi mon champ de compétences puisque je suis passé responsable des sports donc, c’est aussi une autre mission. Aujourd’hui je ne fais pas que du rugby, j’ai aussi l’opportunité de traiter les autres sports. Après, la télé, je ne dis pas « plus jamais » parce que je n’en sais rien mais voilà, aujourd’hui je suis bien en radio et quand on vieillit, c’est bien la radio (rires).

 

Propos recueillis par Antoine Rogissard